FOCUS – Les “gilets jaunes” grenoblois, qui ne peuvent se joindre aux actions menées en périphérie de l’agglomération, ont décidé de s’organiser pour prendre leur part au mouvement. Ils ont ainsi organisé une assemblée générale ce mercredi 5 décembre sur le parvis de l’Hôtel de ville de Grenoble. L’occasion de décider des moyens de communication, des actions à mener et de la plateforme revendicative à défendre.
« Il ne s’agit pas d’une tentative de faire un groupe parallèle, de faire autre chose que les autres “gilets jaunes” qui mènent des actions un peu partout à Comboire, Voreppe, Vif ou ailleurs en Isère. » D’emblée, Michaël, l’un des porte-parole des “gilets jaunes” grenoblois a tenu à rassurer.
Ce dernier s’exprimait ce mercredi 5 décembre à 18 heures, devant une assemblée de près de 150 “gilets jaunes” et sympathisants regroupés sur le parvis de l’Hôtel de ville de Grenoble. Une assemblée générale très relayée sur le réseau social Facebook mais aussi par voie de tracts.
Objet de ce rendez-vous ? Structurer et organiser le mouvement sur l’agglomération grenobloise autrement que par Facebook sur lequel tout le monde n’est pas forcément connecté. Comment ? À travers des réunions plus ou moins régulières au cours desquelles tous, notamment ceux dépourvus de moyens de locomotion, pourraient plus facilement venir échanger et discuter.
Décider des actions à venir, de la communication et d’une plateforme revendicative
« Il y a plein de gens qui sont autant dans la m.… que nous , qui voudraient participer, qui sont piétons et ne peuvent pas se rendre sur les points de rassemblement situés à l’extérieur », explique Michaël à la petite foule pressée sur les marches de la mairie. Dans ses rangs, peu sont revêtus de la fameuse chasuble jaune emblématique du mouvement citoyen.
On reconnaît également, ici et là, certains des acteurs de Nuit debout mais aussi des syndicalistes, un élu, des associatifs ou encore d’autres personnes gravitant autour ou à l’intérieur de divers mouvements ou partis politiques.
Au programme de cette toute première AG ? Des ateliers destinés à décider des moyens d’actions et de communication en interne comme en externe, le tout s’appuyant sur une plateforme de revendications. Des ateliers à l’issue desquels tous les participants seront invités à voter à main levée sur des propositions élaborées collectivement.
Parmi les autres préoccupations des organisateurs, les éventuelles convergences avec les syndicats, notamment la CGT et Solidaires qui vient de déposer un préavis de grève illimitée. Mais aussi avec le mouvement lycéen en pleine effervescence.
Des préoccupations auxquelles vient s’ajouter la marche pour le climat qui doit se dérouler ce samedi 8 décembre. Ce alors même que les gilets jaunes ont décidé, eux, de mener une action sur la préfecture de l’Isère. Concrètement ? Essayer d’obtenir une entrevue avec le préfet, le représentant d’un pouvoir exécutif si fort décrié par le mouvement.
« Nous sommes un mouvement pacifiste et tenons à le rester ! »
En attendant que les différents groupes de discussion puissent soumettre leurs propositions sur les quatre thèmes précédemment définis en assemblée générale, des discussions naissent entre les participants. Bien sûr, il y est question des propositions gouvernementales censées calmer la colère des gilets jaunes. Mais pas seulement. L’occasion de tendre notre micro entre les groupes et de recueillir quelques réactions à chaud.
Les fruits des réflexions des groupes de travail ont ensuite été soumis aux votes. Les deux plus gros morceaux ? Les actions à mener et les revendications. Pour ce qui concerne les actions et notamment la journée du 8 décembre, cela s’avère un tantinet plus compliqué qu’il n’y paraît.
« La différence entre la marche pour le climat et nous, c’est que la marche est déclarée et nous nous ne le sommes pas. Nous allons néanmoins essayer de rejoindre la marche malgré le fait que les deux manifestations soient programmées à des heures différentes », prévient Jérôme, l’un des trois porte-parole du mouvement à Grenoble.
« Nous sommes un mouvement pacifique et tenons à le rester. Le but c’est de passer une belle journée tous ensemble », réaffirment les gilets jaunes. Tout en reconnaissant qu’ils « ne savent pas comment ils vont être reçus [par les forces de l’ordre, ndlr] ». Pour Jérôme, une chose est sûre : « nous sommes tous des citoyens qui galérons tous les mois », lance-t-il avec conviction devant l’assemblée.
La suppression des taxes plutôt que le moratoire annoncé par le gouvernement
Au nombre des autres actions envisagées par le groupe action, le blocage de la Banque de France et, éventuellement, de grands magasins. Mais également le soutien aux étudiants qui vont mener une nouvelle opération de restaurant gratuit ce lundi 10 décembre sur le campus ou encore rejoindre les mobilisations lycéennes de ce vendredi 7 décembre. Sans oublier le blocage de la CAF ou de Pôle Emploi ainsi que l’organisation d’une réunion pour préparer la grande journée d’action du 14 décembre.
Quant aux revendications que souhaitent porter les gilets jaunes grenoblois, leur large spectre les a conduit à les diviser en plusieurs pôles. En premier lieu « lutter contre l’injustice fiscale ». Notamment contre toutes les taxes, pénaliser l’évasion fiscale et la « suppression des taxes plutôt que le moratoire annoncé par le gouvernement ». En second lieu, leurs revendications portent sur l’accès au travail pour tous, la lutte contre le travail précaire et la hausse généralisée des salaires.
Pêle-mêle également, l’annulation de la loi El Khomri, le harcèlement et toutes les violences au travail, la sécurité de l’emploi, la nationalisation des multinationales et plus largement pouvoir vivre de son travail.
Enfin, le logement a été évoqué avec le droit à un toit décent pour tous, l’obligation de relogement pour les personnes mises à la rue tout autant que de la baisse des loyers. N’ont pu être traités, faute de temps, la révocation des élus, les référendums populaires, la prise en compte des votes blancs et le droit de vote aux résidents étrangers.
Joël Kermabon