FOCUS – L’incendie volontaire qui a détruit les locaux de la police municipale du Pont-de-Claix est-il fortuit ? Depuis septembre, les fonctionnaires de police alertaient le maire sur les conditions de leur déménagement du centre-ville vers de nouveaux locaux, pas suffisamment sécurisés selon eux, en contre-bas de la cité. Retour sur ce regain de violences dans cette petite commune de la banlieue de Grenoble.
Alors que l’enquête suit son cours après l’incendie qui a détruit dans la nuit du 5 au 6 novembre les locaux de la police municipale de Pont-de-Claix, le syndicat départemental des agents de collectivités de la CFDT monte au créneau. Pour lui, les alertes des fonctionnaires n’ont pas été suffisamment entendues.
Courant septembre, les cinq policiers municipaux du Pont-de-Claix quittaient leurs locaux du centre-ville, sur le cours Saint-André, pour dautres situés en contrebas de la cité, au rez-de-chaussée de l’ancien collège des Iles de Mars. Un déménagement qui n’enchantait guère les fonctionnaires de police.
Car si des efforts avaient été entrepris pour le confort, notamment sanitaire, des agents, si la salle d’armement avait été correctement sécurisée, toutes leurs revendications et alertes n’avaient, selon eux, pas été prises en compte. « La mise en place de caméras de surveillance avait été demandée à l’intérieur ou à l’extérieur du bâtiment, de même que des portes en métal », souligne Diéga Trupia, la déléguée CFDT. Syndicat qui, depuis septembre, accompagne les agents du Pont-de-Claix. « Les portes étaient en bois ! »
Des locaux pas suffisamment sécurisés pour les agents de police
Ces locaux n’étaient, à leurs yeux, pas suffisamment sécurisés, d’autant que le bâtiment avait été le théâtre d’un incendie un mois plus tôt. Un feu qui avait pris au premier étage de l’ancien collège sans que l’on puisse faire un lien entre les deux affaires. « Était-ce un premier avertissement ? Je n’en sais rien. Est-ce que la police municipale est une cible ? Elle est le miroir de la Ville. Là, ils se sont attaqués à la Ville. La mairie est à l’écoute mais pas assez. Il y a un déni et une méconnaissance de la petite délinquance. »
Depuis l’incendie, les policiers ont retrouvé leurs anciens locaux, avec du nouveau matériel, dans le centre-ville. Pour combien de temps ? Car ce local est destiné à être converti en maison médicale. Un projet prévu de longue date, dans un plan d’ensemble bien plus large.
« On avait proposé que le déménagement de la police municipale se fasse dans l’Hôtel de ville, souligne le maire du Pont-de-Claix Christophe Ferrari. Les agents ont proposé l’ancien collège. Sachant que, de notre côté, à terme, l’idée est d’y constituer une cité administrative où un certain nombre de services seront regroupés mais où d’autres activités sont aussi prévues, comme l’installation d’une startup d’agriculture urbaine. »
Si ce projet n’est pas remis en cause, la question d’y reloger la police municipale n’est pas tranchée. La municipalité attend d’y voir plus clair après les derniers évènements survenus sur la commune.
Depuis 2008, Le Pont-de-Claix a mis en place un observatoire de la délinquance, alimenté notamment par les statistiques de la gendarmerie. Bilan ? Depuis quatre ans, le phénomène est en baisse dans cette petite commune de la banlieue sud de Grenoble. Mais les derniers incendies inquiètent et interrogent.
Simple intimidation ? Depuis un mois, des condamnations, lourdes, ont été prononcées pour des faits survenus sur la commune. Un jeune, connu des services de police et domicilié dans le quartier des Iles de Mars, a ainsi été condamné à dix-huit mois de prison ferme pour avoir délibérément foncé début octobre sur des gendarmes qui faisaient leur footing.
Violences verbales et physiques se multiplient depuis plusieurs mois
En juin dernier, une dizaine de jeunes avaient été interpellés pour outrage à agent et caillassages sur des gendarmes. Des faits sur lesquels le procureur a requis trois mois ferme et dont le jugement devrait être rendu sous peu.
Depuis, la tension semble ne pas être retombée sur la commune. La nuit d’Halloween a d’ailleurs été particulièrement agitée au Pont-de-Claix, où onze voitures ont été brûlées. Sans compter les feux de poubelles, notamment dans le quartier des Iles de Mars. Une tension peu ordinaire pour Christophe Ferrari.
« Est-ce qu’il y a un lien avec la police municipale ? Est-ce l’installation de la police municipale dans l’ancien collège qui a motivé l’incendie ? Tant que l’enquête de la gendarmerie ne sera pas bouclée, il est difficile d’avancer quoi que ce soit. » En attendant, le maire du Pont-de-Claix a obtenu des renforts de gendarmerie. Gendarmerie qui avait été la cible d’un incendie à Grenoble en septembre 2017, puis à Meylan un mois plus tard.
Patricia Cerinsek