REPORTAGE VIDÉO – Au Pont-de-Claix, les habitants ont pu se débarrasser de leurs encombrants dans une déchèterie mobile et éphémère, le samedi 20 octobre. Organisée par la Métropole grenobloise, les communes et les bailleurs sociaux, l’opération a été répétée trois fois dans l’agglomération. Objectif ? Sensibiliser les habitants aux gestes éco-citoyens et tester ce nouveau dispositif en matière de traitement des déchets en vue d’une éventuelle acquisition par la Métropole.
« On constate qu’il y a encore beaucoup des dépôts sauvages de déchets en milieu urbain », expliquait Georges Oudjaoudi le vice-président de la Métropole, chargé de la prévention, de la collecte et la valorisation des déchets, le 20 octobre dernier. À partir de ce constat, la Métropole grenobloise a expérimenté la mise en œuvre de déchèteries mobiles de proximité.
« On teste ces nouveaux dispositifs qui permettent de collecter, sur un temps donné, les déchets que les habitants ont chez eux et dont ils ont du mal à se débarrasser », explique Christophe Ferrari, le président de la Métropole.
Trois journées de collecte et de sensibilisation ont ainsi été organisées dans l’agglomération : au Village olympique à Grenoble (6 octobre), au Pont-de-Claix (20 octobre) et au quartier des Essarts à Échirolles (24 octobre). Des opérations menées conjointement avec les communes concernées et les bailleurs sociaux Actis, Opac 38 et la SDH (Société dauphinoise pour l’habitat). Qui se veulent aussi conviviales et festives pour sensibiliser les habitants aux gestes éco-citoyens.
L’enjeu ? Expérimenter ce système de traitement des déchets auprès de la population. À long terme, les déchèteries de proximité permettraient de limiter le dépôt sauvage d’encombrants dans les villes. En effet, ces incivilités ont un impact très néfaste sur l’environnement, le cadre de vie, l’hygiène et la sécurité, et leur enlèvement coûte cher à la Métropole.
Un « bilan excellent » au Pont-de-Claix
Au Pont-de-Claix, un porte-à-porte a été effectué – en amont de cette opération – auprès de plus de 600 logements pour mobiliser la population. « On s’est rendu compte que cette déchèterie éphémère répondait vraiment à une attente des habitants », commente Joël Frattini, le responsable de territoire du bailleur social SDH.
Les habitants sont en effet venus nombreux pour déposer leurs détritus dans la déchèterie installée provisoirement dans le quartier Les Iles de Mars – Olympiades, le 20 octobre. Cette opération a aussi pu permettre aux personnes âgées ou à mobilité réduite de se débarrasser de leurs déchets au plus près de chez eux. L’association Lapase a d’ailleurs organisé un portage pour les aider à transporter leurs encombrants.
Retour en images sur l’expérience de déchèteries de proximité au Pont-de-Claix :
D’autres associations étaient mobilisées pour animer le quartier : des stands de jeu « écolo » pour les enfants, le Repair Café pour réparer les objets cassés des habitants, ou encore Alfa3A avec un atelier de récupération etc. Toujours avec la volonté de donner une « seconde vie aux objets ». « Le bilan de cette journée est excellent ! », se réjouit Georges Oudjaoudi.
Expérimenter une déchèterie mobile et tractable
Trois bennes de récupération étaient installées : l’une pour le mobilier en bois, l’autre pour les gros électroménagers et la dernière dédiée au tout-venant. Plus inédit, une déchèterie mobile et tractable permettait de récupérer les déchets dits « compliqués », tels que les petits électroménagers, les produits toxiques et chimiques, les piles, les ampoules, les peintures usagées etc. « Ce nouveau dispositif permet de se débarrasser de toutes les choses dont on ne sait jamais quoi faire », explique Christophe Ferrari.
Cette remorque de six mètres de long se déplie en l’espace de dix minutes sur un parking ou une place publique. Une fois pleine, elle est acheminée par des véhicules légers jusqu’aux déchèteries fixes et lieux appropriés, pour un traitement intelligent des déchets.
« Dans les quartiers, beaucoup de gens n’ont pas de voiture et ne peuvent pas se déplacer, c’est pourquoi ce système est très efficace », assure Aymar de Seroux, l’inventeur de ce procédé et dirigeant de la société Sepra Environnement. « La Ville de Paris a déjà acquis cinq déchèteries mobiles. Il en existe aussi à Montpellier, à Lille et dans les Dom-Tom », poursuit-il.
Un plan ambitieux en matière de déchets
Cette opération s’inscrit dans un plan plus ambitieux, puisque la Métro projette de réduire 50 % de ses déchets à l’horizon 2030. D’autres actions ont en effet été mises en place, notamment l’installation de bacs de compostage ou la mise à disposition de broyeurs de déchets verts dans les communes rurales. En somme, « plein d’expérimentations qui portent peu à peu leurs fruits », explique Christophe Ferrari.
Toutefois, il existe toujours des « carences dans les dispositifs si nous voulons atteindre notre objectif de moins 50 % de déchets », admet Georges Oudjaoudi.
« Bien que nous ayons mis en place beaucoup de mesures, l’efficacité du geste de tri n’est pas optimum dans certains quartiers. Nous n’avons pas encore toutes les solutions liées aux bons comportements des usagers, c’est pourquoi il est nécessaire de leur expliquer les gestes écologiques à adopter », précise Christophe Ferrari.
Les déchèteries mobiles n’ont donc pas vocation à remplacer les déchèteries fixes mais à combler cette « lacune » chez les personnes sans moyen de locomotion. L’objectif ? « Faire en sorte que le déchet devienne une ressource. Cette ressource nous devons la collecter, la capter pour faire en sorte que notre planète aille un peu mieux », estime Joël Frattini, le responsable territoire de la SDH.
Vers une éventuelle acquisition de la Métro
Reste à définir les modalités d’actions liées aux déchèteries de proximité. « Nous allons réfléchir à la forme, la fréquence, l’ampleur de ce genre d’événement et aux moyens qui y seront associés », complète Georges Oudjaoudi. L’idée est donc de trouver les « bons rythmes » pour faire intervenir ce genre de dispositif.
« On a constaté qu’il y a des périodes où les gens ont davantage de choses à évacuer. Les périodes de début et de fin d’année scolaire sont, par exemple, plus propices aux déménagements », conclut le vice-président.
À ce stade, la Métropole et ses partenaires cherchent ainsi à tester le rendement de cette action pour lutter contre les abandons sauvages de déchets.
Si cette expérience s’avère fructueuse, « la Métropole pérennisera ce dispositif ou achètera le matériel dédié », assure Christophe Ferrari.
Anaïs Mariotti