FIL INFO – Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron, 63 élus de Rhône-Alpes plaident en faveur du Lyon-Turin et de la coordination entre les différentes phases du chantier. Alors que la loi sur les mobilités doit, avant l’été, se pencher sur l’avenir des accès à la ligne ferroviaire, les élus, et derrière le Comité pour la Transalpine, proposent de diviser les coûts par deux.
Soixante-trois élus de Rhône-Alpes ont cosigné un courrier à Emmanuel Macron. Ils y interpellent le président de la République au sujet de la ligne ferroviaire Lyon-Turin dont l’avenir semble de plus en plus compromis.
Alors que le conseil d’orientation des infrastructures (COI) a préconisé, en février dernier, de reporter au-delà de 2038 les accès à la ligne et que le nouveau gouvernement italien s’interroge, les pro-Lyon-Turin montent à la charge. À l’initiative de la manœuvre ? Le Comité pour la Transalpine, promoteur du Lyon-Turin, et son président Jacques Gounon.
Si ces grands élus, députés, sénateurs et présidents d’exécutif, de droite comme de gauche mais sans les écologistes et les extrêmes, montent au créneau, c’est qu’il y a urgence.
La loi d’orientation des mobilités devrat être examinée par le parlement avant la fin de l’année*. Et dira donc si elle suit ou non les préconisations de la COI. Ce que réclament les élus de Rhône-Alpes ? La coordination des deux phases du chantier, tunnel d’un côté, accès à la ligne de l’autre. Le tunnel devant être mis en service en 2030, reporter les accès au-delà est jugé incohérent par les signataires.
Les élus et la Transalpine proposent de diviser le coût des accès à la ligne par… deux
« Fruit de plusieurs traités internationaux et d’engagements auprès de l’Union européenne, mais aussi de trente années de quasi-consensus politique à tous les étages du processus décisionnel, la liaison Lyon-Turin a été conçue comme un tout cohérent, composé du tunnel transfrontalier et des voies d’accès à l’ouvrage, soulignent les élus dans leur missive. C’est la réalisation coordonnée de l’ensemble des composantes du programme qui garantira sa pleine efficacité et toute sa pertinence, et par là même l’optimisation des importants investissements déjà engagés. »
D’autant que, d’après la Transalpine, il est tout à fait possible d’alléger la facture et de diviser par deux les 7,7 milliards d’euros du coût du chantier des accès à la ligne **. Comment ? « Grâce à un phasage plus sobre permettant, tout en restant dans le cadre de la DUP [déclaration d’utilité publique, ndlr] de 2013, valable quinze ans, de ne retenir que les infrastructures essentielles à l’exploitation du tunnel transfrontalier lors de sa mise en service ». Comme par exemple en repoussant les tunnels de Belledone et Glandon.
« Une telle démarche permettrait en outre d’élargir éligibilité des accès français aux financements européens », assurent les élus. Reste à convaincre Bruxelles. L’Union européenne, qui s’est engagée à financer à hauteur de 40 % le seul tunnel transfrontalier jusqu’en 2019, ne s’est pas encore prononcée pour la période 2021 – 2027.
Mais le délégué général du Comité pour la Transalpine reste serein sur ce point. « L’Europe n’a pas vraiment l’habitude de financer le début d’un chantier pour s’arrêter au milieu, souligne Stéphane Guggino. Le Lyon-Turin est un chantier stratégique et prioritaire pour l’Union européenne, comme l’a rappelé mardi officiellement le coordonnateur chargé par la Commission européenne du développement de l’axe de transport Lyon-Turin-Milan-Budapest, Laurens Jan Brinkhorst » ***.
PC
* La loi initialement prévue pour être examinée par le parlement avant l’été devrait plus sûrement être repoussée à la fin de l’année voire en début d’année prochaine. Article mis à jour le 24 mai 2018.
** Ces 7,7 milliards concernent les phases 1 et 2 des voies d’accès françaises, sans intégrer donc les phases 3 et 4 (7 milliards d’euros) laissées en option, ni le contournement ferroviaire de Lyon (un milliard) qui avec ou sans Lyon-Turin devrait voir le jour. Article mis à jour le 24 mai 2018.
*** Article complété le 24 mai 2018 avec cette précision du délégué général du Comité pour la Transalpine.