FIL INFO – Alors qu’un rapport recommande de différer la seconde phase du Lyon-Turin, les opposants contestent la validité de la déclaration d’utilité publique, préalable aux travaux du tunnel de base, signée en 2007 et prorogée en décembre dernier. Pour eux, le projet actuel est loin de l’initial.
Les opposants au projet du Lyon-Turin s’apprêtent à déposer de nouveaux recours. Ils contestent la validité de la déclaration d’utilité publique, préalable aux travaux du tunnel transfrontalier, signée en 2007 et prorogée en décembre dernier.
Cette prorogation avait été demandée par la société Tunnel euralpin Lyon Turin (Telt) chargée de la section transfrontalière, afin de poursuivre les acquisitions foncières jusqu’en 2022. Or, pour les opposants, le projet de 2006, qui a obtenu la déclaration d’utilité publique (DUP), ne correspond pas vraiment à l’actuel. Entre temps, le tunnel de base s’est allongé de 5 kilomètres, 33 km supplémentaires sont apparus dans Belledonne, ainsi qu’un double tube. Impossible donc, selon eux, de proroger la DUP sans passer par une nouvelle procédure de consultation publique.
S’ils se retrouvent en grande partie sur les motifs de leurs recours, les détracteurs du Lyon-Turin divergent sur la tactique. Vivre et agir en Maurienne entend ainsi saisir le Conseil d’État, alors que les Amis de la Terre vont de leur côté déposer un recours gracieux devant les signataires de la prorogation : Premier ministre, ministre de la Transition écologique et solidaire et ministre déléguée aux Transports.
Des prévisions de trafic surestimées
C’est la voie qu’a également choisie un troisième groupe, composé de particuliers et de petites associations, emmené par Daniel Ibanez. L’opposant historique au projet, qui avait saisi la Cada en septembre dernier pour obtenir la communication de l’engagement des crédits de l’Etat français, n’en finit pas de pointer les lacunes et vices de procédure.
« Les modes de financement doivent être présentés lors de l’enquête publique en 2006, au risque d’entacher la DUP. Or, le financement du Lyon-Turin n’est toujours pas identifié. Et puis, on sait aujourd’hui que l’enquête publique s’est basée sur des prévisions de trafic surestimées pour annoncer que l’existant serait saturé », souligne l’économiste.
« Leurs prévisions tablaient sur un trafic de 2,7 millions de poids lourds transitant par les tunnels routiers du Mont-Blanc et du Fréjus, plus un million de camions par le rail. Or, en 2017, ce sont 1,3 million de poids lourds* qui ont emprunté la route et 200 000 le rail ! Et ce n’est pas une surprise. Le conseil général des ponts et chaussées et l’Inspection générale des finances avaient déjà dit à l’époque que l’existant était suffisant. »
Alors que, dans son rapport, le Conseil d’orientation des infrastructures souligne que « les caractéristiques socio-économiques (des accès ferroviaires au Lyon-Turin, ndlr) apparaissent à ce stade clairement défavorables », le tunnel de base, lui, continue d’avancer. Les contrats de maîtrise d’œuvre, pour un montant de 90 millions d’euros, viennent d’être attribués.
PC
* 550 000 poids lourds pour le tunnel du Mont-Blanc et 740 000 pour le tunnel du Fréjus.