FOCUS – À l’occasion du cinquantième anniversaire des Jeux olympiques de 1968, la Ville de Grenoble organise une commémoration d’envergure. Le mois de février et ceux qui suivent seront donc placés sous le thème du sport et de la culture à travers toute une série d’animations, de spectacles et d’expositions dans l’optique de fédérer les Grenoblois autour de cet épisode historique.
Eric Piolle présentant la commémoration du cinquantième anniversaire des JO en février prochain, le 18 janvier 2018. © Anaïs Mariotti – Place Gre’net
En février 1968, le monde entier avait les yeux rivés sur la capitale des Alpes qui accueillait alors les dixièmes Jeux olympiques d’hiver.
Pour commémorer son 50e anniversaire, la Ville de Grenoble compte bien rallumer la flamme olympique et « marquer la puissance symbolique de ces jeux » à travers une programmation « riche, variée et prestigieuse », promet Eric Piolle.
« Pour célébrer notre histoire commune et perpétuer l’esprit olympique », la Ville et ses nombreux partenaires ont donc déployé d’importants moyens pendant deux ans afin de proposer en février une multitude d’activités sportives et culturelles à la gloire des JO de 1968.
Et pour cause, les Jeux olympiques ont donné à la ville une renommée internationale : « Pendant dix jours, Grenoble est devenue la capitale du Monde », assure Eric Piolle. Tandis que l’artiste Yoann Bourgeois, qui va participer aux commémorations, estime pour sa part que « c’était un événement hors du commun, capable de fédérer les peuples et les nations autour des valeurs olympiques ».
Des événements gratuits pour rester dans l’esprit populaire
Puisque que les JO restent très présents dans la mémoire des Grenoblois, ce cinquantième anniversaire entend fédérer toutes les générations dans un esprit convivial, festif et populaire. La Ville annonce ainsi une « programmation exceptionnelle », rythmée par des spectacles, des événements sportifs, des visites guidées, des projections, des expositions et des débats. « Pour rester dans l’esprit populaire des JO, ces événements seront gratuits », précise Eric Piolle. Un site web a d’ailleurs été spécialement créé pour l’occasion.
Cette célébration de grande ampleur est aussi l’occasion de promouvoir le territoire métropolitain, avec la volonté de « se réaffirmer pour devenir encore l’hôte d’événements nationaux ou internationaux », affirme Yannick Belle, vice-président de Grenoble-Alpes Métropole.
Le Palais des sports de Grenoble en pleine construction. Il a été inauguré le 12 octobre 1967. © AMMG
« Je proclame l’ouverture des dixièmes Jeux olympiques d’hiver de Grenoble », clamait le Général de Gaulle d’une voix chevrotante le 6 février 1968, au milieu de l’immense stade de 65 000 places spécialement édifié pour cette occasion.
Un demi-siècle plus tard, la commémoration vise aussi à souligner l’importance des JO en matière d’urbanisme. « Grenoble s’est métamorphosée pour les Jeux », rappelle ainsi le maire.
En quatre ans seulement, la ville est devenue un immense chantier et a vu fleurir bon nombre d’infrastructures emblématiques, à commencer par le Palais des glaces – devenu le Palais des sports – qui a accueilli les épreuves de patinage. D’autres monuments avant-gardistes ont été bâtis spécialement pour l’occasion, à savoir l’Hôtel de Ville, la MC2, l’Anneau olympique, le quartier de la gare ou encore le Village olympique.
Les JO grenoblois ont aussi révolutionné les pratiques des médias. En effet, la couverture médiatique devait être à la hauteur de cette manifestation internationale et des ambitions du Général de Gaulle. Pour la première fois, un événement sportif a ainsi été retransmis en direct et en couleurs à la télévision française. Des moyens colossaux ont par ailleurs été déployés, afin que le quartier Malherbe puisse servir de siège à l’ORTF pour 120 heures de retransmission en direct.
Une grande course lumineuse
Le 6 février 1968, le patineur artistique Alain Calmat gravissait en courant les 96 marches de la tour du stade pour allumer la flamme olympique, sous le regard attentif de 60 000 personnes. Invité à cette commémoration, le septuagénaire témoigne de ce « souvenir fort » avec nostalgie et émotion.
L’ancien patineur Alain Calmat avec Franck Corrihons en charge de la préparation du 50e anniversaire des Jeux olympiques pour la mairie de Grenoble. © Anaïs Mariotti – Place Gre’net
Le 6 février 2018, la Ville de Grenoble et ses partenaires tiennent donc à marquer le coup à travers un événement symbolique : une grande course lumineuse, ouverte à tous, s’étendra sur cinq kilomètres au départ de la MC2. Elle longera les lieux emblématiques des JO pour se terminer au parc Paul Mistral, où se déroulera un spectacle chorégraphique et pyrotechnique. L’acrobate Yoann Bourgeois y réalisera notamment une prestation “poétique” défiant les lois de la gravité.
Premiers JO de la jeunesse
En raison de sa symbolique, le Palais des sports sera au cœur de cette célébration et rythmera les festivités. Il accueillera ainsi les premiers Jeux olympiques d’hiver en milieu scolaire, du 6 au 9 février. Des jeunes venant de vingt nations du monde entier viendront s’affronter lors des épreuves de patinage, free style, ski alpin, ski de fonds, hockey, snowboard etc.
« Les JO de la jeunesse se dérouleront pour la première fois à Grenoble et ouvriront le bal de cette manifestation amenée à se renouveler à l’échelle nationale et internationale », expliquent les organisateurs.
Ce bâtiment accueillera ensuite une patinoire éphémère de 800 m², du 10 au 25 février. Dans une ambiance fidèle à l’époque, baby-foots, flippers et autres animations seront installés pour le transformer en véritable “QG”. Sans oublier, tous les soirs, des concerts dans l’esprit des années 1960.
Le photographe Bernard Meric présentant son exposition « Ils ont fait les Jeux » © Séverine Cattiaux. Place Gre’net
Le photographe Bernard Meric a, lui, choisi de valoriser les « héros anonymes » des JO à travers une exposition intitulée « Ils ont fait les Jeux ». Il est ainsi parti à la rencontre des ouvriers, des hôtesses et des citoyens qui ont contribué à faire de Grenoble une ville olympique en seulement quatre ans.
Le Musée dauphinois accueillera pour sa part une exposition intitulée « Grenoble 1968, les Jeux olympiques qui ont changé l’Isère » jusqu’en janvier 2019. Enfin, un collectionneur passionné exposera 150 « objets olympiques » à l’Hôtel de Ville.
Anaïs Mariotti