Actualité

Artiste Luc Quinton dans son atelier. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

« À colle et à cri » : l’ar­tiste gre­no­blois Luc Quinton expose ses col­lages au Karkadé

« À colle et à cri » : l’ar­tiste gre­no­blois Luc Quinton expose ses col­lages au Karkadé

FOCUS – Le res­tau­rant caba­ret égyp­tien Le Karkadé accueille l’ex­po­si­tion de l’ar­tiste Luc Quinton « À colle et à cri » du 20 jan­vier au 28 février 2018. L’occasion pour ce der­nier de faire « un retour dans le temps » sur vingt ans de créa­tion et de faire (ré)découvrir au public ses col­lages poé­tiques et poli­tiques. Rencontre.

Artiste Luc Quinton dans son atelier. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

© Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Des tôles rouillées, des mor­ceaux de bois, des images pré­dé­cou­pées, des livres de Jacques Prévert alignés…

L’atelier d’ar­tiste de Luc Quinton res­semble à un coffre rem­pli de tré­sors tel une caverne d’Ali Baba !

Et la rue Génissieu, où se trouve son ate­lier, prend des airs de vieilles ruelles de Montmartre.

Luc Quinton, ciseaux dans les mains, pré­pare des élé­ments pour une nou­velle œuvre, pen­dant que son chat Pito – l’ar­tiste est un grand adepte de jeux de mots ! – tra­verse déli­ca­te­ment la pièce rem­plie de collages.

Vingt ans de créa­tion « à colle et à cri »

Ces col­lages, Luc Quinton, artiste et citoyen engagé, en expose plu­sieurs au res­tau­rant caba­ret égyp­tien Le Karkadé jus­qu’au 28 février 2018. Une expo­si­tion qui fera l’ob­jet d’un ver­nis­sage « fes­tif et sur­prise » mardi 23 jan­vier avec la par­ti­ci­pa­tion d’autres artistes, comme la poète Katia Bouchoueva ou la cho­rale La Solorma, pour « des moments de par­tage et de ren­contres ».

Cette expo­si­tion serait-elle un résumé de vingt ans de par­cours artis­tique ? Plutôt « un retour dans le temps sur le tra­vail réa­lisé » et sur l’é­vo­lu­tion de sa pra­tique. Créées sim­ple­ment avec des ciseaux, de la colle et du papier à ses débuts, ses réa­li­sa­tions ont pro­gres­si­ve­ment pris du relief. À pré­sent, l’ar­tiste tra­vaille notam­ment avec des maté­riaux de récupération.

Artiste Luc Quinton dans son atelier. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

© Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

« Je reste très manuel, pré­cise Luc Quinton. Ma pra­tique est tou­jours liée à la paire de ciseaux, au bâton de colle et au scal­pel. » Quid des outils numé­riques que s’ap­pro­prient de plus en plus les artistes ? « L’informatique ne m’attire pas par­ti­cu­liè­re­ment car, à mon avis, cela enlève de la poé­sie dans la pra­tique », estime-t-il.

« Ma façon de faire de la poli­tique a été le collage »

Droits de l’Homme, faim dans le monde, migrants, femmes bat­tues… Les sujets choi­sis par Luc Quinton, qui se défi­nit en tant que « plas­ti­cien – col­leur d’his­toires », rejoignent ses enga­ge­ments citoyens et poli­tiques. Mais pas seulement.

« Le col­lage m’a per­mis d’avancer, de me faire gran­dir, confie-t-il. Par exemple, si je n’a­vais pas réa­lisé des col­lages sur les droits de l’Homme, peut-être aujourd’hui cela me pèse­rait-il. Et peut être ma vie serait-elle moins déten­due et moins agréable qu’elle ne l’est. Le fait d’avoir dit des choses par le col­lage m’a aidé à gran­dir et à être un citoyen qui prend part à la vie de la société. »

Artiste Luc Quinton dans son atelier. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

Luc Quinton dans son ate­lier. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Ce citoyen engagé et mili­tant avant tout trouve dans le col­lage les outils néces­saires pour « faire de la poli­tique sans faire de dis­cours » : « J’avais une période où j’étais mili­tant, je col­lais des affiches, dis­tri­buais des tracts, allais à des mee­tings. Petit à petit, de manière pro­gres­sive ma façon de faire de la poli­tique a été le collage. »

« Mettre le doigt là où ça fait mal »

Artiste engagé ? « Juste un artiste », cor­rige-t-il. « Pour moi, être un artiste c’est avoir les moyens, la richesse et le pou­voir de dire les choses. Je pense que les artistes sont des porte-parole, des gens qui viennent déran­ger, bous­cu­ler… Ils sont de fait engagés. »

Artiste Luc Quinton dans son atelier. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

© Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Bien que ses col­lages évoquent des sujets d’ac­tua­lité, Luc Quinton ne veut pas « don­ner des leçons », mais « mettre le doigt là où ça fait mal ». « Dans des col­lages que j’ai pu faire sur les sujets comme la guerre, il y a des images qu’on voit tous les jours à la télé, dans les maga­zines. On finit même par ne plus les voir. Je joue donc un peu la pro­vo­ca­tion en asso­ciant des images ou des élé­ments qui a priori n’ont aucune rai­son de se ren­con­trer. C’est un moyen de dire “Regardez, il se passe ça dans le monde et ça me fait mal.” Et j’ai besoin de le dire. »

Artiste Luc Quinton dans son atelier. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

© Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Confronté à une « réa­lité de plus en plus vio­lente », l’ar­tiste a fini par avoir du mal « à dire l’hor­reur à tra­vers des col­lages ». D’où son orien­ta­tion pro­gres­sive vers d’autres sujets :

« De manière natu­relle et incons­ciente, je suis parti davan­tage sur des col­lages poé­tiques qui ne por­taient pas de mes­sage ou d’ex­pres­sion d’une hor­reur quel­conque. J’ai voulu par­ta­ger des choses plus jolies que la réa­lité de ce monde. »

Son nou­veau pro­jet porte sur l’u­ni­vers de Jacques Prévert, poète mais aussi… créa­teur de col­lages. « J’ai l’ha­bi­tude de dire que j’ai appris à lire avec Jacques Prévert. Il est pour moi presque un phare, un repère. Il a mar­qué, d’une cer­taine façon, ma manière de fonc­tion­ner, de créer. Il était capable de dire des choses vraies sur la guerre, sur la manière de trai­ter les enfants avec de la poé­sie. Cela m’a mar­qué et cela oriente ma manière de pro­cé­der, de vou­loir dire les choses dures avec de la poésie. »

Yuliya Ruzhechka

Le col­lage, un moyen artis­tique source de liberté et… de contraintes

« Le col­lage est une forme d’écriture très par­ti­cu­lière. Quand on écrit un poème ou un roman, il y a des règles que l’on est obligé de res­pec­ter. La struc­tu­ra­tion existe et on doit tenir compte d’un cer­tain nombre d’éléments », explique Luc Quinton. De ce point de vue, le col­lage est pour lui une vraie liberté.

Artiste Luc Quinton dans son atelier. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

© Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

« J’ai fait un col­lage avec un toua­reg qui tirait un dro­ma­daire… sur la banquise.

Le col­lage per­met d’accepter l’inacceptable, l’impossible, l’improbable. Il per­met d’être libre, même si c’est très contrai­gnant car on peut pas­ser des semaines à cher­cher un élé­ment qui cor­res­pond à l’i­mage que l’on veut créer. »

YR

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Le Hero Festival de retour à Grenoble les 11 et 12 mai avec Holly Marie Combs en invitée d'honneur
Le Hero Festival de retour à Grenoble les 11 et 12 mai avec Holly Marie Combs en invi­tée d’honneur

ÉVÉNEMENT - Le Hero Festival annonce son retour à Grenoble pour une sixième édition toujours placée sous le signe des imaginaires pop et geek. Au Lire plus

Joan Miró, Bleu II, 4 mars 1961 © Succession Miró / ADAGP, Paris 2024 © Collection Centre Pompidou, Musée national d’art moderne - Crédit photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-GP
“Miró, un bra­sier de signes” : 130 chefs‑d’œuvre du peintre cata­lan, dont le trip­tyque des Bleu, expo­sés au musée de Grenoble

FOCUS - L'artiste catalan Joan Miró est à l’honneur au musée de Grenoble du 20 avril au 21 juillet 2024 avec une grande exposition temporaire Lire plus

Le Club alpin français Grenoble-Isère fête ses 150 ans... et celui de Grenoble-Oisans ses 30 ans
Le Club alpin fran­çais Grenoble-Isère fête ses 150 ans… et celui de Grenoble-Oisans ses 30 ans

FLASH INFO - Le Club alpin français (Caf) Grenoble-Isère fête ses 150 ans en 2024. Un anniversaire qui coïncide avec les 30 ans du Caf Lire plus

Le festival de cirque Courts-CIRCuits revient pour une 5e édition à Seyssinet-Pariset du mardi 16 au dimanche 28 avril 2024. Présenté par l’école de cirque grenobloise, Vit’amin, il aura lieu dans un chapiteau dans le parc Lesdiguières. ©FB Vit'anim
Seyssinet-Pariset : le fes­ti­val de cirque Courts-Circuits lance sa 5e édition

ÉVÉNEMENT - Le festival de cirque Courts-Circuits revient pour une 5e édition à Seyssinet-Pariset du mardi 16 au dimanche 28 avril 2024. Présenté par l’école Lire plus

Domène : l’élu RN Quentin Feres s’op­pose à une lec­ture théâ­trale, qua­li­fiée de « pro­mo­tion du wokisme », à la médiathèque

EN BREF - Le conseiller municipal Rassemblement national de Domène Quentin Feres, membre de la majorité, s'oppose à l'organisation d'une lecture théâtrale du livre La Lire plus

Action symbolique de la CGT Spectacle devant la vsque Olympique de l'allée des Justes du parc Paul-Mistral à Grenoble. © Joël Kermabon - Place Gre'net
Grenoble : action sym­bo­lique de mili­tants de la CGT Spectacle en lutte contre « l’aus­té­rité cultu­relle »

FOCUS - Quelques militants de la CGT Spectacle en lutte contre « l'austérité culturelle » ont organisé une brève action symbolique devant la vasque olympique Lire plus

Flash Info

|

24/04

18h58

|

|

24/04

11h01

|

|

21/04

20h48

|

|

21/04

18h12

|

|

19/04

20h52

|

|

19/04

20h24

|

|

18/04

17h28

|

|

17/04

23h47

|

|

17/04

15h53

|

|

17/04

12h58

|

Les plus lus

Société| Après Un Bon Début, le gre­no­blois Antoine Gentil pré­sente sa méthode édu­ca­tive « star­ter » avec son livre Classe réparatoire

Société| Grenoble, sixième ville « où il fait bon vivre avec son chien », selon 30 mil­lions d’amis

Économie| Le salon Mountain Planet de retour à Alpexpo Grenoble, avec la visite de la ministre Dominique Faure

Agenda

Je partage !