FOCUS – La cuvette grenobloise a sa nouvelle cuvée. Soit une compilation de jeunes – et moins jeunes – talents issus de la scène musicale iséroise, sélectionnés par un jury d’acteurs culturels locaux sous la houlette de l’association Retour de scène – Dynamusic. Le point sur cette édition 2018.
Le dix-septième volume de la Cuvée grenobloise sera accessible dès le 31 janvier dans différents points de vente de l’agglomération. Pour les nouveaux habitants de l’agglomération grenobloise, rappelons qu’il s’agit là d’une compilation regroupant une dizaine de talents locaux évoluant dans la sphère des musiques actuelles.
En charge de ce dispositif de valorisation des musiciens locaux depuis quatre ans, l’association Retour de scène – Dynamusic a fait évoluer le projet cette année. Tour d’horizon des nouveautés de cette édition 2018 – à découvrir en ligne – en compagnie de Pascal Souvignet, coordinateur de la Cuvée grenobloise.
Des critères de candidature renforcés
Pour faire partie de la Cuvée, il fallait candidater. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil 2018. À ceci près que cette année, le dossier à réaliser par les artistes était un poil plus étoffé. « Avant, le jury se prononçait sur une écoute des groupes à l’aveugle. Maintenant, il se penche sur le projet décrit, sur les motivations, la cohérence de l’ensemble », explique Pascal Souvignet, qui nous rassure tout de même : « La qualité esthétique reste bien sûr le critère premier. »
Pourquoi mesurer ainsi les capacités des groupes à se professionnaliser ? « En plus de valoriser la scène locale, la cuvée a aussi vocation à encadrer et accompagner le projet professionnel des artistes sélectionnés. Depuis l’année dernière, on choisit trois groupes au sein de la sélection pour les aider davantage sur différents volets de leur projet, en fonction de leurs besoins : communication, diffusion, répétition… »
L’année dernière, par exemple, le groupe Ma Pauvre Lucette, qui jouit d’une renommée toujours grandissante, a bénéficié de cet accompagnement accru. Pour cette cuvée 2018, le choix n’est pas encore arrêté. « Les besoins des artistes entrent en jeu ici. Si on prend un groupe comme Pelouse, le chanteur Xavier Machault est artiste associé du Château rouge, à Annemasse. Quintana, dans le même ordre d’idée, a déjà une belle carrière et connaît très bien le milieu musical… On privilégiera donc d’autres artistes, davantage en demande. »
Une cuvée « plus introspective que festive »
Musique électro, dub, surf music, pop, rock, chanson… Les quatorze artistes sélectionnés sur les 85 dossiers de candidature balaient un spectre d’esthétiques musicales assez large. Cet éclectisme est-il volontaire de la part du jury, composé de programmateurs, de passionnés, d’artistes et d’acteurs des musiques actuelles ? « Non, pas vraiment. C’est vraiment la qualité artistique du projet qui nous guide. Mais c’est vrai que l’éclectisme vient aussi des goûts musicaux divers des membres du jury », admet Pascal.
À quel point les débats peuvent-ils être animés ? « À l’image des membres du jury, les débats sont parfois passionnés. Quelques groupes ont tout de même fait l’unanimité comme Just Talk – avec sa musique folk de qualité, son chant propre et juste –, Arash Sarkechik – dont le projet solo était assez attendu – et Sumac Dub, pour leur énergie en live. »
Est-ce que les esthétiques musicales de cette cuvée sont représentatives des courants musicaux les plus plébiscités au niveau national ? « Le fil rouge qui se détache de cette cuvée, c’est peut-être son côté assez pop, très présent au niveau national. De ce point de vue, les groupes Spaarks et La marine sont assez représentatifs de ce qui se fait nationalement en pop-électro.
On voit aussi qu’il y a beaucoup de groupes qui s’expriment en anglais sur la cuvée. Mais ce qui ressort également de cette sélection, c’est qu’elle est davantage du côté de l’introspection que du festif. Ça tient plus, pour le coup, au hasard des candidatures. Cet album demande une écoute assez attentive, les propos sont assez denses. »
Un propos bien secondé d’ailleurs par le livre qui accompagne désormais l’album. On y trouve de courtes biographies et interviews qui permettent d’en savoir davantage sur les artistes qui composent cette très agréable cuvée 2018.
Adèle Duminy