Après la mobilisation du personnel et des étudiants contre le plan de reconversion des bibliothèques de composantes sur le campus de Saint-Martin‑d’Hères, Lise Dumasy prend la parole. La présidente de l’Université Grenoble-Alpes vient en effet d’adresser un courrier aux directeurs des unités de formation et de recherche (UFR) concernées. Elle entend ainsi les rassurer sur l’avenir des bibliothèques, tout en réaffirmant les enjeux principaux de cette « réforme » de l’offre documentaire.
« Il n’y aura pas de fermeture de bibliothèques » sur le domaine universitaire de Saint-Martin‑d’Hères. C’est ce qu’a affirmé Lise Dumasy, présidente de l’UGA, dans un courrier envoyé vendredi 27 octobre au directeur de l’unité de formation et de recherche des Arts et sciences humaines (ARSH).
Depuis quelques semaines, un collectif d’étudiants issus de cette UFR a en effet pris la tête d’un mouvement de contestation. Avec un objectif : s’opposer à la nouvelle politique documentaire que la direction de l’Université Grenoble-Alpes compte mettre en place à partir du printemps 2018.
S’inscrivant « dans un contexte budgétaire contraint », ce plan a pour ambition « d’organiser l’évolution des bibliothèques associées dans un objectif d’optimisation du réseau documentaire », rappelle Lise Dumasy.
Qui précise : « En aucun cas, il ne s’agit de faire disparaître les livres imprimés de quelque manière que ce soit. Au contraire, l’axe majeur de notre politique documentaire est de permettre de poursuivre, au sein de l’UGA, le développement des collections imprimées, aux côtés des collections numériques. »
Les emplois « seront globalement préservés », assure Lise Dumasy
Au total, cinq des composantes verront, dans les années à venir, leurs bibliothèques se transformer en espaces numériques de travail. À savoir, en plus de l’ARSH, l’UFR Langues étrangères (LE) et celle de Langage, lettres, arts du spectacle, information et communication (Llasic). Ou encore, l’Institut d’administration des entreprises (IAE) et la Faculté d’économie de Grenoble (FEG).
Souhaitant créer une dynamique de « travail collectif », en concertation avec les personnels et les enseignants-chercheurs, la direction envisage d’ailleurs de « [s’] appuyer notamment sur une enquête sur les usages dont le projet de protocole est en cours de finalisation », annonce Lise Dumasy dans une lettre adressée, cette fois-ci, aux directeurs des unités de formation et de recherche concernées.
« Toutes celles et ceux qui le souhaitent, poursuit-elle, continueront d’exercer ce métier, dans une des structures documentaires de l’UGA, en BU [bibliothèque universitaire, ndlr] centrale ou en espace de proximité. De même, […] les emplois étudiants seront globalement préservés au sein de l’université. »
Vers « le libre accès aux ressources numériques » ?
Non satisfait par ces explications, le collectif d’étudiants en lutte pour le maintien des bibliothèques de composantes a, à son tour, choisi de s’exprimer par le biais d’un courrier. L’occasion, pour ce dernier, de proposer des pistes alternatives afin de faire face au déficit budgétaire, tout en conservant les ressources papier.
Par exemple ? La résiliation de l’abonnement numérique avec la société d’édition de revues scientifiques Elsevier, dont le coût est estimé à 800 000 euros en 2018. Ou encore, la recherche « d’autres solutions qui favorisent le libre accès aux ressources numériques nécessaires au travail scientifique ».
Quant à l’étude sur les usages évoquée par la présidente de l’UGA, le collectif ne cache pas son scepticisme. Après une pétition lancée par l’intersyndicale du personnel en printemps 2017 et la récente mobilisation portée par les étudiants, « les usagères et usagers ne se sont-ils pas d’ores et déjà prononcé(e)s contre ce projet de transformation de leur outil de travail ? », interroge-t-il. Une question qui, pour l’heure, reste en suspens.
Giovanna Crippa, correspondante à Saint-Martin-d’Hères