Une exposition temporaire, place de Verdun à Grenoble, entend « en finir avec le contrôle au faciès ». Mais ce sont les policiers qui se sentent victime du délit de “sale gueule”. Et réclament, sur fond de polémique et de manifestation, le retrait des panneaux déjà bien endommagés.
« La peur du contrôle », « Une pratique fantôme », « L’étincelle près de la poudrière », « Quand le contrôle conduit au délit »… Tels sont quelques uns des messages véhiculés par les panneaux de l’exposition temporaire “En finir avec le contrôle au faciès”, présentée place de Verdun par les Conseils citoyens indépendants de la Ville de Grenoble. Et, sans surprise, les policiers n’ont pas apprécié l’initiative.
Les contrôles au faciès, une « étincelle près de la poudrière » ? © Florent Mathieu – Place Gre’net
Censée se tenir du 7 octobre au 26 novembre 2017, l’exposition entend dénoncer la pratique du contrôle au faciès, en montrer les limites et les incohérences, voire les dangers qu’elle représente. Ses différents panneaux représentent des portraits accompagnées de témoignages, ou quelquefois des textes à caractère informatif, et militants.
Une nouvelle polémique, après la fresque de 2016
« Nous, on ne fait pas de discriminations. Les contrôles sont réglementés, on estime que la Police fait bien son travail », déclarait en réaction Philippe Lepagnol du syndicat Alliance police nationale, au micro de nos confrères de France 3.
Le syndicat a organisé une manifestation de protestation contre l’exposition, réunissant une vingtaine de policiers place de Verdun le vendredi 20 octobre.
L’affaire est d’autant plus sensible qu’elle rappelle celle de la fresque du mois de juillet 2016, “L’État matraquant la Liberté”, représentant une Marianne à terre molestée par deux CRS. Une œuvre exposée dans le cadre du Grenoble Street Art Fest, qui n’avait pas manqué de soulever l’indignation de nombre de policiers, comme de politiques.
Une exposition mal en point
Aujourd’hui, le syndicat Alliance police nationale demande le retrait de l’exposition, mais celle-ci est déjà mal en point. De toute évidence, le papier utilisé sur les panneaux a mal vécu les averses des derniers jours, et commence dangereusement à se friper. Sans compter des actes de vandalisme d’ores et déjà visibles sur nombre d’entre-eux.
Tentatives d’arracher les affiches, panneaux à terre, tags obscènes… Difficile de savoir si les dégradations sont commises par des opposants à l’exposition ou de simples imbéciles au tempérament artistique teinté de freudisme. Voire même de militants anti-policiers. Une affiche « Stop à la haine anti-flics » du syndicat Alliance est en effet à terre et piétinée, et le panneau sur lequel elle avait été posée mal en point. L’exposition survivra-t-elle jusqu’au 26 novembre ?