FOCUS – Il y a quatre mois, il avait tenu des propos envers les Roms jugés inacceptables par l’ensemble de l’échiquier politique, à l’exception des nationalistes. Mardi 26 juin, le conseiller municipal de Fontaine Franck Sinisi a été expulsé du conseil municipal. Alors que le procureur de la République de Grenoble a été saisi du dossier, les mouvements d’extrême gauche, qui réclament la démission de l’élu fontainois, appellent à une marche jeudi…
Le conseiller municipal d’extrême droite Franck Sinisi a été évacué par les forces de l’ordre de la salle du conseil municipal de Fontaine, ce lundi 26 juin. Le maire Jean-Paul Trovéro (PCF) a dû suspendre la séance suite à une action des militants anti-fascistes venus en nombre réclamer la démission de l’élu.
De fait, une vive tension régnait, alors que quelques sympathisants du mouvement d’extrême droite Civitas – emmenés par Alexandre Gabriac, l’ex-leader des Jeunesses nationalistes – avaient fait le déplacement pour soutenir l’élu.
Depuis le 27 février 2017, le ton monte à Fontaine. Ce jour-là, l’élu, alors encore membre des comités Jeanne de Jean-Marie Le Pen, avait lors d’une séance du conseil municipal suggéré de récupérer les dents en or des Roms afin de financer leurs logements. Des propos jugés inacceptables qu’avaient condamnés dans une déclaration commune les trois groupes municipaux (majorité communiste, oppositions socialiste et droite républicaine). Lesquels réclamaient des excuses… qui ne sont jamais venues.
« L’exclusion d’un élu n’est pas du ressort de l’opposition ! »
La situation est loin de s’être apaisée. « Le climat est malsain, on est en train de déborder des deux côtés, souligne Franck Longo, chef de file de l’opposition de droite. Le dossier est entre les mains de la justice. L’exclusion d’un élu n’est pas du ressort du maire et encore moins de l’opposition ! »
Le procureur de la République de Grenoble a bien été saisi et le préfet alerté. Mais en attendant, le conseiller municipal continue de siéger au sein de l’assemblée. Toujours élu, mais bientôt plus frontiste. Après avoir écopé d’un rappel à l’ordre, Franck Sinisi est sur le point d’être exclu* du parti de Marine Le Pen, suite à ses propos tenus il y a quatre mois.
« Franck Sinisi flirte avec les limites »
Depuis, c’est Civitas qui vole à son secours. Pour le mouvement d’extrême droite, Franck Sinisi serait devenu « la cible de menaces de l’extrême gauche ». Dans un communiqué, Civitas dénonce la « passivité de la mairie communiste à qui revient la charge d’assumer la tranquillité des débats », ainsi que des « méthodes staliniennes ».
Jean-Paul Trovéro, lui, ne sait comment se défaire d’un élu qui a poussé le bouchon très loin. « Franck Sinisi flirte avec les limites, souligne le maire. Il est en train de se radicaliser et repart dans des déclarations sulfureuses. Je ne peux pas avoir tous les lundis le carnaval d’hier soir ! »
Seule une décision de justice pourrait obliger l’élu frontiste à démissionner. En attendant, le conflit se durcit. « Au-delà des positions du FN déjà largement condamnables, il y a des mouvements identitaires dangereux pour notre démocratie, comme Civitas », souligne sur son compte Facebook Laurent Thoviste, chef de file de l’opposition socialiste. « Entre les gros bras de Civitas et les antifas, on n’est passé pas loin hier soir [lundi soir, ndlr] d’une bagarre généralisée. »
Et la pression ne semble pas près de retomber. Jeudi 29 juin, un large collectif** lancé à l’initiative de La Patate chaude et de l’Assemblée des mal-logé(e)s appelle à 18 heures à une marche au départ de l’ex-camp Valmy – où une agression a eu lieu le 20 mai – jusque vers la salle Elsa Triolet, à Saint-Martin‑d’Hères. À l’endroit même où Civitas avait, le 20 mai, tenu une réunion publique pour les législatives…
Patricia Cerinsek
- * La procédure d’expulsion était en cours et pas encore effective ce mercredi 28 juin.
** Comprenant notamment Ras l’Front Isère, Attac, NPA, Ensemble!, Droit au logement, la Ligue des droits de l’Homme, des militants de France insoumise, Nuit debout, le collectif antifa, la chorale Les Barricades, la coordination des intermittents et précaires de l’Isère, le Centre d’information inter-peuples, la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, le Parti pirate, le Mouvement pour la paix, osez le féminisme et le Comité pour l’annulation des dettes illégitimes.