FOCUS – Geneviève Fioraso, députée PS sortante sur la 1re circonscription, ancienne ministre du gouvernement Ayrault, apporte son soutien à Émilie Chalas sur la troisième circonscription, révèle ce mercredi 31 mai notre confrère du Dauphiné libéré. Un soutien pour le moins audacieux puisque la candidate de La République en marche (LREM) fait face sur cette circonscription à Michel Destot, dont Geneviève Fioraso a longtemps été très proche.
L’annonce a fait l’effet d’une petite bombe dans le microcosme du PS isérois. Geneviève Fioraso soutient la jeune candidate LREM Emilie Chalas sur la troisième circonscription… et non, comme on aurait pu le penser, le député sortant Michel Destot, qui brigue un septième mandat.
De quoi ajouter encore à la confusion à gauche, caractéristique de ces élections législatives, et déboussoler un peu plus l’électorat socialiste. Geneviève Fioraso a en effet été très proche de l’ancien maire de Grenoble durant de nombreuses années. Plus de trente ans en réalité… Elle a notamment participé en 1985 à la campagne des cantonales aux côtés de Michel Destot, puis fait partie de 1989 à 1995, de l’équipe de direction de Corys, start-up essaimée du CEA créée et dirigée par Michel Destot.
Élu maire de Grenoble en 1995, ce dernier l’avait alors sollicitée pour être sa directrice de cabinet. Devenue adjointe à l’économie, à l’innovation, au commerce et à l’artisanat, elle a ensuite été, de 2008 à 2012, adjointe chargée de l’université, de la recherche, de l’économie et des relations internationales de la ville de Grenoble. Avant de devenir ministre du gouvernement Ayrault. Une promotion quelque peu vécue comme une trahison par Michel Destot qui avait vu le poste lui passer sous le nez.
Il s’agit donc d’un nouveau coup dur donc pour l’ancien maire de Grenoble et, par capillarité, la fédération du PS de l’Isère et les sympathisants socialistes, après les soutiens affirmés de Benoît Hamon et de Christiane Taubira au mouvement Ensemble pour gagner.
« Je suis pour le passage de relais à la jeune génération »
« Je soutiens aujourd’hui la candidature d’Émilie Chalas en cohérence avec cette volonté de renouvellement, partagée par une majorité de Français, et le souhait de donner au président de la République et à son gouvernement les moyens de leur action, avec une majorité claire et rassemblée », a confié Geneviève Fioraso à nos confrères du Dauphiné libéré. Et d’ajouter : « Émilie Chalas, que j’ai rencontrée, est enthousiaste, sincère, engagée dans l’action publique territoriale depuis dix ans. Elle incarne un élan qui redonne déjà apaisement et espoir à notre pays. »
Parole libérée ? Sans aucun doute. Depuis que Geneviève Fioraso a fait part de son souhait de ne pas se représenter sur la première circonscription et de son soutien assumé à Olivier Véran, candidat LREM sur celle-ci, elle semble prendre quelques distances avec le PS. Parti qu’elle souhaiterait peut-être plus réformiste.
Pour autant, l’ancienne ministre se défend d’avoir voulu nuire à la candidature de Michel Destot et réaffirme ses convictions socialistes. « Ce n’est pas un geste contre Michel Destot, cela n’enlève rien à tout ce qu’il a pu accomplir. De plus, je reste socialiste. Mais je suis pour le passage de relais à la jeune génération », explique-t-elle dans le quotidien régional.
Jérôme Safar, toujours fidèle
Reste que, pour certains compagnons de route socialistes, la pilule est difficile à avaler. En particulier pour Jérôme Safar, 1er adjoint au maire de Michel Destot chargé des finances, de la sécurité et de la politique de la ville de 2008 à 2014, candidat malheureux à sa succession, aujourd’hui conseiller municipal et président du groupe Rassemblement de gauche et de progrès.
« En ce qui me concerne, je pense qu’on ne pouvait pas trouver « meilleur symbole” pour illustrer trente années d’engagement qui partent en fumée. L’époque est à la transgression, au point que cette dernière devient la norme », s’attriste l’élu.
L’occasion pour ce dernier de graver dans le marbre sa loyauté envers Michel Destot. « Donc, pour suivre la transgression, j’en ferai une majeure : affirmer mon soutien à Michel Destot sans termes alambiqués », déclare Jérôme Safar.
Pour l’élu qui avoue ressentir une très grande tristesse, rien ne sera plus comme avant. Et celui-ci de préciser, sans en dire plus : « Viendra bientôt le temps des décisions qui s’imposent dans ce cloaque infernal qu’est devenu la gauche de notre pays et malheureusement le PS. »
Joël Kermabon