Trois conseillères régionales du rassemblement Citoyens, écologistes, solidaires viennent dans un courrier en date du 24 mai d’interpeller le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire. Fabienne Grébert, Myriam Laïdouni Denis et Corinne Morel Darleux demandent à Nicolas Hulot de se « prononcer rapidement en la défaveur » du projet de Center parcs dans les Chambarans.
En mai 2016, le groupe d’opposition au Conseil régional avait déjà interpellé Ségolène Royal à ce sujet. Courrier resté sans réponse. Les élues remontent donc au front. Car si le projet porté par le groupe Pierre & Vacances a été déclaré illégal par le tribunal administratif de Grenoble, jugement confirmé par la cour d’appel de Lyon, la décision est désormais entre les mains de la cour de cassation, le promoteur s’étant pourvu devant le Conseil d’État.
Si le projet de Center parcs a été déclaré illégal, c’est d’abord parce qu’il ne respecte guère la loi sur l’eau. En question ? Les zones humides détruites par le projet, et surtout leur compensation. Jusque-là, la justice a, à chaque fois, jugé insuffisantes les mesures compensatoires proposées par Pierre & Vacances.
Reste que, dans un arrêt du 22 février 2017, le Conseil d’État a redéfini plus strictement les zones humides *. Combien d’hectares sont concernés par le projet ? Soixante-seize, comme consigné dans le dossier validé par le préfet ? Deux cents, comme l’avancent les associations sur la base des estimations du commissaire-enquêteur ? Moins si tant est que la nouvelle définition s’applique à la zone des Chambarans ?
Seul bénéficiaire de cette opération ? Pierre & Vacances, selon les élues
En attendant, les élues d’opposition continuent de monter à la charge. Et ont saisi la justice pour faire annuler les millions d’euros de subventions que la Région, ardent défenseur du Center parcs, a provisionné dans ses budgets 2016 et 2017.
« Au-delà des aspects juridiques, c’est le modèle même de ce type de projets imposés sur nos territoires qui interroge sur la cohérence entre les politiques publiques et la réponse aux défis climatique et social auxquels nous devons faire face de manière urgente », soulignent-elles.
« A l’heure où la lutte contre le dérèglement climatique est une priorité, que penser des « bulles tropicales » chauffées à 29 °C toute l’année ? […] Le seul bénéficiaire de cette opération s’avère être Pierre & Vacances. […] Au mépris de l’environnement et en concurrence directe avec l’activité locale existante, elle se contente d’engranger des financements publics pour réaliser des plus-values sur la vente des cottages. Chaque terrain est acheté 30 centimes le mètre carré, et revendu 18 euros le mètre carré. »
PC
- * Le Conseil d’État a considéré « qu’une zone humide ne peut être caractérisée, lorsque de la végétation y existe, que par la présence simultanée de sols habituellement inondés ou gorgés d’eau et, pendant au moins une partie de l’année, de plantes hygrophiles ». La haute juridiction considère donc que les critères propres à la qualité des sols et à la végétation doivent être cumulativement réunis.