DÉCRYPTAGE – Depuis 1973 avec l’élection d’Hubert Dubedout, la deuxième circonscription, qui comprend les cantons d’Échirolles, Saint-Martin‑d’Hères, Eybens et Vizille, a toujours élu un député socialiste ou communiste. Au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont arrivés à égalité avec 25,8 % des voix devant Marine Le Pen à 19,6 %, François Fillon à 13,7 % et Benoît Hamon à 7,3 %. Sur la dynamique de la victoire de Macron, en raison de la profonde division à gauche et d’un FN relativement fort, il n’est pas exclu que la gauche perde cette circonscription lors des législatives.
Bien malin qui saura donner, d’ici le 18 juin prochain, le nom du prochain député de la deuxième circonscription de l’Isère. Certes, elle est incontestablement ancrée à gauche. Oui, Jean-Luc Mélenchon a réalisé un très bon score au premier tour de la présidentielle. Mais le contexte est différent lors de ces législatives. Car cette fois la gauche part profondément divisée.
Dans cette circonscription où pas moins de quinze candidats se présentent – un record en Isère, à égalité avec la première circonscription et où le député socialiste sortant Michel Issindou ne se représente pas après deux mandats – La France Insoumise (FI) et le Parti communiste français (PCF) ont chacun leur candidat.
Taha Bouhafs, FI : « Il y a de grandes attentes de progrès social et démocratique »
Taha Bouhafs, animateur socioculturel à la ville d’Échirolles, responsable associatif et militant actif dans le mouvement Nuit debout se présente pour La France Insoumise. Un jeune homme méconnu mais qui a la fougue de ses 20 ans.
« Je ne viens pas briguer un poste de député pour briguer un poste de député. Je viens porter un projet. Il y a de grandes attentes de progrès social et démocratique. Nous avons ressenti cette frustration par rapport au 49.3 l’année dernière. Aujourd’hui, les citoyens veulent prendre les décisions et ne pas avoir l’impression qu’on fasse les choses sans leur demander leur avis et contre eux.
Je pense qu’il y a cette demande de modifier les institutions telles qu’on les connaît, la Constitution, etc. C’est un défi majeur à relever. » […] « Ce projet, « L’avenir en commun », nous allons le porter à l’Assemblée nationale pour amener un avenir plus stable, meilleur pour les citoyens français. »
David Queiros, PCF : « Rassembler tous ceux qui sont critiques des dix années de pouvoir ultralibéral »
Le Parti communiste français (PCF) est quant à lui représenté par David Queiros, maire de Saint-Martin‑d’Hères depuis 2014. « Ma volonté est de pouvoir rassembler toutes celles et tous ceux qui sont critiques de ces dix années de pouvoir ultralibéral, d’austérité, de casse sociale, m’opposer à cela et avoir des propositions qui visent à l’amélioration des conditions de vie : des salaires et des pensions de retraite. Il ne faut pas perdre de vue qu’à l’Assemblée nationale on vote des lois. Soit on vote des lois en faveur des travailleurs, soit en leur défaveur et en la faveur des plus riches. »
Cet économiste de formation dit regretter, comme Taha Bouhafs, que l’union n’ait pas pu se faire dès le premier tour. « J’ai tendu la main jusqu’au bout », dixit Queiros. S’ils se rejoignent sur la plupart des sujets – à l’exception notable du nucléaire dont Bouhafs veut « la sortie totale et passer à 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050 » –, chacun accuse l’autre camp d’être à l’origine de la division.
Queiros, dont le président du comité de soutien est le maire communiste d’Échirolles Renzo Sulli, rappelle qu’il a donné son parrainage à Mélenchon pour la présidentielle et s’est donc inscrit dans une démarche de soutien. Ce à quoi Bouhafs répond qu’il l’a fait une fois que le leader de La France Insoumise avait tous ses parrainages…
Vives tensions entre Insoumis et communistes
« Nous n’avons pas ressenti la présence des communistes lors de l’élection présidentielle », dit même Bouhafs. Faux rétorque Queiros. « Il y a un constat que les Insoumis au niveau local reconnaissent eux-mêmes, c’est dans les villes de Saint-Martin‑d’Hères et d’Échirolles [gérées par le PCF donc, ndlr] que les scores de Mélenchon ont été très bons. À Saint-Martin‑d’Hères, il a fait plus de 32,5 % [32,61 %, ndlr], à Échirolles 30 % [29,90 %], c’est 12 à 15 points supérieur à la moyenne nationale. Nous avons largement porté sa candidature. Nous l’avons soutenue clairement. Nous étions présents au meeting d’Alpexpo [le 18 avril, avec l’hologramme du candidat, ndlr]. » […] « Les communistes incarnent bien plus [les territoires] que ces candidats qui ont été investis par la France Insoumise. »
« Moi ce qui me différencie fondamentalement de David Queiros, c’est que je ne suis pas un cumulard », tacle Touhafs. « Il se présente à toutes les élections. Et puis il y a un gros problème aujourd’hui : il est allé faire son plus beau sourire aux citoyens de Saint-Martin‑d’Hères pour être élu et maintenant il trouve un truc mieux et il se barre (sic). Non, cela ne marche pas comme ça. Un mandat c’est un engagement avec les citoyens et il faut le tenir jusqu’au bout. » Ambiance, ambiance…
Le PS et EELV partent aussi en ordre dispersé
Ce n’est pas la seule division à gauche. Le Parti socialiste (PS) et Europe Écologie – Les Verts (EELV), rassemblés derrière la candidature de Benoît Hamon à la présidentielle, partent en ordre dispersé. Tout en reconnaissant que « l’étiquette PS n’est facile à porter », Pierre Verri tente de succéder au député sortant Michel Issindou après l’avoir fait à la mairie de Gières depuis 2012.
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