FOCUS – Grenoble a été la première en France à mettre en œuvre la pastille Crit’air et, avec elle, les interdictions de circulation lors des épisodes de pollution. Avec quelle efficacité ? Le dispositif, évalué sur une seule journée en janvier dernier, n’est pour l’heure guère concluant. Le trafic routier a à peine diminué, tout comme, fort logiquement, les émissions de polluants atmosphériques. La faute à une mesure (encore) insuffisamment respectée ? En attendant, pendant que les pouvoirs publics se focalisent sur les pics, la pollution de fond sévit toujours…
A Grenoble, l’air est souvent pollué. Mais moins qu’il y a dix ans. Et moins que dans la vallée de l’Arve, le Nord Isère ou le bassin lyonnais. Il y a donc, et il y a eu, pire. Partant du principe que ce n’est toutefois pas une raison pour ne plus rien faire, et se contenter d’engranger ce qui reste des bénéfices de l’amélioration de la desserte en transports en commun, Grenoble continue de faire la chasse aux polluants.
Dans le collimateur ? Tout ce qui roule moyennant moteur sur la route. Et a fortiori au gasoil. Le trafic routier étant le principal émetteur de dioxyde d’azote et le second émetteur de particules fines en suspension derrière le chauffage individuel au bois, la capitale des Alpes, ne voyant rien venir de Paris, a décidé de donner elle-même un coup de balai.
Une évaluation faite le 26 janvier 2017, jour de pic de pollution
En France, Grenoble a ainsi été la première à brandir les certificats Crit’air pour restreindre la circulation les jours de pollution – à partir du cinquième jour de pollution toutefois – et à mettre en place la circulation différenciée fonction de la motorisation et de la date d’immatriculation du véhicule. L’occasion de damer le pion à la circulation alternée au nez et à la barbe de la maire de Paris…
Les mesures ont d’abord été testées en décembre 2016 à la faveur d’un long épisode de pollution aux particules fines. Puis activées grandeur nature – comprendre avec contrôles et verbalisations à la clé – en janvier.
Le dispositif qui, pour beaucoup, relève davantage de l’usine à gaz, est-il concluant ? Cela ne saute pas aux yeux.
Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’association chargée de mesurer la qualité de l’air dans la région, a mesuré son efficacité, mais sur une seule journée : celle du 26 janvier 2017. Une des pires qu’a connues l’agglomération cet hiver. Ce jour-là, toutes les mesures prévues dans le dispositif ont été activées pour inciter, si ce n’est obliger, l’automobiliste à lâcher le volant.
Pour ce septième jour de pollution aux particules fines, les vitesses maxi avaient été rabaissées, un quart du parc automobile prié de rester au garage, les transports en commun étaient gratuits (exception faite du TER), de même que Métrovélo… Bref, tout y était. Ou presque. Parce que l’automobiliste, lui, n’y était pas…
Le trafic n’a baissé que de 5 %…
Atmo tablait sur une baisse du trafic de 22 % ? Elle n’a été que de 5 %. Sur une baisse des émissions de particules fines de 34 % ? Elle n’a été que de 8 %. Même déconvenue du côté des émissions de dioxydes d’azote. A la place des 40 % de baisse attendues, un maigre 9 %…
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