FOCUS – Reprise de compétence, nouveau directeur et nouveaux objectifs : le domaine skiable Cœur de Chartreuse ouvre l’année 2017 sur de nombreuses perspectives, et quelques défis à relever. Entre enneigement artificiel et développement des activités, les nouveaux gestionnaires font le point avec confiance.
« La Chartreuse sans le ski alpin, ce n’est plus la Chartreuse ! » Et le ski alpin, Denis Séjourné n’a pas l’intention de le laisser partir.
Le président de la communauté de communes Cœur de Chartreuse affiche au contraire un optimisme volontaire après des années bien difficiles. On peut le comprendre : près de 400 emplois directs ou indirects seraient en jeu.
En trois mois, le Domaine skiable Cœur de Chartreuse a connu bien des aventures. La communauté de communes l’a repris en main en novembre 2016. Un nouveau directeur, Jean-Louis Martinot, est passé aux commandes en décembre. Et une nouvelle directrice de l’Office de tourisme intercommunal, Laurie Martin, a pris ses fonctions en janvier 2017. Une équipe en ordre de bataille ?
En finir avec la gestion hasardeuse… et remonter la pente
Première étape : en finir avec la gestion hasardeuse du domaine, qui l’a menée au bord de la catastrophe. Après une alerte lancée par la Chambre régionale des comptes, c’est la préfecture elle-même qui a dissout le Syndicat à vocation unique (Sivu) qui gérait jusqu’ici la station de Saint-Pierre-de-Chartreuse. Et ceci pour en confier la compétence à la Communauté de communes.
Tout l’enjeu consiste aujourd’hui à remonter la pente. Denis Séjourné y croit, s’appuyant sur un diagnostic de la station réalisé avec l’aide du Conseil départemental de l’Isère. « Ce diagnostic a démontré que les équipements étaient en bon état, bien entretenus et respectaient les conditions de sécurité. Mais aussi que la station avait un potentiel de développement intéressant, sous réserve d’en affiner la gestion. »
C’est sur cette base que Cœur de Chartreuse a lancé un dossier d’investissement avec le Département de l’Isère. Une somme de 200 000 euros consacrée à l’amélioration de l’accès aux caisses, l’élargissement des escaliers montant aux télécabines, ou encore un accès conforme pour les personnes en situation de handicap. Sans oublier le déplacement d’un enneigeur et la mise en place d’un deuxième.
Enneiger artificiellement, sans « défigurer la montagne »
La neige, c’est évidemment le nerf de la guerre. Mais si guerre il y a, Denis Séjourné comme Jean-Louis Martinot ne veulent pas entendre parler de « canons à neige », leur préférant les termes d’enneigeurs et de ventilateurs. L’enneigement artificiel étant au centre de leurs préoccupations, Cœur de Chartreuse déposera un dossier auprès de la Région qui s’est engagée à soutenir fortement les stations de ski.
« Il ne faut pas défigurer la montagne non plus, tempère le directeur du Domaine skiable. Mais, sur certaines lignes, il y a la possibilité de mettre ces ventilateurs (sic) de façon à avoir des réserves de neige, qui permettraient d’assurer un enneigement du début à la fin de la saison. »
Denis Séjourné, président de Cœur de Chartreuse, et Jean-Louis Martinot, directeur du domaine skiable. © Florent Mathieu – Place Gre’net
« Il n’est pas question d’enneiger tout le domaine, insiste pour sa part Denis Séjourné, mais d’enneiger suffisamment les endroits qui le méritent pour permettre une utilisation du domaine d’une façon agréable pour les locaux comme pour les touristes. »
Les locaux sont bien le cœur de cible de Cœur de Chartreuse. « Notre clientèle principale, c’est le Pays voironnais et Grenoble », rappelle le président de la communauté de communes. D’où la mise en place d’une offre sur les jours de semaine, hors périodes scolaires, avec un forfait offert pour tout forfait acheté les mardis, mercredis ou jeudis.
Que proposer quand la neige n’est pas là ?
Mais la neige est-elle vraiment la seule piste d’avenir ? Denis Séjourné envisage plutôt ce qu’il appelle une station « quatre saisons ». « Que propose-t-on aux gens si la neige n’est pas là ? » Et le directeur du Domaine skiable d’énumérer les alternatives : balnéothérapie, développement du parapente, patinoires éphémères…
La vie culturelle de la Chartreuse serait également de la partie. « Des associations ont été sollicitées pour réfléchir à différents types de spectacles pour les enfants en journée, les familles le soir… » Sans oublier le festival du Grand Son de Saint-Pierre-de-Chartreuse, cet événement musical qu’il ne faut plus appeler les Rencontres Brel.
Le monde sportif n’est pas en reste, c’est bien le moins, puisque la Fédération française de ski (FFS) a choisi le domaine Cœur de Chartreuse pour organiser l’une des manches du Critérium Jeune de Bosses, le dimanche 12 février. 150 enfants y participeront, en présence des champions du monde Louis Bron (1984 et 1985) et Guilbaut Colas (2011). Et en espérant aussi, secrètement, la présence d’Edgar Grospiron.
Des vacances de février prometteuses
« Beaucoup de gens nous disent que Saint-Pierre-de-Chartreuse est une station sympathique, que c’est là qu’ils ont appris à skier, là où leurs parents les emmenaient quand ils étaient jeunes, souligne Denis Séjourné. Cette image sympathique de station familiale, il faut la pérenniser mais en élargissant l’offre, en étant conscient que la moyenne montagne n’aura plus l’enneigement que nous avons connu il y a vingt ou trente ans. »
Pour le moment, Cœur de Chartreuse se montre optimiste. Après des vacances de Noël maussades pour l’ensemble des stations et des massifs, elle aborde celles de février avec confiance.
Et commence l’année avec une bonne nouvelle, puisque le week-end du 22 janvier compte parmi « les dix meilleurs week-ends réalisés par la station depuis au moins dix ans », nous confient les gestionnaires, avec une rentrée de près de 100 000 euros hors taxe. « Notre stratégie commerciale et de communication semble fonctionner », se réjouit le président de la Communauté de communes. De l’optimisme comme s’il en neigeait.