DÉCRYPTAGE - Le projet Cœurs de Ville, Cœurs de Métropole – alias CVCM – vise à diminuer drastiquement la circulation automobile sur l’axe Agutte-Sembat-Rey-Lyautey, en centre-ville, de Grenoble. « Impossible ! », rétorquent les détracteurs de CVCM qui craignent les problèmes de transit automobile. La concertation réglementaire du projet démarre, par ailleurs, fin septembre.
Élargir le centre piétonnier de Grenoble, diminuer très fortement le passage des voitures, favoriser largement les modes doux et les transports publics. Le tout pour rendre plus attractif le centre-ville… Voilà l’ambition du projet de “Cœur de Ville, Cœur de Métropole”, lancé en janvier dernier. Objectif central de CVCM : permettre de délester le centre-ville du passage d'environ 10 000 véhicules ne faisant, aujourd’hui, que traverser Grenoble. Mais aussi convaincre une bonne part de 5 000 autres automobilistes se rendant quotidiennement en centre-ville, de changer leurs habitudes de déplacement… Un tour de force auquel beaucoup ont du mal à croire et ne se privent pas pour le clamer haut et fort.
Au vu des solutions proposées, des études réalisées et de la configuration de Grenoble, ils sont nombreux à douter de la réussite, voire du bien fondé de ce projet de réaménagement Cœurs de Ville, Cœurs de Métropole… Parmi les détracteurs de CVCM, les élus de la Chambre de commerce et de l'industrie et de la Chambre de l'artisanat et des métiers, toute une partie du monde économique, le groupe d'opposition Métropole d'avenir qui siège au Conseil métropolitain, les élus de l'opposition à la Ville de Grenoble (Groupe des élus de gauche et de progrès, notamment) ou encore le groupe Les Républicains.
La Métropole grenobloise, le SMTC, et la Ville ont beau certifier que leur projet de restructuration du centre-ville se base sur un diagnostic approfondi et des études complémentaires confiées à des experts des déplacements, le projet effraie. La suspicion s'enracine même chez certains détracteurs, la Métropole refusant selon eux de montrer les études commanditées, dans leur intégralité…
"Une tendance de fond dans toutes les grandes villes"
Qu'importe les cris d'orfraie, la Métropole grenobloise, la Ville de Grenoble et le SMTC – les trois porteurs de CVCM – poursuivent le déroulement du projet. Et de donner rendez-vous à la presse, ce vendredi 16 septembre, pour annoncer une nouvelle étape du projet : la concertation des habitants et usagers, à partir du 26 septembre.
« CVCM représente un enjeu stratégique pour la Métropole […], un projet qui correspond à une tendance de fond dans toutes les grandes villes », assène Christophe Ferrari, président de la Métropole grenobloise. Eric Piolle, maire de Grenoble, se montre lui aussi très enthousiaste : « Ce projet va changer la ville et la vie quotidienne des générations à venir […] Ce cœur de chauffe de la Métropole devrait gagner en “bien-être”, grâce à « moins de bruits, moins de pollution, moins de nuisances, plus de convivialité et d’attractivité », poursuit l'édile écologiste. « J'appelle tous les habitants à se mobiliser pour cette concertation », exhorte le maire.
« On va encore concerter les gens sur la couleur des bancs »
Il faut dire que le timing est serré. La concertation réglementaire ne dure que six semaines. En décembre, arrivera déjà le bilan de la concertation. En janvier 2017, la délibération métropolitaine arrêtera la liste des nouvelles rues piétonnes. Et en février 2017, le nouveau plan de déplacement sera testé – plus tôt que prévu, du fait des travaux de conduites de chauffage urbain…
« Drôle de coïncidence qui pousse à accélérer ce projet », déplore François Bazès, vice-président en charge du commerce à la Chambre de commerce et d'industrie, et l'un des animateurs du camp opposé à CVCM – en l'état.
A l'occasion de cette concertation, les habitants sont conviés à des balades urbaines, des ateliers de travail. Objectif ? Recueillir les avis sur les choix d'aménagement, les rues à piétonniser, les retours sur le futur nouveau plan de circulation et faire remonter « tous les éléments saillants », indique Eric Piolle…
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