EN BREF – C’est avec la démarche baptisée « Cœurs de ville, Cœurs de Métropole » que Grenoble entend faire sa « troisième révolution urbaine ». Deux grands projets seront finalisés à la mi-2019, au plus tôt : l’extension de la zone piétonne et l’apaisement de l’axe « boulevards Rey-Sembat-Lyautey » avec la création de la première “ligne express vélos”. La Métropole soutient toutes les communes qui se lancent dans ce type de projet « post Cop21 ».
L’ancien maire PS de Grenoble, Michel Destot avait lancé le programme « Cœur de ville, Cœur d’agglo » en 2008. La Métropole grenobloise élargit le concept, avec « Cœur de villes, Cœurs de Métropole », à toutes les villes de l’agglomération qui se porteront volontaires.
Les grands objectifs ? Désencombrer les pôles urbains des communes (qui voudront s’engager), les rendre plus accessibles, en particulier aux piétons et cycles, conforter et dynamiser les commerces…
Quant aux voitures, un travail sera mené pour les rabattre plus efficacement vers les parkings-relais et les parkings en ouvrage, dont l’abord n’est pas suffisamment engageant, soulignait Christophe Ferrari, président de la Métropole grenobloise – à l’occasion du lancement officiel de la démarche (également appelée label) « Cœurs de Ville, Cœurs de Métropole », jeudi 21 janvier 2016.
Le programme démarre à Grenoble
La démarche “Cœurs de villes, Cœurs de Métropole” démarre à Grenoble, avec trois grands projets.
Premièrement, l’élargissement du centre piétonnier pour mieux relier les pôles de vie (voir ci-contre). Un centre « à la fois trop limité et trop fragmenté entre Bonne, Hoche et le centre-ville, d’après Eric Piolle, maire de Grenoble, pour qui « il y a aussi une rupture entre la ville et la rive droite de l’Isère ».
Deuxièmement, l’axe que forment les boulevards « Rey-Sembat-Lyautey », très emprunté par les voitures (avec plus de 15 000 voitures/jour) et les bus (7 lignes) sera apaisé. Les services de la ville de Grenoble et du SMTC ont déjà planché sur un projet de plan de circulation (voir ci-contre) et une nouvelle redistribution de l’espace. A l’horizon 2019, si ce plan est mis en œuvre, une ligne de « réseau express vélo » alias « autoroute à vélos » y passera partiellement. « Le potentiel vélo est estimé à 5000 cyclistes jour sur cet axe », selon les chiffres fournis par les collectivités. En revanche, si ce nouveau schéma de circulation est adopté, les voitures et bus y circuleront avec parcimonie et suivant une organisation savamment étudiée.
« Nous voulons avoir une approche la plus laïque possible en matière de mobilité et de déplacement, osait Yann Mongaburu, président du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) et vice-président de Grenoble-Alpes Métropole en charge des déplacements, afin d’anticiper d’éventuelles levées de boucliers. « Des études complémentaires sont en cours ! », ajoutait-il.
Un troisième ensemble d’actions est prévu. Il s’agit de la mise en valeur par l’éclairage public du patrimoine existant. Mais aussi de multiplier les espaces consacrés au végétal et à l’eau et, pourquoi pas, de développer le street art dans certains quartiers, a suggéré le maire de Grenoble.
« Après la construction de la Ville pour le tout voiture dans les années 50 – 60, puis la piétonnisation du centre-ville et l’arrivée du premier tram, nous entrons dans la troisième révolution urbaine ! (…) », considère Eric Piolle.
« Inventer la ville post Cop21 »
Le projet grenoblois est chiffré à 10 millions d’euros, mobilisés par le SMTC, la ville de Grenoble et la Métropole sur les prochaines années.
La concertation autour de ce projet commence au printemps et s’achèvera à l’automne 2016. A partir de 2017, « des installations éphémères et des tests d’usages » – originalité de la démarche – seront mis en place. La fin des travaux est attendue pour mi-2019 au plus tôt. Il n’y a, pour l’heure, pas d’autres programmes “Cœurs de ville, Cœurs de Métropole” ailleurs dans la Métropole.
Aucun autre chiffre ni calendrier ne sont par conséquent annoncés. Au niveau métropolitain toutefois, un comité de suivi sera installé pour coordonner la démarche qui fait appel à différentes politiques de la Métropole (Métropole apaisée, aides aux commerces, etc.).
A Christophe Ferrari de conclure : « Ce label “Cœurs de ville, Cœurs de Métropole” vise à renforcer les espaces de vie sociale, à inventer la ville post Cop21, où il ne s’agit pas de réfléchir en termes de modes de déplacement mais de facilité d’usages ».
Séverine Cattiaux