DÉCRYPTAGE – Le thème de la pétition du Comité de liaison des unions de quartier de Grenoble (Cluq), remise ce lundi 29 août à la Ville, a récolté 2 601 signatures. Ce qui en fait un candidat très sérieux et le seul, pour la première votation citoyenne d’octobre prochain. Ironie, c’est pour demander l’annulation de la hausse des tarifs de stationnement et réclamer une vraie « concertation » sur le sujet que les Grenoblois seront concertés… par les urnes !
Le Comité de liaison des unions de quartier de Grenoble l’a donc fait. Il a réussi, avant la date fatidique du 26 août – en quelques semaines et pendant l’été – à réunir plus de 2 000 signatures. 2 601 exactement dont 783 recueillies sur Internet. Le sujet de la pétition ? « Pour une concertation sur les tarifs de stationnement. »
La pétition papier « Pour une concertation sur les tarifs de stationnement » lancée à l’initiative du Comité de liaison des unions de quartier de Grenoble. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Par conséquent, les Grenoblois devraient être amenés à se prononcer sur ce sujet lors de la toute première votation citoyenne, qui se déroulera du 10 au 15 octobre 2016. Les trois autres pétitionnaires ne sont pas, pour autant, recalés. Mais ils devront attendre octobre 2017 pour un éventuel passage à la votation citoyenne (Lire notre précédent article).
L’objet central de la pétition du Cluq : un manque de concertation
Pour mémoire, la hausse des tarifs de stationnement est entrée en vigueur en juillet dernier, mais « sans concertation », selon le Cluq. Rappelons les faits… Qu’en est-il ? « Trois réunions publiques d’information et de concertation » ont été organisées, mentionne le blog politique de l’exécutif grenoblois.
Hausse des tarifs de stationnement dans les zones orange et violette à Grenoble depuis le 1er juillet 2016 et évolution des tarifs pour le ticket résident. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Le terme de « concertation » est-il vraiment approprié ? A priori non, puisque les éléments faisant l’objet de la « concertation » étaient déjà tous dûment ficelés. Pour les responsables du Cluq, c’est une évidence, il y a tromperie sur la marchandise. Car « il n’a pas été question d’un diagnostic partagé. La Ville aurait dû émettre diverses solutions à partir desquelles elle aurait recueilli l’avis de la population ».
Nombre de citoyens, de France et de Navarre vont peut-être s’étonner de cette polémique, considérant qu’il appartient à une Ville et à ses services d’élaborer les tarifs de stationnement comme ils l’entendent, en fonction des différents paramètres en leur possession… Mais à Grenoble, cela ne se passe pas ainsi.
Pourquoi ? « C’est tout de même une mairie qui s’est fait élire parce qu’elle voulait concerter ! », rappelle Bruno de Lescure devant les médias locaux. Et de renvoyer, illico, à la lecture de l’engagement 49 du programme d’Eric Piolle, contenant explicitement la promesse de l’exécutif grenoblois de concerter sur le thème du stationnement. D’où la pétition du Cluq…
Gilles Namur, président du Comité de liaison des unions de quartier de Grenoble, Bruno de Lescure, membre du bureau du Cluq, et Jean-Pierre Charre, vice-président du Cluq. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Ce lundi 29 août, Gilles Namur, président du Cluq, Jean-Pierre Charre, son vice-président et Bruno de Lescure, membre du bureau ont donc remis, sourires aux lèvres, un épais lot de feuilles de pétition au service de la Ville en charge du nouveau dispositif d’interpellation dévoilé par l’adjoint à la démocratie locale Pascal Clouaire, en janvier dernier.
Cependant, les pétitionnaires n’ont remporté que la première manche et sont loin de crier « victoire ». Ils font, au contraire, part de leurs doutes sur la suite du processus. A savoir l’étape de validation de la pétition et son examen lors du conseil municipal du 26 septembre prochain.
« Il y a des élus que cette pétition dérange »
Les porte-paroles de la pétition semblent quelque peu circonspects quant au processus de validation des signatures… Les règles de contrôle leur semblent un tantinet excessives. « Prenons l’exemple d’une personne qui a signé notre pétition et qui, contactée par téléphone, déclare ne pas se souvenir avoir signé… Alors sa signature est considérée comme fausse. Nous pensons qu’il faudrait juste écarter cette signature », expose Jean-Pierre Charre.
Jean-Pierre Charre, vice-président du Cluq. © Armand Prat-Cattiaux – Place Gre’net
Mais pourquoi, diable, des pétitionnaires oublieraient-ils qu’ils ont signé une pétition ? Cela pourrait arriver… Peut-être. En tout cas, pour cette raison et pour d’autres (déménagement, personnes injoignables…), il n’est pas impossible que la pétition soit recalée. Il ne faut en effet que dix signatures invalidées sur cent contrôlées au hasard pour rendre la pétition caduque.
« Ce serait d’autant plus incompréhensible, lancent les représentants du Cluq, que nous avons recueilli bien plus de 2 000 signatures. »
D’un autre côté, ces pétitionnaires plutôt « experts » en matière de concertation l’admettent aussi : « On comprend bien que la mairie veuille blinder le dispositif. C’est une première pour eux. » Lors d’un récent entretien accordé à Place Gre’net, Pascal Clouaire assurait pour sa part son intention de ne pas chipoter sur les signataires des pétitions. « Mais il y a aussi des élus que cette pétition dérange », assurent les membres du Cluq.
« Je peux vous dire que si la pétition était annulée, c’en serait bien fini des pétitions et du dispositif d’interpellation ! », défie Bruno de Lescure. Et Jean-Pierre Charre d’ajouter : « Ils ont de la chance d’être tombés sur nous pour essuyer les plâtres ! » Ce dernier a même proposé quelques améliorations au texte de « Procédure de contrôle des pétitions ».
« Nous exigeons un vrai débat lors du prochain conseil municipal ! »
Deuxième sujet de tracasserie pour le Cluq : le déroulement du conseil municipal du 26 septembre prochain, tel qu’on lui a exposé. La parole lui sera d’abord donnée, puis aux membres de l’opposition. Ensuite, le maire prendra la parole et délivrera sa réponse… Pas de quoi enthousiasmer les membres du Cluq.
Gilles Namur, Président du Cluq. © Armand Prat-Cattiaux – Place Gre’net
« Nous exigeons un vrai débat lors de ce conseil municipal et on nous propose une succession d’avis qui seront lus ou prononcés ! », regrette Gilles Namur, président du Cluq. « Nous souhaitons pouvoir répondre au maire lors du conseil municipal. » Pour l’heure, rien de tel n’est prévu. La Ville entend, en revanche, organiser un débat un peu plus tard, le 4 octobre prochain, dans l’optique de préparer les « électeurs » à la votation citoyenne… Et à faire le bon choix.
« C’est bizarre, soudainement, les sujets financiers ne sont plus concertables »
A moins que – deus ex machina – lors du conseil municipal, l’exécutif grenoblois décide de voter la proposition du Cluq, d’annuler les nouveaux tarifs de stationnement, d’ouvrir une concertation…
Bruno de Lescure, membre du bureau du Cluq. © Armand Prat-Cattiaux – Place Gre’net
Scénario peu probable ! Étant donné que les nouveaux tarifs s’inscrivent dans le plan d’économies de la Ville, annoncé en juin 2016. Or ce plan a été sanctuarisé, mis sous cloche. La concertation des habitants n’y a pas eu sa place, ce qui a déjà suscité pas mal de remous.
« C’est bizarre, soudainement les sujets financiers ne sont plus concertables pour cette équipe municipale. On nous a prétexté que, sur ces sujets, les citoyens ne pouvaient pas penser à l’intérêt général… C’est nous prendre pour des imbéciles ! », envoie Bruno de Lescure aux intéressés. A bon entendeur.