DÉCRYPTAGE - L'annonce du remplacement de Valérie Dioré par Pierre Kermen à la présidence des sociétés d'économie mixte (Sem) Innovia et Sages agite depuis quelques semaines le microcosme politique grenoblois. Une éviction emblématique et annonciatrice d'une reprise en main politique, selon les oppositions.
« Je serai un maire à l'écoute, un maire qui respecte, un maire qui rassemble par-delà les clans ». C'est par cette citation – extraite du discours d'Éric Piolle, le maire de Grenoble, au soir de son élection –, que Jérôme Safar, président du groupe Rassemblement de gauche, avait ouvert les hostilités lors du dernier conseil municipal.
Et d'enchaîner : « Depuis, il n'est pas de jour où vos actes ne trahissent vos belles paroles et [où] la crédibilité de vos belles promesses ne tend à se réduire un peu plus ».
L'attaque était frontale. En question, la récente révocation de Valérie Dioré, directrice générale des Sem Sages et Innovia depuis 2002. Deux sociétés se définissant chacune comme « partenaire opérationnel de la Ville de Grenoble pour les opérations d'aménagement ». La première sur les quartiers de Bonne, Flaubert, Châtelet et Beauvert ; la seconde tournée vers les « opérations d'aménagement à caractère économique », à savoir Bouchayer-Viallet et Grenoble Presqu'île.
« Éric Piolle n'avait rien à me reprocher »
Pour Valérie Dioré, la pilule a du mal à passer. « En octobre 2014, M. Piolle m'a annoncé sa décision de nommer un nouveau directeur général, tout en m'exprimant sa volonté de me proposer une évolution professionnelle alternative puisqu'il n'avait rien à me reprocher », précisait-elle dans les colonnes du Dauphine Libéré du 25 février. Et d'affirmer ressentir « un sentiment d'injustice ».
Jérôme Safar dénonce, quant à lui, « une révocation arbitraire et brutale, couronnée par un communiqué de presse, pour tout dire indigne, signé par Maud Tavel – l'adjointe en charge du personnel ».
Un communiqué de presse plutôt laconique, envoyé le 29 janvier 2015, dans lequel Maud Tavel déclarait : « Je me réjouis de pouvoir travailler avec Pierre Kermen, dont l'expertise et l'efficacité en matière d'urbanisme ont contribué à faire de Grenoble une ville pionnière en matière d'innovation sociale et d'aménagement durable. Il a aujourd'hui la confiance du conseil d'administration [de la Sem Innovia, ndlr] pour relever les défis d'aménagement dans notre ville et notre agglomération ». Contactée, l'élue n'a pas souhaité s'exprimer sur ce « dossier en cours d'instruction », s'en tenant aux déclarations publiques faites par Eric Piolle lors du dernier conseil municipal.
Un “manque de respect” pour Jérôme Safar
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