Le gen­darme du nucléaire pointe l’UJF

Le gen­darme du nucléaire pointe l’UJF

FOCUS – Quid des déchets radio­ac­tifs issus du chan­tier d’assainissement de l’ex-institut de géo­lo­gie ? Pour l’Autorité de sûreté nucléaire, les risques d’exposition du public sont minimes. Mais cette radio­ac­ti­vité, aussi faible soit-elle, pose ques­tion. En termes de sécu­ri­sa­tion des lieux, mais aussi de ges­tion des déchets nucléaires.

© Véronique Serre - placegrenet.fr

Conditionnés dans des sacs et bidons, sto­ckés dans un lieu censé res­ter inac­ces­sible, ces déchets radio­ac­tifs n’au­raient jamais dû faire par­ler d’eux. © Véronique Serre – pla​ce​gre​net​.fr

Les déchets conta­mi­nés sous la Bastille, révé­lés grâce au témoi­gnage d’un ex-sala­rié, pré­sentent-ils un risque pour le public ? Ces mine­rais natu­rel­le­ment radio­ac­tifs et ces déchets tech­niques issus du chan­tier d’assainissement de l’ex-institut de géo­lo­gie de l’université Joseph-Fourier sont-ils poten­tiel­le­ment dangereux ?
Pour l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), venue ins­pec­ter les lieux le 5 février der­nier, les risques, dans le bâti­ment et alen­tour, sont minimes. « Le contrôle radio­lo­gique des locaux met en évi­dence un faible niveau de conta­mi­na­tion des trois pièces du bâti­ment* », relève ainsi l’ASN dans sa lettre de suite d’inspection, consul­table sur son site web. 
Rapport d'inspection de l'Autorité de sûreté nucléaire ASN de l'Institut Dolomieu de l'université Jospeh-Fourier UJF à Grenoble

Cliquer sur l’i­mage pour télé­char­ger le PDF du rap­port d’ins­pec­tion de l’ASN.

D’autant qu’entre la révé­la­tion de cette radio­ac­ti­vité dans Le Postillon et le constat des ins­pec­teurs, l’université Joseph-Fourier a balayé devant sa porte et notam­ment pro­cédé à l’assainissement des terres « fai­ble­ment conta­mi­nées » entou­rant le bâtiment.
Rien d’a­lar­mant pour les inspecteurs
Que risquent ceux qui empruntent le che­min menant à la Bastille ? Pas grand-chose s’ils ne se hasardent pas à l’intérieur de l’institut, même s’il ne fait mys­tère pour per­sonne que le bâti­ment est régu­liè­re­ment squatté.
Pas grand-chose s’ils ne mettent pas un pied dans la gale­rie sou­ter­raine, en théo­rie inac­ces­sible, où sont entre­po­sés les mine­rais et déchets radio­ac­tifs issus du chan­tier. Car, c’est là, en contre­bas de l’institut, que le Postillon a mesuré une irra­dia­tion « 3000 fois supé­rieure à celle que l’on retrouve en temps nor­mal ».
© Véronique Serre - placegrenet.fr

Les déchets pose d’a­bord la ques­tion de la mise en sécu­rité des lieux et de la ges­tion de ces rebuts, pas tout à fait comme les autres… © Véronique Serre – pla​ce​gre​net​.fr

Des valeurs contes­tées par le pré­sident de l’université Joseph-Fourier inter­viewé par France 3. Pour Patrick Lévy, les accu­sa­tions sont « infon­dées ». « Il s’agit d’une radio­ac­ti­vité natu­relle et sous les seuils », direc­te­ment liée à la col­lec­tion de pierres qu’abritait l’institut. 
Sur les lieux, l’ASN a retrouvé des « miné­raux natu­rel­le­ment radio­ac­tifs pré­sen­tant des taux de radio­ac­ti­vité de l’ordre de plu­sieurs cen­taines de microSieverts par heure au contact, des sacs plas­tiques ren­fer­mant des déchets tech­niques issus de l’assainissement des trois locaux (…) et la pré­sence de bidons ren­fer­mant des liquides ne pré­sen­tant pas des niveaux de radio­ac­ti­vité signi­fi­ca­tifs ».
Pour les ins­pec­teurs, rien d’alarmant. D’autant que cet entre­po­sage avait reçu l’aval de l’ASN, dans l’attente d’être éva­cué par l’Andra (Agence natio­nale pour la ges­tion des déchets radioactifs). 

Problème de sécu­ri­sa­tion des déchets

Mais la mise en sécu­rité des lieux, bâti­ment comme gale­rie, pose ques­tion. D’autant que le chan­tier d’as­sai­nis­se­ment de l’ins­ti­tut (tou­jours en cours) comme l’é­va­cua­tion des déchets (**) durent…
Le gen­darme du nucléaire tape donc du poing sur la table et demande de « faire reprendre dans les meilleurs délais les maté­riaux natu­rel­le­ment radio­ac­tifs et les déchets tech­niques sto­ckés dans la gale­rie sou­ter­raine par l’Andra ».

© Véronique Serre - placegrenet.fr

© Véronique Serre – pla​ce​gre​net​.fr

Mais le déchet nucléaire n’est pas un déchet comme un autre. Avant d’être éva­cué par l’Andra, il doit être carac­té­risé. « Pour inter­ve­nir, nous avons besoin de savoir s’ils sont plus ou moins radio­ac­tifs. Nous avons besoin de pré­ci­sions quant à la nature de ces déchets… », pré­cise-t-on à l’Andra.
Et ce tra­vail de carac­té­ri­sa­tion des déchets, ce n’est ni l’ASN, ni l’Andra qui le mène… mais un autre pres­ta­taire. Et ce n’est qu’une fois cet inven­taire ter­miné et trans­mis que l’Andra déter­mine les moda­li­tés d’intervention, ainsi que la filière de ges­tion la plus adap­tée. Bref, l’en­droit où vont atter­rir ces déchets. En atten­dant, ils sont priés de patienter.
Patricia Cerinsek 
* « Toutefois, cer­taines zones n’ont pas pu être contrô­lées (notam­ment la salle “musée”, située au pre­mier étage, et deux coffres forts fer­més) », pré­cisent les inspecteurs.
** L’UJF est dans l’at­tente d’un rap­port de la société de pres­ta­tion de ser­vices D & S pour que l’ANDRA puisse, ensuite, pro­cé­der à l’é­va­cua­tion des déchets et mine­rais radioactifs.
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Patricia Cerinsek

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