FOCUS - Le plan de déplacements urbains de l'agglomération grenobloise, prévu pour donner une direction à la politique mise en œuvre dans la décennie à venir, est enfin tracé. Mais en faisant la chasse aux voitures et aux énergies fossiles, en misant sur le multimodal et en pariant sans certitudes sur le ferroviaire, certains y voient un plan très idéologique. Choix politique ? Il laisse surtout une grande zone blanche : celle de son financement.
Après vingt années de démêlés politico-administratifs et judiciaires, vingt ans à naviguer à vue sans plan de déplacements urbains, Grenoble va-t-elle enfin se mettre au pli ?
Le PDU, document obligatoire pour définir les principes d'organisation des déplacements dans les villes de plus de 100 000 habitants, est enfin sur les rails.
Jeudi 5 avril, les élus du syndicat mixte des transports en commun de l'agglomération grenobloise (SMTC) ont en tout cas voté le projet de PDU 2018-2030. Pas complètement convaincus pour certains par la feuille de route tracée par son président, l'écologiste Yann Mongaburu, mais semble-t-il un brin résignés... A l'unanimité moins quatre abstentions, le projet suit donc son chemin et se prépare à être soumis à la population. L'enquête publique devrait suivre en septembre prochain.
Le PDU doit faire baisser le nombre de kilomètres parcourus en voiture de 18 %
Un projet qui prévoit avant toute chose de limiter la place laissée à la voiture et de faire la chasse aux énergies fossiles. Objectif ? Faire tomber le nombre de kilomètres parcourus en auto chaque année. Le SMTC a compté. Onze millions de kilomètres sont avalés chaque année sur les routes de la l'agglomération. Demain, ce chiffre devrait baisser de 18 %. C'est ce que promettent les actions prévues dans le PDU.
Moyennant quoi, les émissions de gaz à effet de serre devraient chuter de 30 %, les émissions d'oxydes d'azote de 65 % et les particules fines de 50 %.
Avec tous ces chiffres très théoriques, Jean-Claude Peyrin (Les Républicains), vice-président du SMTC y a d'abord vu et stigmatisé un projet « écologiste ». Sachant qu'il est également vice-président du Département de l'Isère, un des deux contributeurs aux finances très mal en point du SMTC et principal artisan de l'élargissement de l'A480.
« Vous avez défini sept objectifs en matière de déplacements, à commencer par la lutte contre le changement climatique et pour la transition énergétique. En dernier ? La fiabilisation des conditions de déplacement des biens, des personnes et des marchandises. Vous n'avez jamais souhaité inverser vos objectifs ! Le covoiturage c'est bien mais ce n'est pas la réponse universelle aux bouchons aux portes de l'agglomération. Les mesures que vous prenez ne sont pas à la mesure des embouteillages ! »
Le vice-président du SMTC y voit un PDU idéologique, « bavard, long, redondant, sans hiérarchisation ni priorités » qui balaie les potentiels progrès technologiques pour rendre les voitures moins fumantes et polluantes.
Yann Mongaburu, le président du SMTC, y voit lui un PDU du 21e siècle faisant la part belle au multimodal et aux nouvelles pratiques de mobilité.
« Peut-être que certains souhaitaient qu'on attende les voitures volantes ! tance-t-il. Nous pensons multimodal. Nous ne sommes plus dans les années soixante-dix et sur le débat voiture contre tramway ».
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