FACE CAMÉRA – Deuxième invité de la série de Place Gre’net Face caméra : Lyes Louffok. A l’occasion d’un entretien réalisé le samedi 16 novembre 2024, le candidat du Nouveau Front populaire à la législative partielle sur la première circonscription de l’Isère est revenu sur ses combats dans le domaine de l’aide sociale à l’enfance… et sur son arrivée sur un territoire qu’il connaît peu. Ce tout en contestant le terme de parachutage.
Quelques mois à peine après son élection sur la première circonscription de l’Isère, le député Insoumis Hugo Prévost, faisant l’objet d’accusations de « faits graves à caractère sexuel », annonçait sa démission le 9 octobre 2024. Qui pour représenter le Nouveau Front populaire dans le cadre de la législative partielle ? Après le parachutage raté de Lucie Castets et l’investiture sans lendemain d’Amandine Germain, c’est finalement Lyes Louffok qui va porter les couleurs du rassemblement des forces de gauche.
Le candidat ne s’attarde pas sur le cas Prévost. « J’adresse […] tout mon soutien et ma solidarité à l’ensemble de ses victimes. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles fait partie de mes combats. J’ai moi-même été victime de violences sexuelles dans l’enfance et donc ces faits me sont insupportables », déclare-t-il. Ce, en précisant ne pas en savoir plus sur l’affaire que ce qu’a pu en dire la presse.
Un candidat parachuté ?
Lyes Louffok prend soin de rappeler ne pas être membre de La France insoumise, quand bien même il doit au parti son investiture. Une investiture sous forme de parachutage alors qu’il se présentait encore en juin 2024 dans le Val-de-Marne. Mais le candidat n’aime pas que l’on parle de parachute et rappelle la dimension nationale de l’élection législative : les députés votent les lois pour l’ensemble du pays. « Évidemment, il faut aborder la situation au niveau local et les difficultés concrètes auxquelles sont confrontés les habitants et les habitants », tempère-t-il.
Quant au fait de ne pas être familier du territoire isérois, cela n’inquiète en rien le candidat, celui-ci n’ayant jamais eu d’attache du fait de son parcours d’enfant placé. « C’est un peu l’histoire de ma vie. J’ai vécu dans l’Eure, j’ai vécu dans les Yvelines, j’ai vécu en région parisienne, j’ai vécu dans le Calvados […]. J’ai été amené à changer de lieu de placement, de département, et donc en quelque sorte je n’ai jamais eu d’ancrage nulle part ».
Sa première impression sur sa terre l’élection ? « J’ai été extrêmement bien accueilli. C’est aussi, je crois, inscrit dans l’histoire de Grenoble d’être une terre d’accueil », souligne le candidat. Qui ne s’attarde pas sur le désistement, teinté d’amertume, d’Amandine Germain au profit de sa candidature, imposée par LFI. « Il est évidemment hors de question de mener une campagne sans le soutien de l’ensemble des partis politiques [de gauche] », préfère-t-il revendiquer.
Lyes Louffok veut porter la cause de l’enfance à l’Assemblée nationale
Son parcours d’enfant placé, Lyes Louffok en fait une cause qu’il veut porter dans le débat public. « C’est une cause nationale qui mérite d’être traitée à un niveau national. C’est une cause, d’ailleurs, qui a été maltraitée ces dernières années. Et donc mon engagement aujourd’hui prend son sens à travers ce combat-là », revendique-t-il. Et ceci, selon lui, en phase avec le NFP, qui « estime que l’enfance et les problématiques liées à l’enfance […] méritent un traitement tout particulier, notamment en ce moment à l’Assemblée nationale ».
Le candidat porte le projet d’une grande réforme de l’Aide sociale à l’enfance, tant en matière d’organisation que de moyens. Parmi ses propositions : l’étatisation de l’ASE. « Je crois que les départements, depuis les lois de décentralisation dans les années 80, ont fait preuve de beaucoup d’irresponsabilité », lance-t-il. Sans épargner le Département de l’Isère, en évoquant à son sujet des « maltraitances institutionnelles très graves dans certains établissements », ou « des enfants jetés à la rue après leur placement ».
Et si Lyes Louffok se dit « suffisamment grand pour faire [ses] propres choix en dehors de toute pression », il n’en affiche pas moins sa solidarité avec le programme du NFP. Qui serait, à ses yeux, « la seule issue à la crise démocratique […], à la crise sociale et écologique que nous traversons ». Le candidat ne s’interdit pas, en revanche, d’aller plus loin dans le programme en question, sur la santé ou l’enfance, « à condition que ce soit des mesures qui fassent consensus avec l’ensemble des partis et des représentants du Nouveau Front populaire ».
Une réflexion sur « Lyes Louffok, candidat à la législative partielle : « En quelque sorte, je n’ai jamais eu d’ancrage nulle part » »
Grenoble, un nulle part de plus.