FOCUS – Alors que le Conseil départemental votera le schéma départemental des Espaces naturels sensibles (ENS) le 27 septembre 2024, le Groupe Isère écologie et solidarités s’est réuni en amont dans ses locaux grenoblois pour discuter des éléments qui, selon lui, constituent des faiblesses du dossier. Pour les écologistes, le Département délaisse les ENS au profit de la maîtrise du foncier.
Le Conseil départemental de l’Isère votera pour le schéma départemental des Espaces naturels sensibles (ENS) le 27 septembre 2024. Afin d’en discuter en amont et de relever ce qu’il considère comme des problèmes, le groupe d’opposition Groupe Isère écologie et solidarités (GIES) s’est réuni le 19 septembre dans ses locaux grenoblois. Pour les écologistes, le Département délaisse, voire renonce, aux ENS et leur préfère une bonne gestion du foncier.
Les trois-quarts des zones de biodiversité prioritaires non protégés en Isère
« L’Isère est deux fois plus riche que le reste de la France en termes de biodiversité, a expliqué Marie Questiaux, élue GIES au Conseil départemental. Le territoire comprend des espèces déterminantes dont il faut préserver le milieu. »
C’est pourquoi, dans un rapport, le Département annonce vouloir labelliser les ENS « protection forte ». Si le GIES explique y être favorable, il estime que la collectivité ne mène pas d’actions suffisantes en ce sens : il ne protège qu’un quart des zones de biodiversité prioritaires (Znieff). Ce alors qu’il y en a deux fois plus en Isère que dans le reste de la France : elles couvrent 20 % du département.
Autre élément mis en avant : il existe aujourd’hui 146 ENS en Isère et le Département n’est à l’initiative que de 19 d’entre eux. Des communes et intercommunalités ont créé les autres. « L’objectif du rapport qui sera soumis au vote le 27 septembre sera de passer à 150 ENS. Autant dire que cela n’est pas suffisant alors qu’il y a pourtant un besoin criant de sauvegarder la biodiversité, qui continue de s’effondrer », souligne Jérôme Cucarollo, élu GIES au Département.
Antagonisme entre préservation de la biodiversité et gestion du foncier
Marie Questiaux a relevé que le Département maîtrisait le foncier à 50 %, voire à 60 %, « ce qui est bien par rapport à d’autres départements. Mais nous ne voulons pas que cette gestion se fasse au détriment des ENS » a‑t-elle ajouté.
Il y aurait, selon le groupe d’opposition, un décalage entre les demandes des communes et les réalisations du Département. Les premières constatent qu’il est beaucoup trop difficile de mettre seules en place des ENS et attendent du Département de l’ingénierie. Elles se plaignent également du fait qu’il ne réponde pas à leurs demandes de labellisation et qu’elles ne possèdent pas suffisamment de fonds pour s’en charger, contrairement à lui. Enfin, les temps d’attente pour que les dossiers soient traités auprès des notaires sont trop longs : les maires doivent patienter un à deux ans en moyenne.
Et pour les élus du GIES, la taxe d’aménagement – recette dont bénéficie le Département – serait mal utilisée. Celle-ci doit en effet être dédiée à la préservation de la biodiversité et financer des mesures compensatoires aux travaux d’urbanisation et d’aménagement du territoire. En clair, si la nature est détruite d’un côté, elle doit être reconstruite de l’autre. « Aujourd’hui, cette taxe rapporte 16,5 millions d’euros au Département. Pourtant, il n’en dépense que 7 millions pour les ENS », déplore Marie Questiaux.
Les élus écologistes dénoncent ainsi une mauvaise utilisation de cet argent et citent l’exemple des jardins du Musée dauphinois. La taxe d’aménagement aurait financé à hauteur d’un million d’euros leur restauration. Or, un jardin de ville n’est pas un ENS.
La (non) réponse du président du Département
Interrogé sur les critiques du groupe IES, le président du Département Jean-Pierre Barbier a fait savoir qu’il répondrait durant la séance publique du vendredi 27 septembre. « On a les réponses à tout ça », a indiqué l’élu. Non sans afficher son dédain à l’égard du groupe d’opposition : « Le groupe IES fait de la politique et c’est bien normal, il faut bien qu’il fasse quelque chose. J’espère simplement qu’on leur donnera la place qu’ils méritent, c’est-à-dire quatre conseillers départementaux. »
Une réflexion sur « Les écologistes accusent le Département de l’Isère de renoncer aux espaces naturels sensibles »
Où en est l’enquête pour soupçons de favoritisme envers J. Cucarollo venant de la Ville de Grenoble pour un montant de 60 000 euros ?
https://www.placegrenet.fr/2023/02/11/grenoble-emilie-chalas-soupconne-une-infraction-sur-des-marches-publics-passes-par-le-ccas-et-saisit-le-procureur/592873