FLASH INFO – L’affaire des cadeaux du groupe Urgo à des pharmaciens a des répercussions en Isère. Entre 2015 et 2021, pas moins de 8 000 pharmaciens auraient perçu dans l’Hexagone des cadeaux en nature de la part du laboratoire, comme des montres ou du champagne, pour les inciter à renoncer à une remise commerciale au profit de leur officine. En Isère, 85 professionnels seraient concernés.
Les pharmaciens en question sont sous la coupe d’une procédure pénale pour avoir accepté des cadeaux en nature du laboratoire Urgo aux montants variables. Parmi ces 85 professionnels isérois, 32 sont mis en cause pour des cadeaux d’une valeur inférieure à 1 500 euros, 49 pour des cadeaux d’une valeur comprise entre 1 500 et 15 000 euros… et quatre pour des cadeaux d’une valeur supérieure à 15 000 euros, selon le procureur de la République Éric Vaillant cité par France Bleu.
Le montant des cadeaux acceptés n’a rien d’anecdotique, puisque celui-ci conditionne les peines encourues. Les “petits” cadeaux peuvent ainsi se solder par un rappel à la loi assorti d’une indemnisation à destination de l’Ordre des pharmaciens. En revanche, les cadeaux d’une valeur excédant 1 500 euros peuvent conduire à des sanctions pénales et ceux d’une valeur dépassant les 15 000 euros à une comparution devant le tribunal correctionnel.
Ce sont 85 pharmaciens qui seraient mis en cause en Isère dans la cadre de l’affaire des cadeaux du laboratoire Urgo. DR
La pratique des “donations” en nature à des pharmaciens par les laboratoires est prohibée par la loi depuis 1998. Plus précisément, le texte législatif (modifié depuis) interdisait « de recevoir des avantages en nature ou en espèces, sous quelque forme que ce soit, d’une façon directe ou indirecte », de la part d’entreprises dont les prestations ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale. Le législateur excluait toutefois « l’hospitalité offerte » par les laboratoires dans le cadre de certains événements.
L’affaire des cadeaux d’Urgo a également pris une dimension politique lorsque Mediapart a révélé que la ministre Agnès Firmin Le Bodo faisait partie des personnes mises en cause pour avoir perçu des dons en nature d’un montant supérieur à 20 000 euros entre 2015 et 2020 alors qu’elle était pharmacienne au Havre. Celle qui a été (notamment) ministre de la Santé par intérim après la démission d’Aurélien Rousseau nie pour sa part tout conflit d’intérêts.