DÉCRYPTAGE – La Cour des comptes a publié, mardi 6 février 2024, un rapport sur « les stations de montagne face au changement climatique ». Elle déplore notamment le manque d’adaptation et d’anticipation des stations et des collectivités territoriales, pointant l’essoufflement d’un modèle beaucoup trop dépendant du ski et de la neige. D’où des prévisions pessimistes pour 2050. Les magistrats financiers recommandent donc une nouvelle gouvernance dépassant le cadre communal ainsi qu’une réorientation de l’aide publique vers la transition écologique et la diversification des activités.
[Article publié le 7 février 2024 à 10 h 59 et mis à jour le 5 mars 2024 à 14 h 26 avec encadré réaction du groupe écologiste à la Région] « Toutes les stations seront plus ou moins touchées à horizon 2050 » et seules « quelques stations » peuvent « espérer poursuivre leur exploitation au-delà de cette échéance ». Telles sont les prévisions de la Cour des comptes, qui tire la sonnette d’alarme dans un rapport, rendu public mardi 6 février 2024, sur l’avenir des stations de ski face au changement climatique.
Le document de 147 pages a été produit au terme d’une enquête d’ampleur inédite, avec un audit de 42 stations « de toutes tailles » réparties entre les Alpes, les Pyrénées, le Massif central et le Jura. Une base de données compilant les statistiques de quelque 200 stations de ces différents massifs a par ailleurs été constituée, afin de permettre une analyse « plus exhaustive ».
La Cour des comptes pointe « l’essoufflement du modèle du ski français »
Les premières conclusions sont sans appel. « L’essoufflement du modèle du ski français est évident », souligne Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, qui a présenté le rapport, mardi matin. Celui-ci rappelle ainsi que le système français, basé sur le « soutien de l’État » et le « rôle clé » des communes, constitue « une exception ». Les remontées mécaniques, qualifiées de service public en France, relèvent en effet dans les autres pays « du secteur privé ».
Problème : aujourd’hui, ce modèle est « fragilisé », à cause de plusieurs facteurs. Tout d’abord car « les régions de montagne sont particulièrement vulnérables face au changement climatique », précise Pierre Moscovici. « La hausse des températures est plus importante en montagne qu’en plaine », ajoute-t-il. Et ce, même si les stations sont inégalement touchées, celles « des Alpes du Nord [étant] moins vulnérables que les stations des Alpes du Sud ».
Une situation qui « aggrave l’impact du ski sur les finances publiques »
Les projections climatiques des scientifiques ne sont d’ailleurs guère optimistes. En moyenne montagne, « l’épaisseur du manteau neigeux devrait diminuer de 10 à 40 % » – selon les lieux – d’ici à 2050, illustre ainsi le président de la Cour des comptes. Selon le rapport, « dans les Alpes, entre 1971 et 2019, la période d’enneigement s’est réduite d’environ un mois en dessous de 2 000 m d’altitude ».
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Une réflexion sur « Changement climatique : les stations de ski épinglées par la Cour des comptes, qui souhaite réorienter l’aide publique »
Quand pour le tourisme, tu es en montagne et que tu n’as pas la mer 😏