EN BREF – Plusieurs centaines de personnes ont assisté, mardi 30 janvier 2024 au soir, à Échirolles, à une conférence-débat organisée par l’Association France Palestine solidarité (AFPS), avec Salah Hamouri, avocat franco-palestinien et ancien prisonnier en Israël, et Alain Gresh, directeur du journal en ligne Orient XXI. L’évènement avait pourtant été interdit en dernière minute par la préfecture de l’Isère.
[Article publié le 31 janvier 2024 à 11 h 05 et mis à jour à 19 h 28 avec commentaires de l’AFPS] Entre 2501selon la police et 700 personnes2selon les organisateurs se sont retrouvées, mardi 30 janvier 2024 au soir, à la salle des fêtes d’Échirolles, avenue du 8 mai 1945, pour écouter les deux invités de l’Association France Palestine solidarité (AFPS) : l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri et le directeur du journal en ligne Orient XXI Alain Gresh. Une conférence-débat pourtant interdite par le préfet.
Plusieurs centaines de personnes ont assisté à la conférence-débat de l’AFPS à Echirolles, malgré l’arrêté d’interdiction du préfet. © AFPS / Facebook
« Quinze minutes après l’ouverture des portes, les organisateurs ont été informés d’une interdiction du préfet. C’est illégal et nous allons poursuivre », annonçait ainsi l’ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, sur X (ex-Twitter), en début de soirée. La Direction départementale de la sécurité publique de l’Isère (DDSP 38) indique quant à elle que des policiers se sont rendus sur les lieux vers 18 heures, afin de faire signer l’arrêté préfectoral d’interdiction.
Un point qui fait débat. « C’est à 19 h 15 que l’interdiction nous a été notifiée par une fonctionnaire de police », a ainsi contesté l’AFPS. « La conférence était annoncée à 19 h 30 et l’ouverture des portes à 19 heures : au moins 300 personnes étaient déjà présentes quand la police s’est présenté sur place. Annuler la conférence dans ces conditions aurait été bien plus source de troubles à l’ordre public que de la maintenir », a ajouté l’association.
En cause, le profil jugé sulfureux de Salah Hamouri
Le préfet Louis Laugier invoquait la crainte « d’incidents et de confrontations » ainsi que sa « vigilance » quant au risque « d’actes antisémites » liés au conflit au Proche-Orient. En cause plus particulièrement, le profil jugé sulfureux de Salah Hamouri. L’avocat franco-palestinien a été expulsé vers la France fin 2022, après plusieurs mois de détention administrative en Israël où il était incarcéré sans accusation formelle.
Plusieurs fois détenu en Israël, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri est soutenu par beaucoup à gauche mais dénoncé comme un soutien du terrorisme par les pro-israéliens. © AFPS / Facebook
Avant cela, Salah Hamouri avait été arrêté pour la première fois par les services de sécurité israéliens en 2005. Il était alors soupçonné d’avoir participé à la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël et fondateur du parti ultra-orthodoxe Shas, et de soutenir le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), classé sur la liste des organisations terroristes. Des accusations qu’il a toujours contestées.
« Pas de trouble à l’ordre public »
Libéré de manière anticipée en 2011, dans le cadre d’un échange de prisonniers palestiniens contre Gilad Shalit, Franco-Israélien kidnappé par le Hamas, Salah Hamouri avait été détenu de nouveau à deux reprises depuis. Soutenu par plusieurs associations et partis de gauche et d’extrême gauche en France, qui évoquaient une détention « arbitraire » et une expulsion « illégale », il était en revanche qualifié de partisan du terrorisme par ses opposants.
Le Crif Grenoble-Dauphiné s’était notamment félicité de l’interdiction préfectorale, dénonçant par la voix de son président, l’avocat Hervé Gerbi, un « discours porteur de haine ». Mais, selon la DDSP 38, l’AFPS n’a « pas tenu compte de l’arrêté », à Échirolles. Il n’y a cependant « pas eu de trouble à l’ordre public », a admis la police, un service d’ordre de 25 personnes assurant d’ailleurs la sécurité de l’évènement.
« Ne souhaitant absolument pas générer de trouble à l’ordre public et après avoir consulté notre avocat qui nous a signalé l’illégalité manifeste de cet arrêté d’interdiction, nous avons maintenu la conférence qui s’est, comme prévu, déroulée sans incident, ni trouble à l’ordre public, ni confrontation », a commenté l’AFPS. Et ce, a‑t-elle conclu, « comme tous les événements que nous organisons depuis des années à Grenoble et en Isère ».