FOCUS - Après une saison 2022 synonyme de surproduction et de vente à perte, les producteurs de noix de Grenoble connaissent une année 2023 catastrophique avec, cette fois, une forte baisse de la production et de la qualité. En cause, les conditions climatiques et notamment les chutes de grêle à répétition. Reçus lundi 30 octobre par le ministre de l'Agriculture, les nuciculteurs tirent la sonnette d'alarme et espèrent que le dispositif d'indemnisation annoncé pour la récolte de 2022 sera suivi de nouvelles aides.
"La situation est critique", se désespère Alexandre Escoffier. Vice-président de la Chambre d'agriculture de l'Isère, le nuciculteur exploite 43 hectares de noyers, dont 38 en AOP noix de Grenoble, à Beaulieu, dans le Sud-Grésivaudan. "Cette année, j'ai 80 % de pertes, avec 10 tonnes récoltées, au lieu de 75 habituellement", déplore-t-il. Un constat valable - à des degrés divers - pour les quelque 700 producteurs de noix de Grenoble, en ce début novembre 2023.
Problème : cette récolte "catastrophique" survient après une saison 2022 déjà très compliquée... Pour des raisons cependant totalement inverses. "L'année dernière, on a eu trop de noix", indique Alexandre Escoffier. Conséquence de cette surproduction, impossible pour les nuciculteurs, comme pour leurs acheteurs (coopératives et négociants privés), d'écouler de telles quantités.
"Dans les secteurs touchés par la grêle, comme à Poliénas ou Beaulieu, on a récolté seulement 200 kilos par hectare. Une production normale, c'est environ 2 tonnes par hectare."
"Beaucoup ont dû vendre à perte et les prix ont dégringolé", explique le vice-président de la Chambre d'agriculture, qui évoque la "forte concurrence venue du Chili et des États-Unis, où les prix sont très bas". Plongée dans la crise, après des années d'embellie, la filière noix espérait redresser la barre en 2023. Mais la surproduction de 2022 a donc laissé place, pour l'exercice actuel, à des récoltes en chute libre.
"Dans les secteurs touchés par la grêle, comme à Poliénas ou Beaulieu, on n'a quasiment rien eu, seulement 200 kilos par hectare", souligne Alexandre Escoffier. "Une production normale, c'est environ 2 tonnes par hectare", compare-t-il. De manière générale, tous les producteurs de noix de Grenoble ont vu leur production plonger cette saison : une baisse allant de 50 à 60 %, pour les mieux lotis, à 80 %, voire davantage, pour les moins chanceux.
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Une réflexion sur « Isère : les producteurs de noix de Grenoble appellent à l’aide après une nouvelle saison catastrophique »
J’aime pas trop tirer sur les ambulances, et critiquer une profession aussi dure et incertaine que le métier d’agriculteur, Mais :
1- Beaucoup d’agriculture en sont arrivés à une quasi monoculture, car rien ne paye (payait?) aussi bien que la noix. L’appât du gain leur a fait oublier la base de l’agriculture, la diversification des cultures.
2- Les agriculteurs me semblent ils devraient être les premiers à savoir que le climat change et que les cultures d’hier ne seront plus valables demain, mais le point 1 a fait qu’ils se sont accrochés à leurs noix.
3- C’est encore nous (l’état) qui allons payer le manque de sérieux des nuciculteurs isérois.
4- Les aides iront en majorité aux plus riches et aux plus inconséquents des agriculteurs, alors que ce.lles.ux qui font une agriculture différente, consciente des enjeux actuels et respectueuse de l’environnement et des humains (consommateurs ou riverains), n’auront pas grand chose.