DROIT DE SUITE – « Il me semblait que vous aviez compris que [votre intervention] n’appelait aucune réponse de notre part ». Telle est, en partie, la réponse en date du 16 juin 2023 que la première vice-présidente de la Région Aura Stéphanie Pernod a adressé à la demande du conseiller régional d’opposition Stéphane Gemmani. Celui-ci avait interpellé l’exécutif régional sur les subventions accordées à des établissements religieux au sein desquels des faits de pédocriminalité feraient l’objet d’enquêtes judiciaires.
Le 10 mars 2023, l’élu (grenoblois) du groupe Socialiste et démocrate rappelait les conclusions du rapport Sauvé, qui recensait au moins 330 000 victimes d’abus sexuels au sein de l’Église entre 1950 et 2020. Stéphane Gemmani adressait ainsi à la Région la demande d’un « état des lieux » en direction des institutions religieuses subventionnées, pour s’assurer qu’aucune d’entre-elle n’étaient concernée pas des faits de cette nature. C’est peu dire que l’intervention du conseiller régional n’a pas été accueillie avec bienveillance.
« Comment votre groupe politique ose poser ce sujet aujourd’hui?[…] Je trouve ça incroyable que vous fassiez ça aujourd’hui. Hallucinant ! », avait en effet réagi la première vice-présidente. Pourquoi une telle indignation ? Lors de la même séance publique, le conseiller régional Samuel Arnaud était de retour dans l’hémicycle, alors qu’il est mis en examen pour agressions sexuelles sur mineures. Stéphane Gemmani rappelle pourtant que l’élu a été exclu du groupe socialiste « dans la demi-heure suivant la révélation de cette affaire ».
Après avoir vivement réagi à la demande de Stéphane Gemmani lors du conseil régional, la vice-présidente de la Région Aura Stéphanie Pernod a finalement répondu à l’élu… tout en considérant que sa demande « n’appelait aucune réponse ». © Place Gre’net
Faute de réponse deux mois plus tard, l’élu remettait une pièce dans la machine le 29 mai en dénonçant une « omerta sur les faits de pédocriminalité en Auvergne-Rhône-Alpes ». Communiqué qui a (finalement) fait réagir la Région. « Il [n’est pas] prévu de “faire un état des lieux des financements accordés aux établissements au seins desquels des faits de nature pédocriminels font l’objet d’une enquête de la justice”, ce qui relèverait assurément d’une étrange conception de la justice de votre part », assène la collectivité.
« Une réponse scandaleuse, déformée eu égard à la question, et donc, une nouvelle fois d’une malhonnêteté dramatique de la première vice-présidentes sous la dictée du président », commente sur les réseaux sociaux le conseiller régional, non sans accuser la Région de « parfaire le clientélisme qu’a installé cette majorité ». En 2022, la Région coupait les vivres à la Ville de Grenoble pour avoir autorisé le burkini, après avoir supprimé les subventions de Science Po Grenoble en 2021 pour « pratiques communautaristes ».