FOCUS — Les diocèses de Grenoble-Vienne, Lyon et Saint-Étienne reviennent sur les abus sexuels commis par le prêtre Louis Ribes dans les années 70 et 80, mis au jour en 2021. À ce jour, ce sont 48 témoignages qui ont été identifiés. Tandis que les œuvres du prêtre, surnommé le « Picasso des églises », ont été retirées des lieux de culte où elles étaient exposées.
Les révélations sur les « agissements » de Louis Ribes continuent de secouer les diocèses de Lyon, de Saint-Étienne et de Grenoble-Vienne. En milieu d’année 2021, les premiers témoignages se sont fait entendre, accusant le prêtre surnommé le « Picasso des églises » d’abus sexuels sur des enfants. Puis, en octobre, a suivi la prise de parole d’une victime auprès de Marianne. Qui, comme souvent, en a suscité de nombreuses autres.
Dernier “bilan” des trois diocèses ? Suite à l’organisation de trois réunions durant le mois de janvier 2022, la première à Pomeys (Rhône), la seconde à Grammond (Loire) et la troisième à Vienne, ce sont en tout 48 témoignages qui ont été recueillis. Soit 19 par le diocèse de Lyon, 18 par celui de Saint-Étienne et 11 par celui de Grenoble-Vienne. Un collectif de victimes a par ailleurs vu le jour, auquel il est possible de s’adresser par courriel.
Des œuvres retirées… et des dessins détruits
Louis Ribes ne sera pas inquiété pour ses agissements, commis dans les années 1970 et 1980 : il est décédé en 1994, à l’âge de 73 ans. Mais les révélations qui se sont succédé depuis la fin de l’année 2021 ne sont pas sans conséquences. Le diocèse de Lyon a ainsi annoncé que les œuvres réalisées par le prêtre et actuellement exposées dans des lieux de culte seraient retirées.
Un mois après l’annonce, c’est chose faite, écrivent les trois diocèses. À une exception : « Une seule [œuvre], monumentale, n’ayant pu encore être déposée, est provisoirement recouverte ». Les réalisations « clairement identifiées comme étant l’œuvre d’une personne pédocriminelle, et ne devant pas être exposées, par respect pour ceux qui ont été agressés » sont désormais stockées dans des locaux non accessibles au public.
Quid des « photos et croquis d’enfants » réalisés par le prêtre, par ailleurs réclamés par des participants à la réunion organisée à Vienne, comme le relate France 3 ? Ceux-ci auraient été « brûlés par un prêtre et une personne laïque » au moment de leur découverte, à la mort du prêtre. Si le diocèse de Lyon se refuse à qualifier formellement la nature des dessins, il indique que la personne qui les a découverts s’est déclarée « horrifiée ». Ce n’est qu’en janvier que les diocèses ont appris que les réalisations avaient été détruites. Et l’ont signalé à la justice.
Une « cellule de coordination interdiocésaine » mise en place
Comment les agissements du prêtre ont-ils pu rester secrets si longtemps ? « La parole des quelques personnes qui se sont exprimées n’a pas été prise en compte », reconnaissent aujourd’hui les diocèses. Qui indiquent ne pas trouver de témoignages dans leurs archives avant 2015. Ce n’est pourtant que six ans plus tard, et après la publication du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église, que les faits seront révélés.
« Tout cela a mis en lumière la nécessité de mieux nous coordonner et nous organiser pour signaler les faits et répondre aux demandes des victimes », indique le communiqué. Tout en mentionnant la création d’une « cellule de coordination interdiocésaine », ainsi que la mise en place de solutions quant à « certains manquements en termes d’archivage ou de transmission des informations à la hiérarchie ».
Enfin, se pose encore une fois la question des réparations vis-à-vis des victimes, notamment en matière d’indemnisations. Sur ce sujet, les trois diocèses « rappellent que les évêques de France ont mandaté et financé une Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation qui sera opérationnelle dès la fin du mois ». « Nous souhaitons de tout cœur qu’elle puisse aider les personnes victimes », concluent-ils.