FOCUS – Une dizaine de parents se sont rassemblés avec leurs enfants ce mercredi 31 mai 2023, devant le rectorat de Grenoble, pour défendre l’instruction en famille (IEF). La loi « séparatisme » du 24 août 2021 a en effet durci l’accès à ce mode d’apprentissage, soumis à une autorisation préalable depuis la rentrée de septembre 2022. Selon les adeptes de l’école à la maison, les refus deviennent ainsi quasi systématiques, en Isère, de la part des services de l’Éducation nationale.
Ils disent entrer en « résistance » et en « désobéissance civile ». Une dizaine de parents isérois, accompagnés d’une partie de leurs enfants, se sont donné rendez-vous, en milieu de matinée, devant le rectorat de Grenoble pour « défendre la liberté d’instruction ». Et plus précisément l’instruction en famille (IEF). Ce mercredi 31 mai 2023 marque en effet la date limite de dépôt des demandes d’autorisation auprès de la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) de l’Isère.
Des familles se sont réunies devant le rectorat, mercredi 31 mai 2023, pour défendre l’instruction en famille, qui leur est de plus en plus souvent refusée selon elles. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Une démarche qui, à en croire ces familles, relève du parcours du combattant depuis deux ans. En cause, la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République », dite loi « séparatisme », qui a compliqué l’accès à l’école à la maison depuis la rentrée de septembre 2022. Mais en réalité, « le régime de l’instruction en famille s’est durci en plusieurs années », explique Boise Antelme, mère d’un enfant de 11 ans en IEF, à Eybens, et militante convaincue.
« En 2019, l’instruction est devenue obligatoire à 3 ans »
« Avant 1998, il n’y avait même pas de contrôles », raconte-t-elle. « Puis, à partir de 2019, l’instruction est devenue obligatoire à 3 ans… Ce qui pour moi est un non-sens : on s’instruit tout le temps mais il n’y a pas besoin de le rendre obligatoire dès 3 ans. Plein de familles ont alors déscolarisé leurs enfants. » Idem, ensuite, avec « le confinement », puis « les masques » à l’école. Deux décisions qui, selon elle, ont également « fait augmenter les chiffres ».
« C’est à ce moment-là qu’Emmanuel Macron a fait une interview télévisée où il a dit, le 2 octobre 2020, qu’il voulait rendre l’école obligatoire », poursuit Boise Antelme. « Après, il s’est repris dans sa communication : maintenant, il ne parle plus d’école obligatoire mais dans la réalité, c’est ça. »
Car entre-temps, la loi du 24 août 2021 a conditionné le droit de pratiquer l’instruction en famille à une autorisation préalable. Les manifestants accusent ainsi le président de la République d’avoir « utilisé la lutte contre le séparatisme comme prétexte ».
« Il y a 100 % de refus en Isère pour le motif 4 : “l’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif spécifique”. »
Concrètement, l’IEF est devenue dérogatoire et les contrôles sont renforcés. Pour justifier la demande et obtenir le sésame des services académiques, il faut répondre à l’un des quatre motifs fixés. « Le motif 1, c’est la situation médicale (maladie, handicap…) ; le 2, pratique intensive d’un art ou d’un sport ; le 3, l’itinérance de la famille ; et le 4, “l’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif spécifique” », détaille Fanny1Le prénom a été modifié.
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