PORTRAIT – À 24 ans, la villardienne Juliette Ducordeau est arrivée 16e aux Championnats du monde de ski nordique sur le 30 km classique, début 2023. Soit le meilleur score jamais obtenu par une Française dans cette catégorie. Ce qui lui vaut d’être sélectionnée en équipe de France de fond 2023 – 2024, après en avoir été exclue la saison précédente. Retour sur le parcours accidenté de cette étoile montante du ski de fond français.
Juliette Ducordeau est de retour en équipe de France de fond 2023 – 2024, grâce notamment à de bons résultats sur les Championnats du monde de Planica. La Fédération française de ski vient de l’annoncer. Une belle revanche pour la jeune Villardienne qui avait été exclue de cette même équipe la saison précédente, suite à une blessure.
A 24 ans, la fondeuse a en effet déjà un beau parcours derrière elle. « Mes parents m’ont mise sur les skis à 4 ou 5 ans », rappelle celle dont le père a été coach du club de Villard-de-Lans pendant plus de vingt ans. « Ils ont toujours été des passionnés de ski de fond ! »
Juliette a ainsi disputé sa première compétition à 9 ans : la coupe du Dauphiné. Très rapidement, la jeune skieuse s’est sentie à sa place dans cet univers et a souhaité progresser. « J’allais au club avec mes amis, c’était vraiment une bonne ambiance. Skier, c’était un plaisir pour moi. J’ai enchaîné quelques compétitions. Après, au collège, j’ai pu intégrer la classe sportive qui permet d’allier les cours et le sport », poursuit Juliette.
« Au lycée, je me suis frottée au biathlon. Mais j’ai rapidement arrêté ! »
Les compétitions s’enchaînent et Juliette se fait une place dans le monde du ski de fond, où elle obtient de bons résultats. « Au lycée, je me suis frottée au biathlon mais j’ai rapidement arrêté ! Ce n’était pas fait pour moi, je tirais mal », plaisante l’athlète.
Grâce au système mis en place au lycée de Villard-de-Lans, Juliette choisit alors de passer son baccalauréat en quatre ans, afin de pouvoir concourir dans de plus grosses compétitions, tout en gardant un pied dans les études. Lors de sa dernière année, elle intègre l’équipe de France jeune de ski de fond.
La jeune sportive s’inscrit à la fac mais, les entraînements lui prenant de plus en plus de temps, elle n’arrive pas à mener de front études universitaires et sport de haut niveau. Juliette se réoriente alors vers une école de management à Grenoble, Gem. « Ils offrent un programme vraiment pertinent pour les sportifs de haut niveau. Je travaille en distanciel. Cela me permet d’avoir un équilibre entre le sport et les études », explique la skieuse. Résultat : elle dispute sa première coupe du monde en Norvège en 2019 et termine 50e.
« Et d’un coup, voilà que la blessure arrive ! »
« J’ai commencé 2020 avec une très bonne préparation, se rappelle Juliette Ducordeau. Et d’un coup, voilà que la blessure arrive ! » Une blessure au genou lors d’un entraînement en Suisse, en novembre. Suite à cela, la skieuse de l’équipe de France se retrouve en béquilles et en ‘réathlétisation’ durant toute la saison 2020 – 2021. Une « saison blanche », c’est-à-dire sans compétitions.
Coupe du monde des Rousses dans le Jura, février 2023 © Dans les yeux d’Elsa
« C’était extrêmement dur, mentalement. Après l’accident, j’ai eu l’appréhension de me remettre sur les skis », confie Juliette. La sportive se remet en jambe petit à petit, mais celle-ci a perdu son niveau. « Les autres progressent et, toi, tu régresses car tu ne peux plus t’entraîner. On a l’impression de perdre du temps. Les blessures dans le ski, ou plus généralement dans le sport de compétition, c’est assez dur de s’en relever et de revenir au niveau que l’on avait avant », témoigne-t-elle. Suite à une saison 2021 – 2022 décevante, Juliette doit quitter l’équipe de France.
« C’était la meilleure saison de toute ma carrière » estime Juliette Ducordeau
Décidée à retrouver son niveau, Juliette redouble d’efforts, avec environ dix entraînements par semaine. « La saison 2022 – 2023 se passe super bien, explique l’athlète. Quand on est vraiment passionné par quelque chose dans la vie, on se bat pour ça et ça finit par payer ! » Juliette s’entraîne alors avec la Team Vercors Isère, une structure privée basée sur le plateau du Vercors. « C’était la meilleure saison de toute ma carrière. J’avais besoin d’un électrochoc », ajoute-t-elle.
Et les classements le démontrent : 12e en Coupe du Monde, avec plus de 15 départs, 16e aux championnats du monde sur le 30 km, ou encore 2e à la Coupe d’Europe en individuel. Un beau palmarès pour la Villardienne qui a pu réintégrer l’équipe de France tout en restant sponsorisée par Villard-de-Lans, sa ville d’entraînement depuis toujours.
« Pour ce qui est des années à venir, compte tenu des résultats de cette année, mon but est de skier en Coupe du Monde toute la saison prochaine, et pourquoi pas chercher des top 15 ou des top 10 plus régulièrement », déclare la sportive. Son objectif à moyen terme ? Participer aux Jeux olympiques de Milan en 2026.