DECRYPTAGE – Et si parler « d’or bleu » était déjà une réalité ? Avec ses massifs enneigés, le département de l’Isère semblait protégé mais les sécheresses s’accumulant, les ressources en eau pourraient venir à manquer. Car les montagnes iséroises souffrent aussi du réchauffement climatique. En Belledonne par exemple, la neige fond prématurément, les lacs se vident et les rivières s’assèchent. Une menace directe pour les organismes vivants.
Eau désespoir ! Depuis le 22 juillet 2022, tous les secteurs de montagne en Isère sont en alerte sécheresse. Niveau 4 sur 4. Situation de « crise ». Les usages non prioritaires de l’eau sont limités, et certains villages comme Miribel-les-Echelles (Chartreuse) subissent déjà des coupures d’eau. Une sécheresse nationale, également visible jusque sur les hauteurs du massif de Belledonne.
Entre fonte des neiges, absence de pluie, niveau des lacs en baisse et rivières asséchées, la canicule n’a pas épargné les territoires de montagne. Un événement inquiétant pour le monde du vivant.
Une chaleur intense en montagne et une fonte des neiges précoce
« À ce déficit pluvieux s’ajoute un stock de neige historiquement bas pour un mois de juillet, ce qui rend la situation de sécheresse des eaux superficielles des territoires de montagne alarmante », constate la préfecture de l’Isère.
Avec déjà quatre alertes canicule depuis juin 2022, l’Isère affronte des températures exceptionnelles. Et, contrairement aux idées reçues, les zones de montagne ne sont pas épargnées par la sécheresse. Par conséquent, les réserves en neige qui pouvaient auparavant survivre à l’été disparaissent maintenant dès le milieu d’année.
La blancheur des paysages laisse une place prématurée à la grisaille des pierriers. Dès le début du mois de juillet, il n’y avait ainsi plus aucune trace de neige au Lac de Crop, à 1900 m d’altitude, en Isère. Pourtant, c’est elle qui permet un maintien relativement élevé du niveau du lac en été, lorsque les pluies peinent à compenser l’infiltration naturelle de l’eau.
Une situation exceptionnelle, mais qui se répète depuis quelques années. Pourtant, il y a peu, le lac demeurait entouré de névés jusqu’en août. Un paysage désormais de moins en moins fréquent, partout en Belledonne.
Et ce changement de climat altère bien plus que la seule beauté hivernale du lac. Il affecte de surcroît la nature. « L’accélération du développement des organismes au printemps est général », explique Isabelle Chuine, chercheuse au CNRS, au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive. En d’autres termes, la végétation se développe de plus en plus tôt dans l’année.
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