FOCUS – Dépassé, l’écran géant ? À Grenoble, à l’heure des plate-formes numériques, une poignée de passionnés continue de défendre le plaisir des projections en salles. Leur Maudit Festival privilégie des films atypiques, toutes nationalités et époques confondues. Prometteuse, son édition 2023 démarre mardi 31 janvier. Tour d’horizon.
Dans la grande famille du septième art, je demande les cousins un peu dingues. Bonne pioche avec l’association Terreur Nocturne : les organisateurs du Maudit Festival n’ont rien contre les films bizarroïdes. Au contraire, ils en ont fait le premier axe de leur drôle de cinéphilie. Mieux : cela fait même un petit moment que cela dure !
Direction le cinéma Juliet-Berto, à Grenoble, qui accueille le plus gros d’une manifestation atypique aux formes de cinéma “décalées”. Elle s’appuie ici et là sur des invités spécialistes. Mardi 31 janvier, elle débute toutefois avec un cinéaste bien connu : l’Américain Brian DePalma. Au programme : l’un de ses premiers films, Sœurs de sang. Un thriller autour de deux jumelles, toutes deux interprétées par la magnétique Margot Kidder.
Des soirées étonnantes, avec jusqu’à trois films d’affilée
La gémellité est encore au programme du film suivant, Double Destinée, un long-métrage mexicain projeté mercredi 1er février. Si ce n’est leur sang, tout oppose la pauvre et douce Maria à sa frangine, la hautaine et richissime Magdalena. Or, un beau jour, la première nommée décide de commettre l’irréparable. Sur cette base, le Maudit Festival promet « une intrigue retorse et une œuvre à mi-chemin entre le drame et le film noir ». De quoi “mettre en appétit” avant les véritables soirées phares du festival.
Étape suivante jeudi 2 février, autour d’un programme double : Mais ne nous délivrez pas du mal, d’abord, film à la fois sélectionné à Cannes et censuré. Les deux jeunes pensionnaires d’un internat religieux y assouvissent leurs penchants pour le mal. Dans la foulée, les plus courageux enchaîneront avec Baise-moi. Érotico-nihiliste, cette adaptation du roman de Virginie Despentes est présentée comme « un pan essentiel de la contre-culture cinématographique ». Rien de moins ! À réserver à un public (très) averti.
Le lendemain, vendredi 3 février, ce ne sont pas deux, mais trois films qui seront à l’affiche. Dès 20 heures, le Maudit Festival décolle ainsi vers Hong-Kong, avec Infernal Affairs, un polar d’une grande intensité. Dans la foulée, il revient sur place pour A Hero never dies, un Johnny To que même les connaisseurs n’ont pas toujours vu. Aux alentours de minuit, enfin, l’ambiance gothique sera de mise avec The Crow. Ce film-culte est connu comme le dernier de Brandon Lee, fils de Bruce, tué dans un accident lors du tournage.
Une programmation à découvrir à Grenoble… et à Saint-Martin-d’Hères !
Avant d’en finir avec le cinéma Juliet-Berto, les organisateurs ont prévu un dernier tour de piste samedi 4 février. Ce sera pour un diptyque franchement singulier. Début des festivités avec Démons, un film de l’Italien Lamberto Bava, où deux amies assistent à la projection d’un film d’horreur. Dans la foulée, pas le temps de reprendre son souffle ! Frère de sang (alias Basket case) invite à accepter les différences et, pour cela, déploie paraît-il « une esthétique gore et grand-guignolesque ».
Le Maudit Festival s’autorise aussi quelques échappées. Les curieux qui ont raté sa séance de pré-ouverture à Saint-Égrève, le 26 janvier, se rattraperont mercredi 1er février à Mon Ciné (Saint-Martin-d’Hères). Cette fois, le jeune public est le bienvenu pour un film d’animation, L’Étrange pouvoir de Norman, à 14 heures.
Plus déroutant sans doute, The Ballad of Genesis and Lady Jaye dresse le portrait d’un couple amoureux. Pas n’importe lequel : celui d’un homme et d’une femme décidés à ne former qu’un seul être par le biais d’opérations de chirurgie esthétique. Un documentaire projeté à Grenoble, en toute fin de festival, au Ciel, rue Général-Marchand, dimanche 5 février à 14 heures.