FOCUS – Après la disparation de Jean-Luc Godard en septembre, la Cinémathèque de Grenoble programme deux de ses films. Une double curiosité à découvrir vendredi 2 et samedi 3 décembre 2022, avant la clôture du premier cycle de la saison. Mais aussi un hommage au cinéaste franco-suisse qui avait vécu dans la capitale des Alpes au cours des années 1970.
Impossible de passer à côté de Jean-Luc Godard. La Cinémathèque de Grenoble rappelle le souvenir du cinéaste franco-suisse, décédé le 13 septembre 2022 à l’âge de 91 ans. Elle a retenu deux films qui ne sont pas forcément ceux que le grand public connaît le mieux. Une démarche assumée.
« Pour moi, Godard est le plus grand et, qu’on le veuille ou non, il est incontournable, insiste Gabriela Trujillo, directrice de la Cinémathèque. Oublions les préjugés ! Ce n’est pas seulement pour l’histoire du cinéma qu’il a été important, mais aussi pour l’art, les formes, l’expression et l’engagement politique. Godard était partout ! C’est l’un des hommes qui ont fait le XXe siècle et ont permis d’inventer le XXIe avec de nouvelles images. »
Un film de cinéma, un autre de télévision pour célébrer un cinéaste unique
Après une période expérimentale, Jean-Luc Godard décide de retourner vers la fiction à la fin des années 1980. Lors de cette partie de sa vie, il tourne Nouvelle Vague, une rareté projetée au cinéma Juliet-Berto vendredi 2 décembre 2022 à 20 heures. Gabriela Trujillo se réjouit de pouvoir utiliser une copie 35 mm, aidée par la Cinémathèque de Toulouse et Gaumont.
La directrice considère le film « accessible au grand public. Il peut paraître énigmatique, mais il est très beau, divertissant et lisible aussi comme une métaphore du cinéma lui-même ». Dans le casting, des stars : « Alain Delon et Domiziana Giordano, l’actrice de Nostalghia, le film culte d’Andreï Tarkovski ». La projection sera suivie d’un débat avec Vincent Sorel, président de la Cinémathèque, et le chorégraphe Jean-Claude Galotta.
Avec Jean-Pierre Léaud dans l’un des rôles principaux, Grandeur et décadence d’un petit commerce de cinéma sera projeté au cinéma Juliet-Berto le 3 décembre 2022. Une rareté. DR
Samedi 3 décembre, jour anniversaire de la naissance du réalisateur, la Cinémathèque enchaîne avec Grandeur et décadence d’un petit commerce de cinéma, toujours au cinéma Juliet-Berto mais à 17 heures. « Il s’agit d’un film antérieur, sorti en 1985. Il adapte un roman noir avec le duo producteur-réalisateur joué par Jean-Pierre Léaud et Jean-Pierre Mocky. Une autre mise en abyme pour parler du cinéma. »
Conçu pour la télévision, le film tourne dans les salles depuis 2018, dans une copie restaurée. « Nous espérons donc qu’il n’a été que très peu vu… ou que les gens auront envie de le revoir », confie Gabriela Trujillo, qui a prévu un autre échange, cette fois avec Jean-Pierre Andrevon, écrivain et cinéaste.
Un cycle à conclure sur le thème (universel) de la beauté
La Cinémathèque a encore d’autres films dans sa besace pour la fin de l’année et les premiers jours de 2023. Il lui faut en effet clôturer un cycle lancé en septembre, joliment intitulé “Belissima”. « Nous voulions réagir aux injonctions à la beauté et à la perfection », décrypte sa directrice. Fin décembre, ce sera fait avec quatre films très différents. Le 8 décembre, place à un Jean Gabin étonnant de vulnérabilité dans le sublime Gueule d’amour de Jean Grémillon (1937).
Pour compléter son cycle “Belissima”, la Cinémathèque de Grenoble a choisi Actrices, de Valeria Bruni-Tedeschi. Projection le 9 décembre 2022. DR
Le lendemain, changement de décor, avec Actrices, de Valeria Bruni-Tedeschi, campé dans l’univers théâtral. La Cinémathèque s’envolera ensuite vers l’Australie, pour retrouver Kate Winslet dans le Holy Smoke de Jane Campion le 15 décembre. Le 16, elle diffusera le premier film saoudien de l’histoire, réalisé par une femme : Wadjda. Cet épatant film familial suit les pas d’une petite fille qui préfère faire du vélo plutôt que d’aller à l’école coranique.
En janvier, le cycle se terminera avec quatre autres longs-métrages de premier choix. Le 13, pour se faire peur, le public pourra par exemple retrouver Les yeux sans visage, le quasi-film d’horreur de Georges Franju. Le 19 janvier, il retrouvera Josiane Balasko, Carole Bouquet et Gérard Depardieu dans Trop belle pour toi, de Bertrand Blier.
Prête à tout chez Gus van Sant, Nicole Kidman sera à l’affiche de la Cinémathèque de Grenoble le 26 janvier 2023. DR
Nouveau décollage ensuite vers les États-Unis pour revoir Nicole Kidman dans Prête à tout, le 26. Le cycle “Belissima” s’achèvera le lendemain en Italie, avec le film éponyme de Luchino Visconti, un grand drame porté par la magnifique Anna Magnani.
Une précision : hors cycle, deux autres événements sont également au programme du mois de janvier. La Cinémathèque annonce ainsi la projection du Grand Silence de Philip Gröning le 12 – en lien avec le Musée de l’Ancien Évêché – et une soirée consacrée au cinéaste Sébastien Betbeder, primé lors de son dernier Festival du film court, le 20.