FOCUS – Six mois après la signature d’une convention d’engagement, la Ville de Grenoble recevait, mardi 15 novembre 2022, des délégations provenant de cinq autres communes pilotes pour la lutte contre les mégots dans l’espace public, en lien avec Alcome. L’occasion de premiers échanges et de retours d’expérience, afin de constater ce qui marche… et ne marche pas.
En mai 2022, la Ville de Grenoble devenait commune pilote dans la lutte contre les mégots sur l’espace public, via une convention avec « l’éco-organisme » Alcome. Six mois plus tard, mardi 15 novembre, la municipalité a reçu des délégations provenant de quatre autres communes pilotes – Rouen, Châlons-en-Champagne, La Ferté-sous-Jouarre et Megève – pour de premiers échanges et retours d’expérience.
Après une matinée passée à l’hôtel de Ville, les différents participants ont visité les différents “hot-spot” identifiés par la Ville de Grenoble. Autrement dit, les lieux où la prolifération de mégots pose problème. Et où différentes expérimentations ont été mises en place depuis mai pour tenter d’en faire diminuer le nombre. Avec plus ou moins de succès, selon les situations.
Les mégots demeurent sur les marches, quai Perrière… et dans l’Isère
Quai Perrière, là où des marches donnent sur l’Isère et s’avèrent un lieu de rassemblement festif prisé des jeunes, l’adjoint aux Espaces publics de Grenoble ne peut que constater l’inefficacité du cendrier mis à disposition. « Ici, ça ne marche pas, déplore Gilles Namur. On se sent un peu démunis mais je ne vais pas lâcher l’affaire : s’il y a un endroit où il faut éviter de jeter les mégots c’est bien là. Ils vont directement dans la rivière ! »
La rue Bobillot et les Place(s) aux enfants bientôt “non-fumeur”?
La rue Bobillot sera-t-elle “non-fumeur”, comme la Ville en avait émis le souhait en juin 2022 ? Oui, répond Gilles Namur… mais les ambitions ont été revues à la baisse. « Au départ, le projet était de faire toute la rue. Là, on va probablement faire une demi-rue en se focalisant sur le devant de l’école. Sur la partie devant le CCAS, on s’est dit qu’on n’allait peut-être pas embêter les gens tout de suite », explique-t-il.
Mais la rue Bobillot ne serait pas la seule concernée, puisque les rues piétonnisées dans le cadre des Place(s) aux enfants pourraient, elles aussi, être interdites aux fumeurs. Il s’agirait, en somme, de « faire des rues sans tabac », décrit Gilles Namur. Qui n’exclut pas des verbalisations, le cas échéant, tout en prônant en premier lieu la sensibilisation… et en rappelant que des zones non-fumeurs existent déjà en ville, notamment dans les parcs pour enfants.
La frustration est d’autant plus de mise que d’autres expérimentations, à quelques dizaines de mètres de là, donnent pour leur part satisfaction. Notamment place de la Cymaise. « Un seul cendrier a changé la donne », constate Gilles Namur. Pour l’élu, la raison pourrait être simplement la différence de population, entre une clientèle de restaurant sur la place et des regroupements de jeunes souvent alcoolisés sur les quais.
Une situation paradoxale, alors que les jeunes générations se disent sensibles aux questions environnementales… « Il y a des gestes ancrés [comme] le jet de mégot. Le jeune ne se rend même pas compte », juge Gilles Namur. Pour qui le changement de mentalité reste possible, mais s’inscrira dans le temps long. « Il y a trente ans, qui aurait cru qu’aujourd’hui les gens ramasseraient les crottes de chien ? », souligne-t-il.
Une (nouvelle) campagne de communication à venir
Pour l’heure, les communes pilotes en lien avec Alcome mènent des actions de sensibilisation et de communication. Une campagne devrait d’ailleurs prochainement voir le jour à Grenoble. L’un des premiers enseignements que tire Gilles Namur de la rencontre, c’est d’ailleurs qu’il vaut mieux laisser à chaque commune sa liberté d’approche et de ton, en lieu et place d’une communication nationale déclinée dans chaque ville.
« On a nos codes à nous. À Grenoble, on a choisi de valoriser ceux qui font, avec un peu d’humour », explique l’élu grenoblois. Une campagne qui ne sera pas une première. En juin 2018 déjà, la Ville a initié une communication baptisée « Pas sur le trottoir, dans le cendar », qui a permis de distribuer 30 000 cendriers de poche à ce jour. En 2019, la campagne « Ici commence la mer » était, pour sa part, initiée par la Métropole. (voir encadré)
« On considère qu’on n’en est qu’au début », précise Gilles Namur. De nouveaux équipements devraient en effet faire leur apparition, après un retard de livraison, et de nouvelles stratégies se mettre en place, notamment sur le site de la gare. Le tout pour un premier bilan au printemps 2023, date probable d’une nouvelle rencontre entre les différentes villes pilotes.
Une campagne « Pas de mégots dans le caniveau »
« Pas de lingettes dans les toilettes, pas de mégots dans le caniveau ». Tel est le message porté par une campagne de communication de la Métropole de Grenoble en novembre 2022, en prévision du samedi 19 novembre, Journée mondiale des toilettes. Un thème qui, au-delà du sourire, pose de vraies questions en matière de santé des populations et de protection des milieux naturels.
« En jetant des déchets inadaptés dans les toilettes ou dans la rue, ces déchets peuvent se retrouver dans la rivière et polluer les eaux. Or, ces eaux s’infiltrent et alimentent les eaux souterraines qui sont nos réserves les plus importantes pour la production d’eau potable », rappelle la Métropole. Les mégots en particulier sont chargés de produits toxiques, et constituent « un vrai fléau pour les milieux aquatiques ».
Une réflexion sur « Lutte contre les mégots sur l’espace public : premier retour d’expérience de Grenoble et d’autres villes pilotes »
Vieux débat , la communication et gesticulations sont de mise :
https://www.placegrenet.fr/2018/05/24/proprete-urbaine-ville-de-grenoble-reclame-effort-collectif-lopposition-se-montre-sceptique/529119