FOCUS - Au terme de près de quatre heures de débats souvent houleux, le conseil municipal de Grenoble a adopté, ce lundi 16 mai 2022 au soir, la délibération sur le nouveau règlement intérieur des piscines municipales, qui implique notamment l'autorisation du port du burkini. Dans le détail, 29 conseillers ont voté pour, 27 contre - dont 13 élus de la majorité - et deux se sont abstenus. Très remontés, les opposants se sont vivement manifestés... À Grenoble, mais aussi à la Région, à l'image du président Laurent Wauquiez, qui a aussitôt annoncé le retrait des subventions à la Ville de Grenoble.
Un résultat "conforme à ce qui était prévu", selon Éric Piolle. "C'est serré et ça passe. Dans notre charte, quand on dépose une délibération, c'est pour qu'elle soit votée." Plus que la jubilation, c'est surtout le soulagement qui prédominait dans la réaction à chaud du maire de Grenoble, ce lundi 16 mai 2022, peu avant 21 heures. Quelques minutes plus tôt, le conseil municipal venait en effet d'adopter la délibération sur le changement de règlement intérieur des piscines municipales. Et, plus particulièrement, son si controversé article 10 autorisant le port du burkini.
Une victoire pour Éric Piolle donc, mais l'édile avait le triomphe plutôt modeste. Et pour cause. Car le couperet n'est pas passé loin. Vingt-neuf conseillers municipaux ont ainsi voté pour, vingt-sept contre, et deux se sont abstenus (un élu n'a pas pris part au vote). Surtout, treize élus de la majorité - dont la première adjointe Élisa Martin et les adjoints Hakim Sabri, Maxence Alloto et Alan Confesson - ont joint leurs voix aux quatre groupes d'opposition. La preuve que le sujet divisait profondément la classe politique locale, mais aussi la majorité municipale elle-même.
Entre 200 et 300 opposants au burkini rassemblés devant le conseil municipal
Il aura d'ailleurs fallu près de quatre heures de débats, souvent tendus et parfois houleux, avant de pouvoir procéder au vote. Et même davantage, les opposants ayant lancé les hostilités dès les questions orales ouvrant le conseil municipal. Ainsi, tandis qu'à l'extérieur du bâtiment, entre 200 et 300 manifestants criaient leur refus du burkini, dans la salle du siège de la Métropole accueillant la séance, une première passe d'armes opposait sans surprise Éric Piolle et Alain Carignon.
Évoquant le système des questions orales précédant l'ordre du jour, le président du groupe d'opposition Société civile, droite et centre, compare le fonctionnement du conseil municipal grenoblois à "l'URSS ancienne méthode". "Non, c'est le code général des collectivités territoriales", rétorque le maire du tac au tac. Mais Alain Carignon poursuit l'offensive, accusant son adversaire EELV d'être "un partenaire de l'islam politique".
Alain Carignon évoque les révélations sur l'Alliance citoyenne, Éric Piolle parle de "fake news"
Citant les révélations du Parisien sur l'Alliance citoyenne, l'ancien maire de Grenoble estime que "le conseil municipal ne peut pas délibérer sereinement à propos d'un sujet aussi sensible, qui constitue une régression pour l'émancipation des femmes, sans être informé de leur véracité". Et celui-ci de prendre à partie son successeur : "Pouvez-vous garantir que vous n'avez pas bénéficié de ce fichage, pour obtenir un vote communautaire lors des municipales 2020 ?"
Éric Piolle contre-attaque alors. "Votre art d'inventer des fakes news, de créer et d'alimenter des rumeurs n'a pas pris une ride", lance-t-il à son opposant. "Vous avez théorisé cette dérive contemporaine il y a bientôt quarante ans, en tant que maire de la ville. Aujourd'hui, la rumeur en politique reste votre fait d'armes quotidien et votre plus grande contribution au débat local."
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