REPORTAGE - Au dixième jour de son procès devant la cour d'assises de l'Isère, Nordahl Lelandais était interrogé, ce vendredi 11 février 2022, sur l'enlèvement et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, dans la nuit du 26 au 27 août 2017, à Pont-de-Beauvoisin. Pendant de longues heures, l'accusé est resté campé sur sa version des faits, reconnaissant les coups volontaires portés à la fillette mais niant toute intention de la tuer et toute agression sexuelle. Mais dans les derniers instants de son audition, Nordahl Lelandais a fini par acquiescer aux questions de son avocat et a "reconnu l'intégralité des faits qui [lui] sont reprochés", l'enlèvement comme le fait d'avoir "volontairement donné la mort à Maëlys".
"Je reconnais l'intégralité des faits qui me sont reprochés." Interrogé depuis le début d'après-midi, ce vendredi 11 février 2022, sur l'enlèvement et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, dans la nuit du 26 au 27 août 2017, à Pont-de-Beauvoisin, Nordahl Lelandais a bien prononcé cette ultime phrase peu après 20 heures. Mais comment qualifier ce coup de théâtre de dernière minute ? Des aveux en demi-teinte ? De vrais aveux ? Depuis, le débat fait rage, chez les journalistes comme chez les avocats, sur ce revirement inattendu et un brin scénarisé.
Car si les mots sont bien sortis de la bouche de l'accusé, impossible de les analyser hors du contexte. Cette dixième journée d'audience était ainsi particulièrement attendue - en témoigne la longue file d'attente s'étirant à l'entrée de la salle - depuis l'ouverture du procès de l'ex-militaire, le 31 janvier, devant la cour d'assises de l'Isère. À plusieurs reprises en effet, celui-ci avait promis de s'expliquer le moment venu, à savoir durant l'interrogatoire sur les faits, programmé ce vendredi 11 février.
Durant de longues heures, Nordah Lelandais est d'abord resté campé sur sa version des faits
Pourtant, durant de longues heures, Nordah Lelandais est d'abord resté campé sur sa version des faits, reconnaissant avoir "donné des coups volontairement" à Maëlys mais "sans intention de la tuer", selon lui. Et puis, la fin de l'audition approchant, son avocat, Me Alain Jakubowicz prend la parole en dernier, s'adressant directement à son client. Plus personne n'attend alors quoi que ce soit de l'accusé, au terme d'une demi-journée très frustrante pour les parties civiles.
Après quelques questions en préambule, pour préparer le terrain, le célèbre avocat lyonnais se lance. "Est-ce que tu reconnais avoir volontairement donné la mort à une petite fille de 8 ans ?", demande-t-il. Réponse de Nordahl Lelandais : "Oui, maître, j'ai donné volontairement la mort à Maëlys." Stupeur dans la salle. Mais le ping-pong verbal continue.
"Est-ce que tu reconnais avoir volontairement donné la mort à une petite fille de 8 ans ?", demande l'avocat. Réponse de Nordahl Lelandais : "Oui, maître, j'ai donné volontairement la mort à Maëlys." Me Jakubowicz enchaîne : "Est-ce que tu reconnais qu'une petite fille qui monte dans ta voiture à 3 heures du matin, c'est un enlèvement ?" "Oui, maître", acquiesce de nouveau l'accusé.
Me Jakubowicz enchaîne : "Est-ce que tu reconnais qu'une petite fille qui monte dans ta voiture à 3 heures du matin, c'est un enlèvement ?" "Oui, maître", acquiesce de nouveau l'accusé. L'avocat poursuit : "Est-ce que tu as conscience d'avoir agressé sexuellement tes deux petites-cousines ?" "Oui." "Reconnais-tu l'intégralité des faits qui te sont reprochés ?", l'interroge Me Jakubowicz. Nordahl Lelandais : "Oui." "'J'aimerais que tu le dises", le presse le pénaliste. Et l'ancien maître-chien de répéter alors la fameuse phrase, mot pour mot.
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