FOCUS – Le procès de Nordahl Lelandais s’est ouvert ce lundi 31 janvier 2022 au matin, devant la cour d’assises de l’Isère. L’ex-maître chien de 38 ans comparaît à Grenoble durant trois semaines pour l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, à Pont-de-Beauvoisin (Isère), le 26 août 2017. Déjà condamné à vingt ans de prison, en mai 2021, pour le meurtre du caporal Arthur Noyer, l’accusé risque la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict attendu le 18 février 2022.
Une centaine de personnes – dont de nombreux étudiants en droit et en journalisme – patientant devant le palais de justice, plus de 250 journalistes accrédités… C’est un procès hors norme et fortement médiatisé qui s’est ouvert ce lundi 31 janvier 2022 au matin, devant la cour d’assises de l’Isère, à Grenoble. Déjà condamné à vingt ans de réclusion en mai 2021, à Chambéry, pour le meurtre du caporal Arthur Noyer, Nordahl Lelandais comparaît durant trois semaines pour l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys de Araujo, en 2017, à Pont-de-Beauvoisin.
Une centaine de personnes faisaient la queue devant le palais de justice, ce lundi 31 janvier 2022 au matin, avant l’ouverture du procès de Nordahl Lelandais. © Manuel Pavard – Place Gre’net
La fillette, alors âgée de 8 ans, a disparu lors d’un mariage, le soir du 26 août 2017, dans la commune du Nord-Isère. Placé en garde à vue au cours des premiers jours suivant l’enlèvement, Nordahl Lelandais a d’abord été relâché, faute de preuves, et a longtemps nié toute implication. Mais l’ancien maître-chien militaire, aujourd’hui âgé de 38 ans, a fini par être confondu, en février 2018, par la découverte d’une tâche de sang dans le coffre de son véhicule.
De nombreuses zones d’ombre subsistent, dont la question du mobile sexuel
Contraint d’avouer, Nordahl Lelandais déclare toutefois avoir tué Maëlys « involontairement », en lui portant des coups très violents au visage. Sur ses indications, le corps de la fillette a été retrouvé le 14 février 2018. Pourtant, de nombreuses zones d’ombre subsistent à l’ouverture du procès. Car ni cet aveu, ni l’autopsie, réalisée près de six mois après les faits, n’ont permis de déterminer précisément les circonstances de la mort de Maëlys.
Le procès de Nordahl Lelandais doit durer trois semaines devant la cour d’assises de l’Isère, à Grenoble. © Manuel Pavard – Place Gre’net
L’accusé n’est ainsi pas poursuivi pour viol, par manque d’éléments matériels, au grand dam des parents de la victime. Mais la question du mobile sexuel sera, à n’en pas douter, au cœur des trois semaines d’audience. Et ce, d’autant que Nordahl Lelandais est également jugé pour des agressions sexuelles sur ses petites-cousines ainsi que pour la détention d’images pédopornographiques.
« Le moment est venu de mettre Nordahl Lelandais face à ces crimes », affirme l’avocat de la mère de Maëlys
Arrivées au tribunal en tenant un portrait et une photo de Maëlys, sa mère, Jennifer Cleyet-Marrel, et sa sœur, Colleen, n’ont pas souhaité s’exprimer. Mais Me Fabien Rajon, avocat de la famille maternelle, s’est néanmoins fendu de quelques mots. « Le temps de la justice est arrivé », a‑t-il asséné. « Le moment est venu de mettre Nordahl Lelandais face à ces crimes. Nous le ferons avec dignité et combativité et avant tout pour Maëlys. »
La mère et la sœur de Maëlys sont arrivées au palais de justice avec un portrait et une photo de la fillette, aux côtés de leur avocat Me Fabien Rajon. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Son confrère, Me Laurent Boguet, avocat de Joachim de Araujo, le père de la fillette, a, lui, indiqué que son client avait « énormément de questions ». « C’est la dernière chance de Nordahl Lelandais de s’inscrire dans une recherche de responsabilité », a ajouté le pénaliste toulousain. En revanche, le défenseur de l’accusé, Me Alain Jakubowicz, s’est refusé à la moindre déclaration, fidèle à sa ligne de conduite depuis le début de la procédure.
« J’ai bien donné la mort à Maëlys », reconnaît Nordahl Lelandais, qui « présente [ses] excuses » à la famille
Cette première matinée d’audience a été consacrée au tirage au sort des jurés et à l’appel des témoins, dont plusieurs ne se sont pas présentés à l’appel. Vêtu d’une chemise claire, cheveux courts et barbe poivre et sel, Nordahl Lelandais est entré dans le box des accusés sans jeter un regard à la famille de Mäelys.
Nordahl Lendais est défendu par Me Alain Jakubowicz, qui a choisi de ne pas s’exprimer en arrivant à la cour d’assises, ce lundi 31 janvier 2022. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Il a ensuite écouté, d’abord impassible, le rappel des faits par la présidente. Et lorsque celle-ci lui a donné la parole, Nordahl Lelandais s’est enfin tourné vers la famille, avant de déclarer, d’une voix difficilement audible : « Je voudrais leur présenter mes excuses. J’ai bien donné la mort à Maëlys mais je ne voulais pas. Je m’expliquerai sur les faits au cours de l’audience. »
Prévu pour durer initialement deux semaines, le procès a finalement été allongé d’une semaine à la demande des avocats, qui souhaitaient citer plus de témoins que prévu. Le verdict est donc attendu vendredi 18 février 2022. Nordahl Lelandais risque la réclusion criminelle à perpétuité.