REPORTAGE - Nordahl Lelandais comparaît depuis lundi 31 janvier 2022 devant la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble, pour l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, lors d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin, en août 2017. Après plus de deux jours consacrés à la personnalité de l'accusé, avec plusieurs témoignages de proches, l'ancien militaire était auditionné pour la première fois ce mercredi 2 février. Son addiction au sexe, ses échecs scolaires et professionnels, ses relations intimes, sa détention... L'interrogatoire a balayé le parcours et la personnalité de Nordahl Lelandais qui, questionné également sur ses crimes, a admis sa honte et sa lâcheté. Mais sans livrer plus de détails sur la mort de Maëlys.
On a d'abord craint que l'un des premiers temps forts de ces trois semaines de procès ne soit reporté. Ressentant quelques symptômes du Covid-19, Nordahl Lelandais a en effet dû subir un test PCR au palais de justice de Grenoble, ce mercredi 2 février 2022, en début de matinée. Mais le dépistage s'est finalement avéré négatif, retardant néanmoins l'audience d'une bonne demi-heure. Une troisième journée particulièrement attendue dans le procès de l'ex-militaire, jugé depuis lundi 31 janvier devant la cour d'assises de l'Isère pour l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, dans la nuit du 26 au 27 août 2017, à Pont-de-Beauvoisin.
Pourquoi de telles attentes ? Car la famille de la fillette pouvait légitimement espérer des réponses – ou du moins des éclaircissements – sur les circonstances du crime. Durant plus de deux jours en effet, la cour a disséqué la personnalité de l'accusé, entendant plusieurs de ses proches à la barre. Famille, ex-compagnes, anciens amis... Chaque témoignage a apporté des pièces reconstituant en partie le puzzle Nordahl Lelandais. Le prévenu a même vacillé à plusieurs reprises, avant de reprendre à chaque fois le contrôle.
Mais ce mercredi après-midi, c'est l'ancien maître-chien militaire lui-même qui était auditionné pour la première fois. Un interrogatoire de personnalité portant essentiellement sur le parcours et le caractère de l'accusé, avec toutefois, en toile de fond, les meurtres de Maëlys et d'Arthur Noyer – pour lequel il a été condamné à vingt ans de prison en mai 2021, à Chambéry.
"L'école, ce n'était pas trop mon truc, je ne m'en donnais pas les moyens"
D'une voix posée, avec un ton poli et parfois presque obséquieux, Nordahl Lelandais répond d'abord aux questions de la présidente, Valérie Blain, sur son enfance et son adolescence. Comme son frère Sven la veille, il raconte "une famille sans problèmes" et "une belle enfance", avec "des vacances en Espagne" et "des liens affectifs". "On s'embrassait le matin", se souvient-il à propos de son père, qui a souffert d'une maladie neurodégénérative à partir de 2015 et est décédé en janvier 2021.
Sur ses échecs scolaires successifs, l'accusé semble porter un regard lucide. "L'école, ce n'était pas trop mon truc", admet-il. "Je ne m'en donnais pas les moyens." La présidente lit les auditions d'anciens enseignants. Une professeure d'histoire-géographie dépeint Nordahl Lelandais comme "un garçon intelligent mais très fainéant et je-m'en-foutiste". Une ex-professeure de français dit de lui qu'il était "séducteur, beau parleur et aimait arriver à ses fins par n'importe quel moyen". Sans réponse de sa part.
Sa journée-type : "Je me lève, je bois un café, je fume une clope, je regarde une vidéo [porno], un peu de cocaïne..." Et rebelote.
Après avoir évoqué ses relations intimes et présenté ses "excuses" aux femmes qu'il qualifie de "plans sexuels", Nordahl Lelandais est interrogé sur son "addiction sexuelle" par la présidente. "Vous consultiez des sites pornographiques deux ou trois heures par jour", observe-t-elle. L'accusé reconnaît mais tourne un peu autour du pot, bifurquant sur l'armée, dont son départ aurait fait office de déclencheur. "Après l'armée, plus rien ne comptait", affirme-t-il. "C'était très important, je voulais faire carrière."
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