EN BREF — Après de vifs échanges durant le conseil municipal de Grenoble du lundi 13 décembre, le conseiller municipal d’opposition Alain Carignon écrit au préfet de l’Isère pour dénoncer le « caractère probablement insincère » du budget 2022 de la municipalité. En cause ? L’inscription de recettes liées à la vente d’actions Grenoble Habitat, aujourd’hui sans acquéreur déclaré.
« Je me permets d’attirer votre attention sur le caractère probablement insincère du budget 2022 voté par la majorité municipale de Grenoble ». C’est par ces mots qu’Alain Carignon, conseiller municipal d’opposition de Grenoble, s’adresse au préfet de l’Isère. Un courrier qui fait suite aux débats houleux lors du conseil municipal de la Ville de Grenoble lundi 13 décembre, sur fond de vente d’actions de Grenoble Habitat détenues par la municipalité.
Le budget inclut ainsi un versement de 17 millions d’euros issu de la ventes des actions à la Métropole de Grenoble. Plus précisément, la somme correspond à un premier versement, la somme totale étant pour sa part fixée à 45 millions d’euros. Problème ? Le président de la Métropole Christophe Ferrari a fait savoir que l’intercommunalité ne souhaitait pas (ou plus) acheter les actions en question.
Les oppositions dénoncent un budget « insincère »
« La Ville de Grenoble prévoit ainsi dans son budget une vente conséquente qui ne trouve à ce jour aucun acheteur », écrit Alain Carignon. Son groupe d’opposition Société civile n’avait pas été le seul à contester la sincérité du budget, pour les mêmes motifs. « Force est de constater que ces 17 millions n’existent pas ! » avait ainsi lancé la conseillère municipale d’opposition Émilie Chalas. Non sans qualifier la somme de « recettes fantômes ».
Même tonalité de la part de Cécile Cénatiempo, élue d’opposition du groupe Nouvel air socialistes et apparentés. Qui avait appelé la majorité à repousser le vote du budget à un prochain budget municipal, « afin de ne pas voter un budget insincère ». Son collègue Romain Gentil, pour sa part, avait pris à parti les membres de la majorité, les exhortant individuellement à ne pas voter un budget marqué d’une « insincérité manifeste ».
« C’est bien une intention budgétaire qui est posée là »
Autant de prises de position que le maire de Grenoble Éric Piolle avait rejeté en bloc. « Je vous rappelle que le vote du budget ne nécessite pas d’avoir un acquéreur ! C’est bien une intention budgétaire qui est posée là », répliquait ainsi l’élu à Émilie Chalas. « Ce budget va passer en préfecture, en contrôle de légalité,et je vous invite dès maintenant à interpeller le préfet et à le remettre en cause », avait pour sa part déclaré l’adjoint aux Finances Hakim Sabri.
Rien d’étonnant dès lors à ce qu’Alain Carignon s’adresse aux services de la préfecture, en se disant « certain [qu’ils] ne manqueront pas d’effectuer un examen scrupuleux de ce budget primitif ». Émilie Chalas indique à Place Gre’net avoir également signalé la délibération concernée à la préfecture, ainsi qu’à la Chambre régionale des comptes. Et attend de juger de l’opportunité de porter l’affaire devant la tribunal administratif.
Des actions à 45 millions d’euros… ou moins ?
Émilie Chalas a également contesté la valeur des actions Grenoble Habitat que la Ville de Grenoble entend revendre. La somme de 45 millions d’euros serait ainsi divisée par deux par la Caisse des dépôts (et non la Chambre régionale des comptes, comme l’indique l’élue). « Ce budget est insincère sur le montant et sur l’acheteur qui n’existe plus », assène-t-elle.
Réponse d’Éric Piolle sur cette question ? « Il y a toujours différentes évaluations. Ces évaluations fluctuent avec le temps et les méthodes, et donc nous avons inscrit ce qui relève de la méthode utilisée jusqu’à présent », explique le maire de Grenoble. En estimant pour conclure que « tout est extrêmement clair à ce sujet ».