REPORTAGE VIDEO - Amici Samu social de Grenoble qui vient en aide aux sans-abri organisait, ce samedi 11 décembre 2021, la 4e édition du Noël de la rue au jardin de ville. Un moment festif et de partage entre bénévoles de l'association et personnes sans domicile fixe. Mais aussi un événement ouvert aux Grenoblois pour créer de la mixité et sensibiliser au sans-abrisme.
Les personnes sans domicile fixe étaient pour une fois de la fête, à l'occasion du Noël de la rue, ce samedi 11 décembre 2021 au jardin de ville de Grenoble. Un événement organisé par l'Association mobile d’intervention contre l’indifférence (Amici1Anciennement Vinci, l'association a choisi de changer de nom et s'en explique sur son compte Twitter Samu social de Grenoble). L'association qui vient en aide aux sans-abri avait mis les petits plats dans les grands. De quoi offrir quelques instants de réconfort dans une ambiance festive à ceux que les bénévoles rencontrent à longueur de maraudes.
« Nous avons commencé modestement, il y a cinq ans2Le Noël de la rue n'a pas eu lieu en 2020 du fait de la pandémie avec deux stands et un seul groupe de musique, rappelle Éric Rocourt, le président de l'association. Puis nous sommes montés en puissance et, aujourd'hui, nous faisons un événement sur toute l'après-midi et une partie de la soirée. »
'Hasni Bekheira, le coiffeur de rue bien connu des sans-abri grenoblois. © Joël Kermabon - Place Gre'net
Un Noël de la rue avec clowns, fanfares, jongleurs, tombola, concerts...
Ainsi, diverses animations ont ponctué ce froid samedi de l'avent, du début de l'après-midi au milieu de soirée. Au programme ? Clowns, fanfares, jongleurs, tombola, concerts... Mais aussi nourriture, boissons chaudes, vêtements et couvertures, ou encore dons de sacs à dos contenant des cadeaux. Il était même possible de profiter d'une coupe de cheveux grâce aux bons soins d'Hasni Bekheira, le figaro bien connu des sans-abri grenoblois. De quoi souffler un peu et faire oublier la rudesse de la rue à ces personnes en situation de grande précarité.
Retour en images sur quelques séquence de ce Noël de la rue organisé dans les conditions hivernales que certains subissent à longueur de journée.
« Ce sont les accidents de la vie qui m'ont conduit à la rue »
Si beaucoup des personnes sans domicile fixe retrouvaient leur petit noyau d'amis d'infortune et n'hésitaient pas à faire la fête, d'autres faisaient montre de plus de discrétion. Comme Georges qui vit dans la rue depuis 2018. « Je suis une personne solitaire. Comme on dit, je préfère être seul que mal accompagné, plaisante-t-il. J'ai toujours eu l'habitude de me débrouiller tout seul mais la solitude, tout le monde ne s'y habitue pas. En tout cas, je n'ai pas choisi cette situation. Ce sont des accidents de la vie qui m'ont conduit à la rue. Ça peut arriver à n'importe qui. » Omar, qui fréquente assidument le centre-ville, assume, lui, ce mode de vie : « C'est mon choix de vivre à la rue », déclare-t-il.
Éric Rocourt, président de l'association Amici - Samu social de Grenoble. © Joël Kermabon - Place Gre'net
Sont-ils nombreux à arpenter les rues de la ville ? Oui, visiblement… « Il y a de plus en plus de monde à la rue. Il y a une augmentation globale de la pauvreté. Comparé à quelques années en arrière, on y retrouve beaucoup de familles accompagnées d'enfants », témoigne Éric Rocourt. Qui explique devoir souvent faire face à des situations très compliquées, notamment en cas de maladie des enfants.
Les femmes à la rue sont toutefois un peu mieux loties que leurs homologues masculins. « Il y a un accueil de nuit ouvert tous les soirs aux femmes avec ou sans enfants. En revanche, pour les hommes seuls, il n'y a rien. Leur seule possibilité d'hébergement au cœur de l'hiver, ce sont les gymnases », déplore Éric Rocourt.
« Nous préférons nous occuper des gens que des dossiers »
« Notre activité principale c'est “l'aller vers” en travaillant avec le 1153Le numéro vert national pour les sans-abri et nous faisons également de la maraude exploratoire, poursuit le président. Nous essayons de trouver les invisibles oubliés par le système, ou ceux qui en sont sortis, pour les aider à retrouver une vie sociale normale. »
Combien sont-ils ? Difficile à dire. « Nous ne voyons pas les mêmes personnes d'un soir à l'autre, précise le président d'Amici Samu social de Grenoble. Nous ne sommes que le thermomètre de la rue. Donner des chiffres précis, c'est impossible. Nous sommes des bénévoles, nous n'avons pas le temps pour ça. Nous préférons nous occuper des gens que des dossiers, tout simplement !», conclut Éric Rocourt.