FOCUS - L'atelier grenoblois Arc-Nucléart qui met l'irradiation gamma au service du patrimoine fête ses 50 ans. Pour l'occasion, le Musée dauphinois rend hommage à cet atelier de restauration et de recherche hébergé au CEA de Grenoble à travers une exposition retraçant son histoire. Au nombre de ses réalisations remarquables, le sauvetage de centaines de pièces issues des collections du musée, conservées dans les murs de l’ancien couvent Sainte-Marie-d’en-Haut.
« Cette exposition est là pour marquer nos 50 ans d’existence. L’occasion m’est ainsi donnée de rendre hommage à l’ingénieur Louis de Nadaillac, qui a eu cette idée originale au début des années 1970 de sauver de la destruction des sculptures en bois polychromées au moyen de l’irradiation. » Tels ont été les premiers mots de Christian Vernou, conservateur en chef du patrimoine de l'Atelier de recherche et de conservation grenoblois Arc-Nucléart11Doté d’un budget d’1,5 million d’euros, l’atelier Arc-Nucléart est un groupement indépendant d'intérêt public soutenu par quatre partenaires: le CEA, le ministère de la Culture, la Ville de Grenoble et l'association ProNucléart, ce jeudi 25 novembre 2021 au Musée dauphinois, lors de l’inauguration de l’exposition « Art et Science : un demi-siècle d’existence pour le laboratoire Arc-Nucléart », à découvrir jusqu’au 28 février 2022 dans la galerie du cloître.
Une trentaine de panneaux y exposent les instruments utilisés par l’équipe d’Arc-Nucléart composée de chimistes, physiciens, techniciens, restaurateurs et conservateurs pour sauver, grâce au nucléaire, des chef-d'œuvres et autres objets patrimoniaux emblématiques dont le public peut aussi admirer les photographies.
Christian Vernou, conservateur en chef du patrimoine d’Arc-Nucléart devant la photographie de la Vierge à l’Enfant restaurée par l’atelier en 1971. © Véronique Magnin – Place Gre’net
Le lieu de l'exposition n'est pas fortuit. De fait, le Musée dauphinois est le premier établissement culturel à avoir sollicité, dans les années 70, les services de l’atelier laboratoire hébergé sur le site du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Grenoble. En l'occurrence, un choix de la dernière chance pour sauver des pièces de ses collections qui continuaient à se dégrader, en dépit des soins déjà prodigués. Ainsi, l'application du nucléaire a-t-elle permis de prolonger la vie de centaines de pièces dont L’homme sauvage, figure mythique de la montagne alpine qui trône à l’entrée de l’exposition.
Statue de « L’homme sauvage », sauvé de la dégradation par l'équipé d'Arc-Nucléart. © Véronique Magnin - Place Gre'net
Depuis cinquante ans, Arc-Nucléart plastifie par irradiation des milliers d'objets du patrimoine
Le rayonnement gamma émis lors de la désintégration de noyaux atomiques (réaction nucléaire) est en particulier utilisé pour durcir les objets dégradés et donc poreux, préalablement imprégnés d’une résine hydrophobe12Qui n’aime pas l’eau plastifiante. Le tout selon le procédé baptisé Nucléart13Cette technique est également appliquée à d’anciens objets en fer devenus poreux sous l’effet de la corrosion ou en pierre altérée par la pluie, le gel, le vent ou le soleil. À la condition que ces pièces de pierre soient démontables comme un balustre ou une sculpture. (voir encadré) qui a fait l’objet d’un dépôt de brevet dans les années 70. Cette technique est spécialement adaptée au traitement d'objets constitués de matière organique14 Bois, cuir, os, cornes et fibres végétales (vanneries, tissus etc.), qu'Arc-Nucléart a déjà sauvés par milliers.
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