EN BREF – Les Soudanais de Grenoble appellent à un rassemblement contre le coup d’État au Soudan ce samedi 30 octobre 2021, rue Félix-Poulat. Partout dans le monde, la diaspora soudanaise se mobilise ainsi pour soutenir les manifestations massives prévues le même jour dans leur pays. Les opposants au nouveau pouvoir condamnent le putsch militaire du 25 octobre 2021 et la répression brutale menée depuis par l’armée, et demandent le retour d’un gouvernement civil.
À Grenoble, comme partout dans le monde, la diaspora soudanaise appelle à un rassemblement contre le coup d’État militaire au Soudan, ce samedi 30 octobre 2021, à 13 heures, rue Félix-Poulat. Une mobilisation destinée à soutenir la grande journée de manifestations organisée le même jour à travers tout leur pays.
Lundi 25 octobre 2021, l’armée soudanaise a arrêté les membres du gouvernement civil, dont le Premier ministre Abdallah Hamdok, placé en résidence surveillée. Le général Abdel Fattah al-Burhane, nouvel homme fort du Soudan, a annoncé dans la foulée, lors d’une allocution à la télévision d’État, la dissolution des autorités de transition, au pouvoir depuis la chute d’Omar el-Béchir en avril 2019.
Des manifestations violemment réprimées par l’armée, qui « tire à balles réelles »
« L’armée a ainsi voulu rétablir l’ancien régime militaire que la révolution de décembre 2018 était parvenue à renverser [la dictature était tombée quelques mois plus tard] grâce à une immense mobilisation populaire pacifique », explique Mussa Barry, exilé soudanais à Grenoble et instigateur du rassemblement.
Dès l’annonce du pustch, les opposants au nouveau pouvoir militaire sont descendus dans les rues, à Khartoum et dans toutes les villes du Soudan. Des manifestations violemment réprimées par l’armée et les forces de sécurité, qui « tirent à balles réelles », accuse Mussa Barry. « Il y a eu plusieurs morts et beaucoup de blessés », ajoute-t-il.
Né au Darfour, le jeune homme tente tant bien que mal d’avoir des nouvelles de sa famille et ses proches restés au pays. « C’est difficile d’avoir des contacts car les réseaux sociaux et l’accès à Internet ont été coupés par les autorités », déplore-t-il.
« On veut le départ immédiat des militaires et le retour d’un gouvernement civil »
Selon lui, « les généraux ont pris le pouvoir notamment car ils ont peur d’être jugés pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye ». Ceux-ci craignent en effet de suivre le chemin d’Omar el-Béchir, que l’ex-gouvernement de transition a annoncé vouloir remettre à la CPI en août 2021. Actuellement détenu à Khartoum, l’ancien dictateur est recherché pour « génocide » et crimes contre l’humanité lors du conflit au Darfour.
Mussa Barry, comme tous les manifestants, ne fait en tout cas « pas du tout confiance à l’armée ». « On a vécu trente ans de dictature et de guerre, au Darfour et au Sud-Soudan », rappelle-t-il. Dès lors, pas question de transiger : « On veut le départ immédiat des militaires et le retour d’un gouvernement civil. C’est notre dernier espoir ! »