Deux associations avaient interpellé les maires de la Métropole de Grenoble pour leur demander de prendre des arrêtés anti-expulsion. Sans succès...

Hébergement des exi­lés en Isère : un sombre état des lieux dressé à Sciences Po

Hébergement des exi­lés en Isère : un sombre état des lieux dressé à Sciences Po

FIL INFO – Organisé chaque deuxième mardi du mois par l’as­so­cia­tion Un toit pour tous, le 12/14 du Toit avait lieu, ce 13 février, à Sciences Po Grenoble. Son thème ? La pré­ca­rité des par­cours et l’hé­ber­ge­ment des per­sonnes migrantes en Isère. Quatre étu­diantes du Master Villes, ter­ri­toires, soli­da­ri­tés ont ainsi pré­senté le compte-rendu de leur étude de cas, réa­li­sée en par­te­na­riat avec l’as­so­cia­tion Un toit pour tous.

Qu’est-ce qu’un migrant ? Quelles réa­li­tés se cache der­rière ce mot géné­rique ? Quelles solu­tions d’hé­ber­ge­ment existent ? Quels sont les dif­fé­rents par­cours d’hé­ber­ge­ment ? Voilà quelques-une des ques­tions aux­quelles ont essayé de répondre quatre étu­diantes du Master Villes, ter­ri­toires, soli­da­ri­tés de Sciences Po Grenoble, dans le cadre d’un par­te­na­riat entre l’é­ta­blis­se­ment uni­ver­si­taire et l’as­so­cia­tion Un toit pour tous.

L'étude de quatre étudiantes de Sciences Po Grenoble sur les conditions d’hébergement des exilés en Isère révèle un manque de places, source d'exclusion.Conférence sur le mal logement des exilés à Sciences Po Grenoble

De gauche à droite : Jacques Deschamps (tré­so­rier d’Un toit pour tous), Amandine Carreira, Charlotte Imbert, Carole Laurent, Chloé Lemercier

Un tra­vail pré­senté lors du 12 – 14 du Toit orga­nisé, ce mardi 13 février, devant une salle rela­ti­ve­ment rem­plie, prin­ci­pa­le­ment com­po­sée de membres d’associations d’aide au loge­ment et aux migrants.

Après avoir rap­pelé que l’Union euro­péenne était loin d’être le lieu qui accueillait le plus de dépla­cés et que la popu­la­tion étran­gère sur le sol fran­çais repré­sen­tait 6,6 % de la popu­la­tion totale, Amandine Carreira, Carole Laurent, Charlotte Imbert et Chloé Lemercier ont dressé un état des lieux de la situa­tion. Leur étude, qui a démarré en octobre 2017, se base sur neuf entre­tiens avec des pro­fes­sion­nels et des béné­voles de ce milieu et sur des esti­ma­tions four­nies par les associations.

Moins de la moi­tié des exi­lés mis à l’abri

À l’heure actuelle, l’Isère compte 3 190 places d’hé­ber­ge­ment alors que 6 521 per­sonnes sont dans le besoin dont 3 500 dans la seule ville de Grenoble (selon les chiffres de 2016). En outre, seule­ment 20 % des per­sonnes qui appellent le 115 se voient pro­po­ser une solu­tion pour au moins une nuit.

Conférence sur le mal logement des exilés à Sciences Po Grenoble

Premier constat : la prio­ri­sa­tion des per­sonnes vul­né­rables, comme les femmes enceintes et les enfants, mène à l’ex­clu­sion de toute une par­tie de la popu­la­tion exi­lée des pro­grammes d’hé­ber­ge­ment et de loge­ment, faute de place. Au demeu­rant, de par les chan­ge­ments de situa­tion admi­nis­tra­tive, tous les exi­lés connaissent, à un moment ou à un autre, une errance rési­den­tielle et une rup­ture de parcours.

Autre réa­lité : en l’ab­sence de solu­tion de loge­ment décente, les migrants se regroupent par âge, natio­na­lité, langue, sexe ou reli­gion et créent des squats ou des bidon­villes. Enfin, les pro­fes­sion­nels s’ac­cordent à dire que la rue a évo­lué. On y trouve plus de familles et d’en­fants, et les femmes y sont iso­lées et en insécurité.

Les besoins réels supé­rieurs à la demande

Concernant la prise en charge, il appa­raît que le rai­son­ne­ment en terme de demande, et non pas de besoin, conduit à exclure les per­sonnes qui ne sol­li­citent pas d’aide : celles qui ont été débou­tées et pré­fèrent res­ter invi­sibles ou celles décou­ra­gées par le système.

L'étude de quatre étudiantes deHébergement des exilés en Isère. Conférence sur le mal logement des exilés à Sciences Po GrenobleDe plus, les solu­tions pro­po­sées sont cen­trées non pas sur le loge­ment mais sur l’hé­ber­ge­ment pro­vi­soire, et ne visent donc pas à l’in­ser­tion. De l’a­vis des inter­ve­nantes, les poli­tiques d’ur­gence mises en place par le gou­ver­ne­ment ne sont d’ailleurs pas adap­tées car elles ne débloquent des fonds qu’à court terme. Des poli­tiques publiques ordi­naires seraient ainsi les seules à même de gérer cette crise.

Enfin, les jeunes femmes ont insisté sur la néces­sité de sépa­rer la ques­tion migra­toire de la ques­tion de l’hé­ber­ge­ment, le pré­am­bule de la Constitution de 1946 dis­po­sant que « [La nation] garan­tit à tous […] la sécu­rité maté­rielle ». À tous donc, et pas uni­que­ment aux citoyens français.

Clémentine Robert

CR

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