FIL INFO – Le burqini a‑t-il sa place dans les piscines municipales de Grenoble ? Alors que le législateur laisse la responsabilité aux maires, Eric Piolle renvoie une nouvelle fois la balle dans le camp de l’État.
Burqini ou pas burqini dans les piscines municipales de Grenoble ? Alors que l’interdiction du maillot intégral dans les bassins votée par le Sénat a été supprimée et que, de fait, la responsabilité en incombe aux maires, la partie de ping-pong continue.
À Grenoble, où l’Alliance citoyenne à la manœuvre des opérations coup de poing en 2019 a lancé un appel à investir les piscines, Eric Piolle botte en touche. Interpellé par Place Gre’net pour savoir si la Ville de Grenoble allait modifier le règlement intérieur et édicter clairement une autorisation ou une interdiction du burqini, le maire de Grenoble reste silencieux.
Mais renvoie, dans un courrier adressé ce 18 juin à Jean Castex, la balle dans le camp de l’État. « A Grenoble comme ailleurs, nous ne disposons aujourd’hui d’aucune étude plus récente [que l’étude de l’Anses de 2010, ndlr] qui serait valable pour refuser les demandes qui nous sont faites. »
Une étude, actualisée en 2012, qui reste très vague dans ses préconisations sanitaires. S’agissant du maillot de bain, l’étude se borne à préciser que son utilisation doit être « exclusivement réservée à cet effet ».
Le burqini de facto autorisé à Grenoble faute d’étude suffisante ?
Faut-il comprendre que la baignade en burqini est donc de facto permise à Grenoble faute d’études suffisantes ? « Seules sont interdites les tenues de bain qui enfreignent les règles d’hygiène, de la salubrité et de la sécurité, souligne Eric Piolle. Ces règles ne sauraient prendre en compte aucune autre considération. »
Action de « désobéissance civile » organisée par l’Alliance citoyenne : des femmes musulmanes en burqini à la piscine Jean Bron à Grenoble, le dimanche 23 juin 2019 © Séverine Cattiaux – Placegrenet.fr
A charge pour le Premier ministre de plancher sur le sujet, enjoint le maire de Grenoble. De « lister de manière exhaustive, puis de diffuser aux communes, l’ensemble des préconisations ». Mais aussi, pour les maillots de bain, « de fixer l’ensemble des critères d’interdiction en fonction de leur taille, de leur matière et de surface de contact avec la peau ou, à défaut, de déterminer les seuils de particules nocives que peuvent fixer ces tenues et qui ne seraient pas acceptables d’un point de vue sanitaire ».
De fait, pour le maire de Grenoble, le burqini s’apparente ainsi uniquement à un simple bout de tissu dont la dimension et la couvrance doivent être strictement mesurées et réglementées à l’aune du seul critère sanitaire.
« L’absence d’harmonisation nationale garantie par l’État pousse chaque municipalité à interpréter ce qui relève ou non d’une situation de risque sanitaire ou de discrimination, continue Eric Piolle. L’égalité, la santé et les libertés publiques doivent être les mêmes de Lille à Ajaccio et de Brest à Strasbourg. »
Burqini : Emilie Chalas propose à Eric Piolle un référendum grenoblois
La députée de l’Isère Emilie Chalas s’est fendue d’un communiqué, ce samedi 19 juin, suite au courrier d’Eric Piolle adressé au Premier ministre ce vendredi 18 juin. Dénonçant une tentative « non seulement de nationaliser le débat, mais [aussi d’esquiver] ses responsabilités », elle réaffirme clairement que « le règlement intérieur des piscines relève de la compétence du conseil municipal ».
Et la députée de proposer à Eric Piolle, « face à son incapacité à trancher », de faire un référendum sur le sujet. « Quant à moi, ma position reste claire : si j’étais maire, ce serait “non” au port de vêtements à la piscine, sans détour et en responsabilité », conclut-elle.