FIL INFO – La dénonciation du maintien des épreuves du baccalauréat était au centre du rassemblement de professeurs devant le rectorat de Grenoble ce jeudi 17 juin, jour de l’épreuve écrite de philosophie. Une critique qui s’étend à toute la gestion de la crise sanitaire par Jean-Michel Blanquer.
Une cinquantaine de professeurs et quelques élèves se sont réunis en face du rectorat de Grenoble ce jeudi 17 juin 2021. Le but ? Protester contre le maintien des épreuves du baccalauréat 2021. L’appel de l’intersyndicale demande ainsi l’annulation de l’épreuve écrite de philosophie et du Grand oral.
Jean-Michel Blanquer avait annoncé le mois dernier les modalités de l’épreuve écrite. Or, pour ces professeurs, le contexte sanitaire crée une disparité très forte entre la préparation des élèves, puisque certains ont eu cours en présentiel, et d’autres uniquement en distanciel. Selon eux, cette situation inégalitaire « vide de sa substance » l’épreuve de philosophie.
Si certains élèves peuvent être préparés à cette épreuve, certains n’ont même pas besoin de s’en soucier. En effet, entre la note de l’épreuve et celle du contrôle continu, seule la plus haute compte. Les élèves qui partent handicapés par une moyenne basse doivent se reposer sur celle de l’épreuve. Chose compliquée après une année décrite comme « chaotique ».
Quant au Grand oral, les manifestants le considère comme « impossible et illégitime ». « En s’obstinant, envers et contre tout, à maintenir le totem de sa réforme, il [Jean-Michel Blanquer] place les correcteurs dans la position impossible d’évaluer un travail qui n’a pu être mené à bien. », estime l’intersyndicale. Les manifestants décrivent ainsi comme « injuste » le maintien de ces épreuves au baccalauréat 2021.
Un rassemblement également contre les conditions de correction
Les copies de l’épreuve de philosophie seront numérisées à la suite de l’épreuve, la correction se déroulant en effet exclusivement sur une plateforme en ligne. Une situation que les professeurs présents jugent inacceptable. Et ces derniers de mettre en avant « la pénibilité de la correction sur ordinateur » compte tenu du nombre de copies : 120 à 140 par correcteur. Une pénibilité renforcée par le délai imposé de huit jours ouvrables.
Les capacités de la plateforme posent également problème. Par exemple, elle ne permet pas de revenir sur les copies précédentes, action pourtant essentielle lors d’une correction. Second effet pervers, la plateforme enregistre les actions. De fait, certains professeurs ont peur de la surveillance permise par ce système.
Ainsi, des correcteurs affirment se sentir « méprisés » par leur administration. « Les collègues de philosophie nous alertent déjà : corrections dématérialisées sur équipement personnel, augmentation du nombre de copies à corriger, réduction du délai de correction. Soit un travail monumental pour qu’au final ne soit retenue que la meilleure des notes entre celle de l’épreuve et celle du contrôle continu ». Un processus numérique aussi décrit comme une « aberration écologique ». En effet, les professeurs ne peuvent pas disposer des copies écrites.
Des critiques plus larges sur la gestion de la crise sanitaire
Plus qu’un contexte particulier, c’est une politique que les manifestants critiquent. « De la maternelle au lycée, les élèves sont lessivés par cinq années de réformes Blanquer ». C’est à la fois les réformes et Parcoursup qui sont pointés. Une « politique d’austérité et de sélection » source de « mal-être » chez les étudiants et leurs enseignants.
« Pour le Second degré dans l’académie de Grenoble et pour la rentrée 2021, 160 postes d’enseignants sont supprimés, alors que 1115 élèves supplémentaires sont attendus ». Le communiqué de l’intersyndicale dénonce, en outre, « Un Grenelle de l’Éducation qui n’engage que des miettes de rémunération ».
Dans la rue également, les lycéens s’étaient mobilisés contre la tenue du baccalauréat le 10 mai dernier. Ceux-ci dénoncent les stratégies de maintien de l’ordre. « Ce n’est pas normal à 15 ans d’apprendre le goût des lacrymogènes », a lancé un lycéen au mégaphone.