FOCUS — La Ville de Grenoble lance des relevés ornithologiques pour s’assurer du bon état et du succès de ses nichoirs. Avec une nouveauté : la mission est assurée par des agents volontaires, formés pour l’occasion. Le tout dans l’espoir de confirmer la bonne santé des populations d’oiseaux sur le territoire grenoblois, après une année 2020 jugée encourageante.
Mesurer l’efficacité des centaines de nichoirs disposés sur le territoire de la Ville de Grenoble ? Tel est l’objet du lancement des relevés ornithologiques. Avec une nouveauté : ceux-ci sont réalisés par des agents (volontaires) de la municipalité, formés pour l’occasion. Leur mission ? Repérer les nichoirs, s’assurer de leur bon état, et observer s’ils sont occupés par des oiseaux. Réparation (sauf urgence) et nettoyage surviendront dans un second temps, à l’automne.
« On observe que les endroits où les oiseaux peuvent nicher disparaissent au fur et à mesure », souligne Gilles Namur, adjoint à la Nature en ville. Et l’élu de vanter dès lors la « nouvelle manière de gérer les espaces verts » instituée par la municipalité. Un « entretien naturel » qui limite les coupes ou les traitements. Quitte à laisser perplexe quelques agents des espaces verts. « On regarde pousser l’herbe », résume l’un d’entre-eux auprès de Place Gre’net.
« On peut aider les oiseaux à se développer »
Pour Gilles Namur, aucun doute : l’entretien naturel est facteur de biodiversité. Outre l’observation des oiseaux, celle des papillons est également révélatrice. Quitte à faire sourire les amoureux de Pierre Desproges. « En gestion naturelle, on observe beaucoup plus de variétés », explique Gilles Namur. Jusqu’à quatre familles différentes en milieu urbain… et même une vingtaine sur le site de la Bastille, ajoute Christine Simoens, agente en charge de la Biodiversité.
Le bilan ornithologique serait lui aussi réjouissant. En attendant les résultats des relevés, les données collectées par la LPO montrent une augmentation des nichées durant l’année 2020. « On est impatient de voir ce que cela va donner cette année, si cela se maintient ou non », explique encore Christine Simoens. Tant il est vrai que la période de confinement de printemps 2020 a été bénéfique pour la biodiversité sur l’ensemble du territoire.
Selon les dernières données, ajoute pour sa part Gilles Namur, 65 % des nichoirs de Grenoble auraient été investis par des oiseaux. « Ça montre que ça marche, ça nous conforte dans l’idée que l’on peut aider les oiseaux à se développer », juge l’élu. Des chiffres d’autant plus bienvenus que, rappelle l’élu, les populations d’oiseaux ne cessent de diminuer depuis vingt ans, comme ne cesse de l’indiquer la LPO.
Un premier bilan des 500 nichoirs déployés ?
Les nichoirs concernés par les relevés ornithologiques ? Ceux mis en place suite au projet issu du Budget participatif… porté à l’époque par Gilles Namur. Si 500 nichoirs ont été installés en 2019, difficile de savoir combien sont encore valides, admet le désormais élu. La pluie ou les dégradations ont en effet pu venir à bout de la résistance de certains. Une chose est sûre : plusieurs centaines de nichoirs sont aujourd’hui déployés sur la capitale des Alpes.
Peut-on déjà en voir les effets bénéfiques ? L’un des arguments en faveur des nichoirs était en effet la lutte contre des insectes indésirables comme la pyrale du buis ou le moustique-tigre. De ce point de vue, difficile de se faire une idée. La pyrale du buis est en (très) net recul, mais la tendance est nationale. Quant au moustique-tigre, rien n’indique pour le moment une baisse de son activité. « Ça prend un certain temps », concède Gilles Namur.
Quid des chauve-souris, “vedettes” du projet présenté au Budget participatif ? Là encore, le succès de leurs nichoirs est plus difficile à mesurer, note l’adjoint. D’une part, ceux-ci sont disposés beaucoup plus en hauteur. D’autre part, la chauve-souris est un animal nocturne, quand les agents de la Ville tendent à être diurnes. Enfin, le sympathique mammifère ne s’abrite pas toujours au même endroit. Et ne laisse pas de coquilles d’œufs derrière lui…
Des nichoirs en plus mais des arbres en moins ?
Au travers des relevés ornithologiques, c’est bien une validation de la gestion des espaces verts par la Ville que recherche Gilles Namur. Son espoir ? Que les populations d’oiseaux, victimes en campagne de l’exploitation agricole ou des pesticides, reprennent des couleurs dans les communes. « Les villes pourraient devenir un refuge pour ces animaux très adaptés, à partir du moment où on leur laisse des espaces de liberté », estime-t-il.
Outre les nichoirs, les branches d’arbres sont aussi des lieux prisés par les oiseaux. Difficile dès lors de ne pas interroger Gilles Namur sur les les polémiques autour des coupes d’arbres réalisées par la Ville de Grenoble, comme récemment à l’occasion de travaux place Victor-Hugo. De quoi faire soupirer l’adjoint à la Nature en ville : « On a un certain nombre d’arbres qui sont malades, ça se compte en centaines [sur 36 000 arbres, ndlr] qu’il a fallu ou qu’il faudra abattre. C’est juste de la gestion normale des arbres en milieu urbain ».
L’élu l’assure : les arbres abattus le sont « globalement » pour des questions de maladie ou de fragilité de l’espèce, et du danger qu’il peut dès lors représenter. « On plante énormément, pour préparer les chaleurs qui arriveront dans vingt ans », ajoute Gilles Namur. Avant de paraphraser George Sand pour conclure : « Celui qui plante un arbre en sachant qu’il ne profitera pas de son ombre a compris le sens de la vie ».
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