La Ville de Grenoble met les agents (volontaires) à contribution pour observer sa population d'oiseaux

La Ville de Grenoble met les agents (volon­taires) à contri­bu­tion pour obser­ver sa popu­la­tion d’oiseaux

La Ville de Grenoble met les agents (volon­taires) à contri­bu­tion pour obser­ver sa popu­la­tion d’oiseaux

FOCUS — La Ville de Grenoble lance des rele­vés orni­tho­lo­giques pour s’as­su­rer du bon état et du suc­cès de ses nichoirs. Avec une nou­veauté : la mis­sion est assu­rée par des agents volon­taires, for­més pour l’oc­ca­sion. Le tout dans l’es­poir de confir­mer la bonne santé des popu­la­tions d’oi­seaux sur le ter­ri­toire gre­no­blois, après une année 2020 jugée encourageante.

Mesurer l’ef­fi­ca­cité des cen­taines de nichoirs dis­po­sés sur le ter­ri­toire de la Ville de Grenoble ? Tel est l’ob­jet du lan­ce­ment des rele­vés orni­tho­lo­giques. Avec une nou­veauté : ceux-ci sont réa­li­sés par des agents (volon­taires) de la muni­ci­pa­lité, for­més pour l’oc­ca­sion. Leur mis­sion ? Repérer les nichoirs, s’as­su­rer de leur bon état, et obser­ver s’ils sont occu­pés par des oiseaux. Réparation (sauf urgence) et net­toyage sur­vien­dront dans un second temps, à l’automne.

Un nichoir parmi les feuillages, ici au parc des Berges de l'Isère. Reste à trouver un point d'observation sans effaroucher les oiseaux. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Un nichoir parmi les feuillages, ici au parc des Berges de l’Isère. Reste à trou­ver un point d’ob­ser­va­tion sans effa­rou­cher les oiseaux. © Florent Mathieu – Place Gre’net

« On observe que les endroits où les oiseaux peuvent nicher dis­pa­raissent au fur et à mesure », sou­ligne Gilles Namur, adjoint à la Nature en ville. Et l’élu de van­ter dès lors la « nou­velle manière de gérer les espaces verts » ins­ti­tuée par la muni­ci­pa­lité. Un « entre­tien natu­rel » qui limite les coupes ou les trai­te­ments. Quitte à lais­ser per­plexe quelques agents des espaces verts. « On regarde pous­ser l’herbe », résume l’un d’entre-eux auprès de Place Gre’net.

« On peut aider les oiseaux à se développer »

Pour Gilles Namur, aucun doute : l’en­tre­tien natu­rel est fac­teur de bio­di­ver­sité. Outre l’ob­ser­va­tion des oiseaux, celle des papillons est éga­le­ment révé­la­trice. Quitte à faire sou­rire les amou­reux de Pierre Desproges. « En ges­tion natu­relle, on observe beau­coup plus de varié­tés », explique Gilles Namur. Jusqu’à quatre familles dif­fé­rentes en milieu urbain… et même une ving­taine sur le site de la Bastille, ajoute Christine Simoens, agente en charge de la Biodiversité.

Christine Simoens et Gilles Namur © Florent Mathieu - Place Gre'net

Christine Simoens et Gilles Namur © Florent Mathieu – Place Gre’net

Le bilan orni­tho­lo­gique serait lui aussi réjouis­sant. En atten­dant les résul­tats des rele­vés, les don­nées col­lec­tées par la LPO montrent une aug­men­ta­tion des nichées durant l’an­née 2020. « On est impa­tient de voir ce que cela va don­ner cette année, si cela se main­tient ou non », explique encore Christine Simoens. Tant il est vrai que la période de confi­ne­ment de prin­temps 2020 a été béné­fique pour la bio­di­ver­sité sur l’en­semble du territoire.

Selon les der­nières don­nées, ajoute pour sa part Gilles Namur, 65 % des nichoirs de Grenoble auraient été inves­tis par des oiseaux. « Ça montre que ça marche, ça nous conforte dans l’i­dée que l’on peut aider les oiseaux à se déve­lop­per », juge l’élu. Des chiffres d’au­tant plus bien­ve­nus que, rap­pelle l’élu, les popu­la­tions d’oi­seaux ne cessent de dimi­nuer depuis vingt ans, comme ne cesse de l’in­di­quer la LPO.

Un pre­mier bilan des 500 nichoirs déployés ?

Les nichoirs concer­nés par les rele­vés orni­tho­lo­giques ? Ceux mis en place suite au pro­jet issu du Budget par­ti­ci­pa­tif… porté à l’é­poque par Gilles Namur. Si 500 nichoirs ont été ins­tal­lés en 2019, dif­fi­cile de savoir com­bien sont encore valides, admet le désor­mais élu. La pluie ou les dégra­da­tions ont en effet pu venir à bout de la résis­tance de cer­tains. Une chose est sûre : plu­sieurs cen­taines de nichoirs sont aujourd’­hui déployés sur la capi­tale des Alpes.

Clara Rougier, du service Nature en ville, expose leur mission aux agents volontaires pour participer aux relevés ornithologiques © Florent Mathieu - Place Gre'net

Clara Rougier, du ser­vice Nature en ville, expose leur mis­sion aux agents volon­taires pour par­ti­ci­per aux rele­vés orni­tho­lo­giques © Florent Mathieu – Place Gre’net

Peut-on déjà en voir les effets béné­fiques ? L’un des argu­ments en faveur des nichoirs était en effet la lutte contre des insectes indé­si­rables comme la pyrale du buis ou le mous­tique-tigre. De ce point de vue, dif­fi­cile de se faire une idée. La pyrale du buis est en (très) net recul, mais la ten­dance est natio­nale. Quant au mous­tique-tigre, rien n’in­dique pour le moment une baisse de son acti­vité. « Ça prend un cer­tain temps », concède Gilles Namur.

Quid des chauve-sou­ris, “vedettes” du pro­jet pré­senté au Budget par­ti­ci­pa­tif ? Là encore, le suc­cès de leurs nichoirs est plus dif­fi­cile à mesu­rer, note l’ad­joint. D’une part, ceux-ci sont dis­po­sés beau­coup plus en hau­teur. D’autre part, la chauve-sou­ris est un ani­mal noc­turne, quand les agents de la Ville tendent à être diurnes. Enfin, le sym­pa­thique mam­mi­fère ne s’a­brite pas tou­jours au même endroit. Et ne laisse pas de coquilles d’œufs der­rière lui…

Des nichoirs en plus mais des arbres en moins ?

Au tra­vers des rele­vés orni­tho­lo­giques, c’est bien une vali­da­tion de la ges­tion des espaces verts par la Ville que recherche Gilles Namur. Son espoir ? Que les popu­la­tions d’oi­seaux, vic­times en cam­pagne de l’ex­ploi­ta­tion agri­cole ou des pes­ti­cides, reprennent des cou­leurs dans les com­munes. « Les villes pour­raient deve­nir un refuge pour ces ani­maux très adap­tés, à par­tir du moment où on leur laisse des espaces de liberté », estime-t-il.

À la recherche d'un nichoir disparu © Florent Mathieu - Place Gre'net

À la recherche d’un nichoir dis­paru © Florent Mathieu – Place Gre’net

Outre les nichoirs, les branches d’arbres sont aussi des lieux pri­sés par les oiseaux. Difficile dès lors de ne pas inter­ro­ger Gilles Namur sur les les polé­miques autour des coupes d’arbres réa­li­sées par la Ville de Grenoble, comme récem­ment à l’oc­ca­sion de tra­vaux place Victor-Hugo. De quoi faire sou­pi­rer l’ad­joint à la Nature en ville : « On a un cer­tain nombre d’arbres qui sont malades, ça se compte en cen­taines [sur 36 000 arbres, ndlr] qu’il a fallu ou qu’il fau­dra abattre. C’est juste de la ges­tion nor­male des arbres en milieu urbain ».

L’élu l’as­sure : les arbres abat­tus le sont « glo­ba­le­ment » pour des ques­tions de mala­die ou de fra­gi­lité de l’es­pèce, et du dan­ger qu’il peut dès lors repré­sen­ter. « On plante énor­mé­ment, pour pré­pa­rer les cha­leurs qui arri­ve­ront dans vingt ans », ajoute Gilles Namur. Avant de para­phra­ser George Sand pour conclure : « Celui qui plante un arbre en sachant qu’il ne pro­fi­tera pas de son ombre a com­pris le sens de la vie ».

Florent Mathieu

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