EN BREF – Alors qu’à Grenoble le méga-centre d’Alpexpo tourne au ralenti, faute de patients à vacciner, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer l’élargissement de la vaccination à toute la population.
Á Grenoble, le vaccinodrome d’Alpexpo tourne au ralenti, faute de candidats à la vaccination. Depuis qu’il est passé d’une capacité de 1 000 à 2 500 injections quotidiennes, le méga-centre de vaccination de l’agglomération peine à écluser ses doses.
Résultat : en Isère, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander d’élargir la vaccination à l’ensemble de la population, au-delà des personnes aujourd’hui éligibles. Soit les plus de 60 ans, avec ou sans facteur de risque, les plus de 18 ans avec facteur de risque de forme grave et sur prescription médicale, ainsi que les professionnels de santé.
Des créneaux perdus, faute de candidats
« La notion même de vaccinodrome, c’est-à-dire de vaccination à gros volume, induit une logique d’accès massif au vaccin », souligne le professeur Jean-Luc Bosson, chef du pôle santé publique du CHU Grenoble Alpes, dans Le Dauphiné libéré. « Dès lors que l’on met en place une organisation aussi lourde, il est absurde de perdre des créneaux de vaccination comme c’est le cas actuellement. Et il serait donc normal d’ouvrir plus largement l’accès puisque nous avons les stocks. »
Même son de cloche du coté de Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble. « Ça devient absurde de refuser des vaccinations alors qu’il y a des vaccins disponibles », a‑t-il fustigé sur France Info.
Un plaidoyer que rejoint le président du Département de l’Isère. Lequel appelle le gouvernement à ouvrir la vaccination à l’ensemble de la population, après l’avoir pressé le 5 janvier dernier d’accélérer la cadence. « Nous ne sommes plus face à une pénurie de doses, mais face à une pénurie de patients au sein des publics cibles définis par les autorités », souligne Jean-Pierre Barbier (Les Républicains) dans un communiqué.
15 000 créneaux inoccupés à l’heure actuelle en Isère
« De plus en plus de doses ont du mal à trouver preneurs : 15 000 créneaux sont toujours inoccupés à l’heure actuelle en Isère, comme partout en France, constate le président du Département de l’Isère. Et de nombreux personnels de santé seraient même contraints de jeter des doses, faute de preneurs ! À côté de cela, toujours plus de personnes non prioritaires attendent avec impatience leur tour. Il devient donc absurde de fermer la porte de la vaccination à ceux qui souhaitent l’ouvrir », estime Jean-Pierre Barbier.
« En outre, dans notre département comme dans d’autres, de nombreux centres sont maintenant contraints d’aller chercher les personnes à vacciner pour ne pas gâcher de doses. C’est une aberration et un véritable casse-tête logistique », dénonce-t-il. Pour inciter les personnes éligibles à la vaccination à sauter le pas et à s’inscrire, la CPAM de l’Isère n’hésite en effet désormais plus à les appeler directement sur leur téléphone portable.
Jean Castex juge l’ouverture de la vaccination prématurée
Cette ouverture à tous de la vaccination que beaucoup revendiquent, le Premier ministre Jean Castex la juge pourtant prématurée, préférant toujours réserver la priorité aux personnes plus vulnérables. Non sans quelques couacs… Jeudi 29 avril, Alpexpo a ainsi dû faire face à un afflux massif et soudain de patients, d’après Le Dauphiné libéré. En cause ? Un message sur les réseaux sociaux annonçant, à tort, la fin des critères d’éligibilité.
Patricia Cerinsek