EN BREF – Alors que les violences vont grandissant dans l’agglomération grenobloise, le gouvernement annonce l’arrivée de 47 policiers à Grenoble d’ici septembre 2021. Une annonce accueillie avec satisfaction mais qui, pour les représentants des forces de l’ordre, ne saurait suffire.
Alors que les violences, telles que rixes en plein jour et guet-apens tendus aux policiers, se multiplient dans l’agglomération, le gouvernement vient d’annoncer le déploiement d’ici septembre 2021 de 47 policiers supplémentaires à Grenoble.
L’annonce a été faite dans le cadre du déplacement d’Emmanuel Macron et de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, sur le thème de la sécurité à Montpellier. La veille des rassemblements de policiers annoncés un peu partout en France après le verdict du procès de Viry-Châtillon. Une annonce vite relayée par la députée de l’Isère Émilie Chalas.
« Chaque jour à Grenoble, face au fléau de l’insécurité et de la violence, nos forces de l’ordre sont démunies », souligne-t-elle dans un communiqué. « Elles ne gèrent que l’urgence, au détriment de la prévention et des autres missions pourtant indispensables à la sécurité publique. Cette situation n’est plus tenable : dans ce sens, le renfort d’effectifs constitue une partie de la réponse. »
Quatorze policiers en plus en mai et 33 attendus en septembre 2021
« Je ne me résous pas à me satisfaire du « statu quo » dans un rapport de forces entre ministre et maire », poursuit la députée LREM et conseillère municipale d’opposition à la Ville de Grenoble, en référence à la passe d’armes ayant opposé Gérald Darmanin et Éric Piolle en août dernier.
Dans le détail, quatorze nouveaux policiers sont donc prévus dès le mois de mai sur la circonscription de police de Grenoble. Quatorze renforts qui avaient déjà été annoncés en septembre dernier. Trente-trois autres devraient venir les rejoindre en septembre. Quand, sur la circonscription de sécurité publique de Vienne, dix nouveaux agents sont annoncés.
Une annonce qui satisfait les représentants des forces de l’ordre… partiellement.
« Il nous faut des effectifs pour soulager nos collègues qui interviennent, que ce soit sur la voie publique ou en investigation », souligne Yannick Biancheri, le délégué du syndicat Alliance.
« Mais il faut que ça soit concomitant avec l’apport de matériels qui va avec. »
En tout, 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires sont prévus sur toute la France, dont 2 000 dès cette année. Un plan sécurité qui prévoit également plus de 30 000 réservistes et le renouvellement de la moitié du parc automobile.
« Plus d’effectif c’est bien ! Il manque du monde, se réjouit Brice Gajean pour SGP-FO. Mais il manque du monde depuis dix ans ! Là, on ne fait que combler. Et puis, sur le fond qu’est-ce qui change ? On est toujours dans la politique du chiffre. Ce que l’on veut, ce sont des directives claires et une réponse pénale. »
Eric Piolle appelle à lutter activement contre la pauvreté
Une annonce qui satisfait le maire de Grenoble Eric Piolle également. Non sans se positionner sur son nouveau terrain de jeu : le national. « La meilleure politique de prévention et de réduction des crimes commence par lutter activement contre la pauvreté comme Andy Cooke, chef de la police du comté de Merseyside en Grande-Bretagne l’écrivait récemment », souligne Eric Piolle dans un communiqué.
« Jamais la France n’a été à ce point fracturée, et les Françaises et les Français précarisés. Nous, les territoires, sommes en première ligne des solidarités, au contact quotidien des citoyennes et des citoyens. Ce gain d’effectif est une bonne nouvelle mais ne peut suffire à répondre aux défis qui tenaillent notre ville comme notre société. » (article mis à jour à 23 heures).
Patricia Cerinsek